
La Route de Cormac McCarthy est le modèle de ce livre : un homme et son fils au milieu d’un paysage d’apocalypse.
Bon, la Lorraine, ce n’est pas encore ça, même si le nom de Florange flotte désormais comme l’étendard de la trahison des élites, et même si, comme le constate Denis Robert, ici tout le monde a peur de l’avenir.
Le bassin minier est en déshérence, la terre un gruyère qui çà et là s’effondre, et pour destinée économique de la région sinistrée, les politiques n’ont trouvé que le tourisme et la muséification.
« Après le musée du charbon, après le haut fourneau enguirlandé d’Uckange, les pouvoirs publics, poussés par des associations d’anciens mineurs et de nostalgiques de la sidérurgie, ont ouvert à Knuckange un musée du fer. On dépense beaucoup d’argent pour édifier des temples à ces souvenirs de plein-emploi. Quel aveuglement nous pousse à déifier ce passé plutôt qu’à inventer l’avenir ? » se demande Denis Robert.
On a construit une extension de Beaubourg à Metz, mais dont « la fréquentation baisse à mesure que les toiles de Miro, de Picasso, de Dubuffet ou de Bacon retournent à Paris, pour nous laisser Buren ou Sol Lewitt », note perfidement l’auteur. Et on découvrira qu’il existe même en Lorraine « une montagne à singes » où deux cents macaques importés du Maroc dans les années 70 se sont adaptés à la rigueur de l’hiver vosgien.
C’est donc un livre de crise. Economique, cela va de soi, mais aussi de crise personnelle. Après dix ans de procédure, Denis Robert a gagné tous ses procès dans l’affaire Clearstream, la Cour de cassation ayant estimé que son travail était sérieux et servait l’intérêt général. Mais qu’est-ce que ça change, au blanchiment d’argent, aux paradis fiscaux, à l’ingénierie financière ? On apprendra ici que le candidat Hollande avait demandé une note sur le sujet à Denis Robert. Où est-elle passée ?
A la fin de son livre, Robert signale peut-être le plus important : « Lacan était très critique à l’égard du capitalisme mais il se refusait à le commenter sous peine de le voir se renforcer ». Suivi d’une phrase signée Annie Le Brun : « Il n’y a pas de dévoilement qui ne serve à renforcer un revoilement. »
Restent alors les hommes. « Je me demande si Jean-François Coppé, Laurent Wauquiez ou François Hollande pensent à la mort, au temps qu’il leur reste pour arrêter de mentir. » Le genre de phrases qu’on lit en craignant que la réponse soit déjà dans la question.
Vue imprenable sur la folie du monde, de Denis Robert, Les Arènes, 280 pages, 21 euros.
,Denis à fait un super boulot,AUX POLITIQUES DE FAIRE LE LEUR !!
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