Au lieu de courir après la croissance ou de chercher une nouvelle recette keynésienne, l’auteur de Coopératives contre le capitalisme propose une utopie concrète : l’entreprise sans patron. Le propos de ce court et vif essai ne relève pas de l’intention romantique éthérée : il repose sur l’expérience en marche des Scop et sur une analyse économique étayée et argumentée.
Benoit Borrits nous emmène d’abord sur le chemin des Fralib, de la Fontanille Scop en Haute-Loire, à Hélio-Corbeil en Essonne, et même en Grèce ou en Italie. L’auteur relève que le motif de la création d’une coopérative est souvent défensif : il s’agit au départ de sauver son entreprise, son emploi. Mais le résultat est là : ça marche !
L’ouvrage propose ensuite une analyse macro-économique pour démontrer que ces salariés audacieux sont porteurs d’une stratégie alternative pertinente à petite et grande échelle. En jeu : le bouleversement de la répartition de la valeur ajoutée au profit des salaires. Cette attaque de plein fouet de la logique du profit percute aussi certaines réponses politiques "classiques" de gauche fondées sur l’intervention de l’État.
Benoît Borrits trace enfin les grandes lignes d’une politique publique de transition vers ce nouveau modèle de société. Un programme en forme de plaidoyer pour une véritable démocratie économique. L’auteur propose de remplacer « les sociétés de capitaux par les entreprises démocratiques ». Et interpelle avec enthousiasme : si la gauche radicale ne le fait pas, qui le fera ?