L’audace de la conservatrice du musée de Dunkerque aura été de donner la liberté à un philosophe, Jean Attali (et non Jacques) de concevoir un parcours singulier dans les collections du musée de Dunkerque et d’ailleurs. Et la rigueur du philosophe s’est entichée de la sensibilité d’un compositeur, Mathieu Jules Chauvin, et d’autres artistes pour nous emmener au large.
Tout partirait de la force d’une vague, non pas celle d’Hokusai, mais celle de Courbet. À moins que ce ne soit de la sculpture La jeune fille à la coquille de Jean-Baptiste Carpeau ou d’une hélice à requin de Papouasie. Il ne serait pas tant question d’histoire, de courants esthétiques ou de pédagogie, que d’explorer, de ressentir, de s’émouvoir. À moins que ce ne soit une évocation des échanges entre les hommes, par-delà les mers et les frontières, qu’ils soient marqués par la curiosité, par des liens commerciaux, par la solidarité ou des rapports de force.
La mer, de tout temps, est l’objet de fascination et de fantasmes. Le rêveur, le poète, le lecteur, le colonisateur, le commerçant, le navigateur… Chacun développe un rapport intime et unique à cet infini miroir d’eau. L’exposition Retours de mer nous conte une histoire de l’Occident avec le monde, de l’Océanie aux Amériques, du Maghreb au Groenland, de l’Afrique de l’Ouest au Moyen-Orient et à l’Asie du Sud-Est. Véritable création muséographique, elle fait dialoguer des œuvres d’art d’époque et des objets rapportés des rivages lointains, en croisant les genres et les époques.