François Hollande a décidé de s’engager dans la voie de frappes aériennes contre l’État islamique, quand il en refusait l’éventualité il y a quelques mois. Deux raisons sont données pour ce revirement : « C’est Daech qui fait fuir, par les massacres qu’il commet, des milliers de familles », et « c’est depuis la Syrie, nous en avons la preuve, que sont organisées des attaques contre plusieurs pays, et notamment le nôtre ».
En fait, la nouvelle option présidentielle est le résultat de plusieurs données internes et externes. Elle s’intègre dans un environnement qui, depuis au moins septembre 2001, est celui du monde occidental. Depuis les attentats du World Trade Center, la notion dominante est en effet celle de "guerre contre le terrorisme". Lancée à l’époque par l’administration Bush, elle est devenue une option internationale qui comprend deux volets indissociables. D’un côté, se trouve la logique proprement militaire, qui repose avant tout sur la pratique du "zéro mort" pour les Occidentaux et donc des "frappes ciblées" et des drones pour les populations du proche et Moyen-Orient. De l’autre côté, une pratique de prévention et de contrôle, qui passe par l’extension des activités de renseignement et, s’il le faut, une législation qui vise à frapper par avance les terroristes potentiels.
Le totem de l’ordre
Après d’autres, la France a connu la récente loi sur le renseignement, votée dans la foulée de l’émotion "Charlie" de janvier dernier. Elle a pratiqué les engagements militaires dans sa "zone privilégiée" d’Afrique. Elle étend désormais son action vers le Proche-Orient, en rupture définitive avec la logique prudente exprimée par de Villepin en 2003.
Cette logique est dangereuse. Officiellement, elle se limite à l’action aérienne mais on sait, par expérience, que la frappe enclenche une logique militaire dont on ne peut exclure l’extension jusqu’à l’action au sol. Elle est d’autant plus dangereuse qu’elle est cohérente. Elle rappelle en fait celle dans laquelle Tony Blair a entraîné le Royaume-Uni au moment de l’affaire irakienne. Tony Blair avait poussé le travaillisme à abandonner tout projet ne serait-ce que de redistribution égalitaire, au profit d’une intériorisation de toutes les contraintes supposées de la "mondialisation". François Hollande et Manuel Valls ont décidé que c’était désormais leur option stratégique et que rien ne les en détournerait.
Ce choix a des conséquences économico-sociales que l’on connaît. Il a aussi des conséquences diplomatiques, sous la forme d’un engagement plus conséquent dans le bloc atlantique occidental, d’une volonté d’installer la France économiquement fragilisée en puissance militaire reconnue. À l’Allemagne le dynamisme économique, à la France la force de frappe militaire… L’État laisse la primauté à l’économie, en échange d’une fonction régalienne confirmée. L’inégalité étant indépassable, le seul horizon est celui de "l’ordre juste" : il a sa dimension intérieure ; il a son volet extérieur. L’ordre est le totem de la droite. Le socialisme au pouvoir, pense pouvoir le lui disputer. Redoutable illusion…
L’oubli des causes de la déstabilisation
Le choix présidentiel relève donc d’une cohérence qui va bien au-delà de la question de Daech ou de celle des réfugiés. Elle repose sur l’oubli des causes structurelles profondes de la déstabilisation de nombreuses régions du globe, notamment en Afrique et au Proche-Orient. Les inégalités et le ressentiment qui en découlent étant inexorables, il n’y a pas d’autre solution que d’en maîtriser les effets par l’usage d’une force technologique supérieure et d’une combativité nourrie par le sentiment populaire du danger. Peu importe alors la caractérisation même dudit danger : défense des droits de l’homme, défense des valeurs libérales de l’Occident, défense des racines chrétiennes ou, plus simplement, désir de "rester maître chez soi".
Or cette logique est désastreuse à plus d’un titre. Sur le plan international, elle ajoute du ressentiment à de la frustration, elle produit davantage de désordre que d’ordre. Culturellement, elle tourne le dos à la tradition pacifiste d’une gauche qui sait, depuis Jaurès, que le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage. La logique guerrière est censée installer François Hollande en grand homme d’État, dans la perspective de la redoutable présidentielle de 2017. En réalité, elle légitime la droite, dans sa variante la plus radicale, et, au contraire, elle désarme la gauche.
Si logique il y a, il faut la combattre, la défaire et lui substituer une autre logique de développement, une autre conception de l’équilibre social. Face au fanatisme, la réponse n’est pas celle de la guerre mais celle de la justice ; elle n’est pas celle de l’identité à défendre mais de l’égalité à promouvoir.
Partout et dans tous les domaines.
"elle légitime la droite, dans sa variante la plus radicale ??"
Vous parlez sans doute de la droite radicale de l’UMP ! Mais tout l’UMP a toujours été va t en guerre comme le PS
Car le FN a toujours été le seul parti contre toutes les guerres au proche orient et contre l’aide militaire apportée aux opposants en Syrie et en Lybie. Enfin seul avec le FG et l’extrême gauche.
Hollande c’est le pompiers pyromane. Il essai d’éteindre le feu qu’il a lui même allumé. Lui et tout le club des comploteurs dont il fait partie.
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