Voici le feuilleton d’une action
citoyenne qui depuis plus de
quatre ans fait trembler toute
la Françafrique. Les Biens mal
acquis (BMA), ce sont ces
hôtels particuliers des beaux
quartiers parisiens, ces villas
sur la Côte d’Azur, ces voitures
de luxe appartenant à quelques
dirigeants ouest-africains et leur
famille. Des fortunes amassées
« sur le dos de leurs peuples ».
On savait. Mais sans disposer
d’éléments suffisamment solides
pour dévoiler l’origine des fonds ayant permis de constituer ces
magots indécents. La plainte déposée à Paris en mars 2007, deux
mois avant l’élection de Nicolas Sarkozy, par les ONG Sherpa et
Survie et quelques citoyens congolais a donc fait bien plus que jeter
un pavé dans le marigot. Visant plusieurs chefs d’État africains, au
premier rang desquels feu Omar Bongo (Gabon), Denis Sassou
N’guesso (Congo) et Teodoro Obiang Nguema (Guinée Équatoriale)
pour « recel de détournement de fonds publics », elle est classée
sans suite en novembre suivant. Mais la brèche est ouverte :
malgré d’innombrables entraves, une nouvelle saisie de la justice
française a lieu en juillet 2008 ; et en novembre 2010, la Cour de
cassation autorise enfin l’ouverture d’une enquête.
Depuis, beaucoup de crocodiles claquent des dents, et pas seulement
à Libreville… Car les enquêteurs vont désormais devoir répondre
à cette question : d’où provient l’argent qui, par exemple, a
permis ces dernières années au fils du président guinéen d’acquérir
une villa de 35 millions de dollars en Californie, une demeure de
6 000 m2 avenue Foch, un jet privé et une tripotée de Ferrari, Buggati,
Aston Martin, Porsche, etc. ? C’est sur la spectaculaire saisie
par la police française, fin septembre dernier à Paris, de ces petits
bolides que débute l’ouvrage de Xavier Harel et Thomas Hofnung.
Deux journalistes pour qui l’affaire des BMA pourrait bien vite rivaliser,
dans ses implications politiques, avec celle d’Elf.