En 1982 et 2005, deux rapports commis par des cadres du pouvoir institutionnel israélien ont dénoncé le déni de la loi israélienne dans les territoires occupés, mis en cause la poursuite de la colonisation et pointé le rôle grandissant des colons dans la politique du pays. A vingt-trois ans d’écart, les deux auteures de ces rapports ont eu la même destinée : démission forcée et rapprochement des organisations de défense des droits humains. Israël ne veut pas entendre, et les écartent, ses propres vigies, ces « traîtres » de l’intérieur qui condamnent les dérives de l’occupation. « La majorité de nos compatriotes sait que la situation actuelle mène non pas vers une coexistence de deux Etats mais, à long terme, soit vers une situation coloniale qui ne dit pas son nom, soit vers un Etat binational en guerre civile permanente. Tout le monde sait également que le conflit reste une source de malheurs sans fin. Mais mettre un terme à l’occupation et à la colonisation exige que l’on accepte l’affrontement nécessairement violent avec les colons. Menacés d’une guerre civile, les Israéliens préfèrent encore combattre les Palestiniens. », écrit l’universitaire Zeev Sternhell dans sa préface.
Une préface, précisons-le d’emblée, dont on n’est pas obligé de partager tous les énoncés. Notamment celui concernant le nécessaire « abandon de leur [les Palestiniens] revendication majeure : le retour en Israël des réfugiés de 1948-1949. » Rappelons donc que les Palestiniens ne revendiquent pas un quelconque « retour en Israël des réfugiés » mais bien la reconnaissance pleine et entière du « Droit au retour » de plusieurs millions de réfugiés (leurs descendants compris) sur leur terre natale dont ils ont été expulsé par la force. La notion de « réfugié palestinien » est très précisément définie par les Nations Unies. Et la résolution 194 adoptée en décembre 1948 par l’Assemblée générale de l’Onu a validé ce Droit au retour dont Israël ne veut pas entendre parler. Et pour en finir avec cette préface, on se gardera bien de faire porter sur les seules épaules de la « droite dure israélienne » la responsabilité de l’occupation des territoires et de la répression qui l’accompagne. Elle est bien entendu en tête de file. Mais de Rabin à Barak en passant par Péres, les travaillistes y ont très largement pris leur part.
Ces précisions faites, on recommandera sans réticences aucune la lecture de cet ouvrage, une compilation de 145 témoignages de soldat-e-s israélien-ne-s ayant servis dans les territoires palestiniens entre 2000 et 2010. Des bouts de récit « recueillis par des vétérans de l’armée et vérifiés » ; le travail de Breaking the silence, une Ong fondée en 2004 rassemblant d’anciens soldats de l’armée israélienne (« Tsahal »). Le livre est scindé en 4 parties qui correspondent à un découpage fréquemment utilisé par les médias, politiques mais aussi militaires israéliens pour parler de la politique menée dans les territoires : « prévention », « séparation », « trame de vie » et « application de la loi ». Des termes qui « donnent une représentation partielle, voire distordue, des politiques qu’ils incarnent » estiment les auteurs dont tout le travail a été de s’approprier cette sémantique pour y injecter du contenu réel. Objectif atteint. Le livre noir de l’occupation israélienne donne à voir la présence militaire dans tous ses replis et interstices, de la manière la plus brut qui soit. A tel point que le bouquin peut parfois tomber des mains... Passage à tabac d’hommes entravés, terreur de nuit dans les villages, destruction de maison sous les yeux d’une femme en pleur et de ses enfants ; « élimination directe » virant au tir au pigeon sanglant ; arrestation et brutalités gratuites sur des enfants... Comme le dit la quatrième de couv’, « dans les territoires occupés de Palestine, l’insupportable est devenu banal ». Une dérive encouragée et couverte par les plus hauts responsables politiques du pays.
A lire ces récits, on se dit qu’une société capable de produire une telle violence tout en continuant à se penser sincèrement comme une démocratie exemplaire est en réalité gravement malade. Et que ces soldats qui franchissent le pas en racontant ce qu’ils ont vu, vécu ou fait dans les Territoires sont (avec d’autres, Israël ne manque pas de Justes) l’honneur de ce pays.
je suis en possesion du livre !!!et je voudrai dire combien je compati,avec ses soldats qui ont eu le courage de dire.je suis sure que sela doit etre pour eux,source de denigrement !!!!de la part de leur compatriotte.mème si l’on savez,et pour avoir vue l’ors dun voyage (pelerinage )on et outrè,de la gratuitè des sevices ?israel reveille toi !!!!!
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