Du 23 mars au 4 avril 1871, Marseille aussi a eu sa commune. Des jalons avaient été posés dans la ville portuaire en août et novembre 1870, mais c’est bien au cours de ces deux semaines de printemps que les communards marseillais menèrent l’insurrection. Dans la foulée de la Commune de Paris mais avec une longévité moindre - à Paris, la Commune sera vaincue le 28 mai 1871. Co-édité par l’association Provence Mémoire et Monde ouvrier (Promemo), cet ouvrage compile des textes produits autour de cette séquence historique méconnue qui furent rassemblés à l’occasion d’un colloque en novembre 2011. Récits historiques circonstanciés, portraits de communards, reproduction d’affiches, de tract et d’appels. On y lira une série d’articles (« Esquisse pour une histoire de la commune de Marseille ») que Jean-Claude Izzo publia à l’occasion du centenaire en 1971 dans les colonnes de la Marseillaise.
Au-delà du cas marseillais, ce livre aborde divers « aspects du mouvement communaliste dans le Midi », avec, par exemple des éclairages sur « l’expression occitane et la Commune de Marseille » et sur les évènements survenus dans le Var et à Bordeaux.
Spécificité maritime oblige, à Marseille c’est « appuyée de trois navires de guerre » que l’armée investit le centre-ville pour mettre fin à l’aventure le 4 avril. Plus de 7 mois plus tard, l’un des principaux cadres du mouvement communard, le républicain radical Gaston Crémieux était exécuté au pied du Pharo, « une des hontes ineffaçables de la répression antipopulaire après le printemps 1871 », écrit Izzo.
Un livre d’histoire à mettre dans les mains de ceux qui oublient parfois un peu vite que tout, dans ce pays, ne se passe pas à Paris.
Autour de la Commune de Marseille - Aspects du mouvement communaliste dans le Midi (août 1870 - avril 1871) , sous la direction de Gérard Leidet et Colette Drogoz, éd. Syllepse (et Promemo), 244 pages, 15 euros.