Deux coups de couteau, le premier dans le cœur, le second dans l’abdomen. Pavlos Fyssas, 34 ans, antifasciste et rappeur connu sous le pseudo Killah P, est décédé des suites de ses blessures à l’hôpital athénien Nikaia, dans la nuit de mardi 17 à mercredi 18 septembre.
Rixe ou embuscade ?
La scène du crime se déroule suite au match de Ligue des champions opposant le club Olympiakos au PSG. Le stade de foot est situé au Pirée, un quartier d’Athènes où Aube Dorée a récolté de nombreuses voix aux élections de juin 2012, lors desquelles le parti néonazi a obtenu 18 sièges au Parlement. Et les ultras d’Olympiakos ont la réputation d’être des recrues faciles du parti au méandre grec. Pourtant, sur place, les témoins oculaires évoquent plus une embuscade qu’une rixe entre hooligans.
Vers minuit, Pavlos, sa petite amie et un autre couple marchent rue P. Tsaldari, lorsque 15 à 20 jeunes vêtus de T-shirt noirs et de pantalons militaires s’en prennent verbalement au rappeur. Au croisement de la rue, dix autres jeunes en noir les arrêtent. Là, une voiture surgit d’une ruelle d’où Georgios Roupakias, 45 ans, sort et poignarde le jeune antifasciste. Selon le site d’information Tvxs.gr, Roupakias était payé par Aube Dorée pour organiser des ratonnades anti-immigrés. « Le professionnalisme avec lequel il a tué le pauvre Fyssas montre qu’il possédait de l’expérience dans l’usage du couteau », souligne le site d’information. Le quarantenaire a tout de suite reconnu être l’auteur du crime et un membre du parti Aube Dorée.
Aube Dorée pris d’assaut
La mort de Pavlos Fyssas a eu le même effet explosif que celle du jeune Alexis Grigoropoulos, tué à bout portant le 6 décembre 2008 par un policier dans le quartier anarchiste d’Exarchia. Des émeutes massives s’étaient alors déclenchées dans tout le pays et Killah P avait dédié une chanson à la victime. Ce mercredi, c’est pour venger sa mort que des regroupements antifascistes sont organisés dans plus d’une vingtaine de villes grecques. Un appel national qui se mêle à la grève des fonctionnaires contre la suppression de 4000 postes dans la fonction publique et la mutation de 25 000 fonctionnaires, en l’échange d’un nouveau prêt de la Troïka. A Chania, en Crête, les antifascistes s’en sont pris au siège d’Aube Dorée, à coups de pierres et de cocktails Molotov. Idem à Patras, où le siège est au cœur d’un affrontement entre policiers et antifascistes.
Un tournant à vérifier dans les urnes
« C’est un tournant, Aube Dorée était en train de grimper dans les sondages et là, pour la première fois, toute la population a dénoncé la violence du parti. Ils avaient déjà tué des migrants de la même façon, mais la réaction n’avait jamais été aussi forte contre leurs pratiques », analyse Antonis Vradis, jeune géographe grec à la London School of Economics, qui suit de près le mouvement antifasciste grec.
Au-delà du mouvement antifasciste, toute la classe politique grecque semble avoir pris la mesure de l’évènement : « Les gens pensent qu’Aube Dorée va être interdit, c’est ce qu’a déclaré le ministre de l’Ordre Public. Même Antonis Samaras (le Premier ministre et membre du parti conservateur Nouvelle Démocratie, ndlr) a dénoncé le meurtre. En réalité, il a été poussé par la réaction d’un député, qui l’a traité de minable car il ne s’était toujours prononcé. Finalement, il a déclaré qu’Aube Dorée était une organisation qui sème la terreur », explique Servane, une jeune antifasciste qui a lâché ses vacances dans les îles pour rejoindre le regroupement qui a lieu ce mercredi soir à 18h à Athènes, sur les lieux du crime.
Reste à savoir si la dénonciation de la violence utilisée par le parti néonazi se vérifiera dans les urnes. Aujourd’hui en deuxième place dans les intentions de vote, le parti d’extrême droite, s’il n’est pas interdit d’ici là, pourrait voir son expansion freinée lors des élections régionales et européennes de 2014.
Et en même temps, triste constatation, l’assassinat d’un "blanc" fait plus de vagues, à lui seul, que des dizaines, des centaines d’assassinats de pauvres gens, basanés, SDF, migrants et autres.
Du coup, je n’ai guère aimé le titre. Qu’est-ce qu’il a, le sang grec ? Il est plus rouge que les autres ? Il tache davantage le pavé ?
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