Nous n’existons pas. Dans leurs programmes.
Ceux des candidats à cette
sacro-sainte élection présidentielle.
À quelques jours du scrutin tant attendu, nous
n’existons toujours pas. Par exemple, François
Hollande ne tient pas à ce que les quartiers populaires
soient une priorité nationale. En visite
au ministère de la Crise des banlieues, monté
à l’arrache par les camarades d’AC le feu, le
socialiste s’est contenté de répéter comme
un slameur, qu’aucun territoire ne devait être
délaissé. Finissant tout de même par concéder
un énième Grenelle des banlieues… Et on sait
à quoi aboutissent les « Grenelle » des années
2000… Comme les plans Marshall. Celui de Nicolas
Sarkozy en 2007 était une carotte. Cette
année, il promet de « concentrer son intervention
sur les communes les plus défavorisées
et disposant des moyens les plus faibles », un
objectif que s’était déjà fixé dans le vent Fadela
Amara, ex-Ni putes ni noumises, ni secrétaire
d’État. Nous n’existons pas. Ou alors si, dans
leurs invectives ou leurs arguments électoraux.
Nous sommes des problèmes, des assistés ou
comme l’a dit Marine Le Pen, « des hordes de
barbares qui polluent les cités », ou pire encore,
dans la veine patriarcale, « des gosses de banlieue
» qui, selon le président candidat, « bénéficient
de l’argent de tous les Français ». Les
surprises pourraient-elles venir des autres candidats,
ceux que les sondages ne mettent pas
dans le trio de tête ? Elle viendra à coup sûr de
nos bulletins de vote. Vite, la « revote » sociale !
Celle qui crie : nous existons.
« Manifester, voter, pour exister » Yaelle, Quartiers Nord de Marseille (13).
QUARTIERS LIBRES, la chronique de Raphäl Yem.