Initialement, La fête est finie est le titre d’un livre. Accessible en ligne, l’ouvrage signé par un collectif constitue une critique en règle de Lille 2004. Car ce que portait insidieusement le dispositif de "capitale européenne de la culture" pour la métropole lilloise était aussi une entreprise de domestication et de pacification à marche forcée, ayant pour corollaire l’exclusion des classes populaires du centre-ville.
C’est ce processus de gentrification propre au pendant marseillais du dispositif, cette « forme particulière d’embourgeoisement qui concerne les quartiers populaires et passe par la transformation de l’habitat, voire de l’espace public et des commerces » [1] que Nicolas Burlaud capte dans son film. Se baladant à travers différentes étapes de l’année 2013 et au-delà, le documentaire dessine les enjeux d’une telle manifestation : faire de Marseille une métropole urbaine d’envergure en reléguant les classes populaires loin de son centre.
Assimilant la fête perpétuelle à la figure du cheval de Troie, épisode majeur de L’Odyssée d’Homère, Nicolas Burlaud offre par cette échappée mythologique un regard de biais. Après une introduction formellement diffractée (pouvant rappeler les procédés mis en œuvre par Arnaud Des Pallières dans Disneyland, mon vieux pays natal), le film chemine plus classiquement en suivant de façon directe les grands rendez-vous festifs comme les petits gestes de résistance. Au plus près, sans didactisme ni position de surplomb, La Fête est finie brosse le portrait d’une ville et des tensions qui s’y nouent tout en mettant au jour l’instrumentalisation de la culture par les pouvoirs politiques.
En 2013, Regards a consacré un dossier à Marseille.