Les élections italiennes du 4 mars traduisent un bouleversement majeur du champ politique italien. Selon les chiffres quasi définitifs, la coalition de droite recueille 37% des voix, le Mouvement 5 étoiles (M5S) 32,64% et la coalition de centre-gauche 22,85%.
C’est un réel succès pour le M5S qui s’impose comme la première force – et de loin – de la péninsule et peut raisonnablement prétendre gouverner le pays, s’il trouve des alliés pour former une majorité.
Maelstrom à droite
La coalition de droite était emmenée par l’inusable Silvio Berlusconi, 82 ans, revenu de tout sauf de lui-même. Composée de Forza Italia, le parti de l’ancien président du Conseil, mais aussi de la Lega, projection nationale de l’ancienne Ligue du Nord et d’un petit parti post-fasciste Fratelli d’Italia, héritier du MSI, c’est peu dire que l’appellation centre-droit pour cette coalition est pour le moins exagérée.
Le résultat des élections dimanche témoigne d’une réorganisation complète des rapports de forces au sein de la droite italienne. Le parti de Berlusconi, qui obtenait encore 22% aux précédentes élections de 2013, atteint péniblement les 14%, quand la Lega recueille 17,4% des suffrages contre seulement 4,08% en 2013.
Le pari de sortir de ses bastions du Nord en surfant sur la question des migrants permet donc à ce parti d’extrême droite de s’imposer comme la principale force à droite. Si l’on ajoute les 4,3% de Fratelli d’Italia, qui fait plus que doubler son score, il apparaît clairement que la coalition est nettement marquée à l’extrême droite.
Les apprentis sorciers du mode de scrutin
Pour ces élections, le mode de désignation des députés et sénateurs avait été modifié, 37% des parlementaires étant élus au scrutin uninominal à un tour, le reste à la proportionnelle.
Selon une note de la fondation Terra Nova, rédigée par Marc Lazar, le nouveau mode de scrutin « devrait avantager les partis du centre-droit bien implantés dans le Nord du pays, favoriser le Parti démocrate dans la partie centrale du pays, son grand bastion qui tend néanmoins à se lézarder, et a priori il pénalise le Mouvement 5 étoiles (M5S, Movimento 5 Stelle), qui est fort mais reste seul. »
La carte des élus du scrutin uninominal, ci-dessous, montre que les Diafoirus du centre-gauche, à l’initiative de cette modification, ont été particulièrement mal inspirés. Raz-de-marée à droite au Nord, raz-de-marée 5 étoiles au Sud et un centre-gauche réduit à presque rien. Avec 18,7% le Parti démocrate de Matteo Renzi est en chute libre. Lui si moderne, si dynamique, si aimé de la presse française s’est donc révélé pour ce qu’il est : un Hollande à l’italienne qui dissout son camp en moins d’une mandature.

carte : La Stampa
Désert de la gauche radicale
À la gauche de Renzi, rien ou presque rien. La coalition Libres et égaux, pour l’essentiel issue de scissions de gauche du Parti démocrate et emmenée par Pietro Grasso obtient 3,39% et devrait obtenir 14 sièges à la Cchambre des députés.
Pour Potere al Popolo, c’est encore pire, totalisant 1%, ce regroupement soutenu par le Parti de la refondation communiste (PRC) n’aura pas de parlementaires dans la prochaine législature. Quand on se rappelle que le Parti communiste italien comptait encore plus de 1,2 million de membres en 1990, on mesure l’ampleur de la bérézina pour la gauche radicale.
Aucune des trois forces principales en présence n’a de majorité à elle seule à la Chambre ou au Sénat. Se dirige-t-on vers de nouvelles élections après des tractations infructueuses, ou bien un accord sera-t-il finalement conclu – mais avec qui et sur quelle orientation ? Difficile à dire.
Comme dans nombre de pays, l’élection italienne donne un nouvel exemple de ce qu’est la force du "dégagisme" en Europe. Mais le résultat de ce scrutin montre aussi que dégager les sortants n’est pas toujours synonyme de fin du "vieux monde". La poussée et la vitalité de l’extrême droite en Italie montrent au contraire qu’un très, très vieux monde, rance et inquiétant, refait surface.
La gauche radicale doit faire de l’entrisme dans le mouvement 5 étoiles c’est la seule solution.
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