Regards.fr. Quelle est la raison d’être des Y’a Bon Awards ?
Bader Lejmi. L’idée des Y’a Bon Awards est de responsabiliser les médias et les personnalités publiques sur l’impact des préjugés racistes qu’ils peuvent diffuser. À force de véhiculer ces préjugés, le racisme ordinaire se banalise, il gagne du terrain.
Cette année, le thème des Y’a Bon Awards s’est inspiré d’une phrase d’Aimé Césaire « L’heure de nous-mêmes a sonné. » Le combat contre le racisme n’est pas le combat d’une seule soirée, c’est un engagement quotidien. L’idée est aussi de mettre la lumière sur les initiatives positives de lutte contre les préjugés racistes initiées par les associations partenaires des Indivisibles. Nous ne voulons pas nous cantonner au seul registre de la dénonciation. Hormis la remise des trophées, des invités et des sketchs rythmeront la cérémonie.
Les Y’A Bon Awards dénonce le racisme. Une actualité tragique donne une résonnance particulière à la cérémonie : Clément Méric, un jeune militant antiraciste a été tué par des skinheads.
Clément était ami avec l’un des membres du jury. Et nous l’avions rencontré au cours d’une manifestation. Nous auront forcément un mot pour lui, mais il ne s’agit surtout pas de sombrer dans la récupération de ce drame.
Pour préparer la cérémonie, vous avez collecté les déclarations racistes tenues tout au long de l’année 2012. Dans un contexte d’extrême-droitisation, avez-vous constaté une inflation de propos racistes ?
Non, il y a une constante. Nous en avons recensé une centaine de déclarations et, après débat, retenu la trentaine qui fait consensus. Nous avons choisi celles qui délivrent un message et qui éclairent sur la personnalité de leur auteur. L’idée est également de n’oublier aucune victime car le racisme n’est pas uniforme. Nous constatons toutefois que les propos islamophobes explosent et figurent dans 80 % des déclarations recensées.
Chaque année, les catégories changent, pouvez-vous nous en donner un aperçu ?
Nous préférons jouer la surprise. Ce que je peux simplement vous dire c’est qu’il y a six catégories. Parmi elle, la classique « pour l’ensemble de son œuvre » et une création « au bon vieux temps des colonies ». Les 18 membres du jury sont en train de délibérer.