« Plus de deux cents bus réservés » dans toute la métropole par « plus de 3.000 groupes de soutien », deux heures d’émission Youtube au format TV animées par l’ex-journaliste d’I-télé Guillaume Tatu – en la présence de Natacha Polony et Juan Branco, un investissement médiatique intense... Nombreux sont les moyens mis en œuvre par les dirigeants de la France insoumise (FI) et leurs alliés politiques afin de réaliser une « démonstration de force » à l’échelle nationale, ce samedi 18 mars.
De Bastille à (la VIe) République
« Nous ne souhaitons pas que cela soit la marche d’un parti ou d’un mouvement, mais celle d’une revendication : l’établissement d’une VIe République. » Les mots sont du directeur de campagne Manuel Bompard, et expliquent le cadre hautement symbolique choisi par les dirigeants de la France Insoumise. Cet « événement révolutionnaire », dixit Jean-Luc Mélenchon, fixé à la date-anniversaire de l’insurrection de la Commune de Paris et fruit d’un « art du combat », se place à la fois en continuité et en rupture avec ses prédécesseurs.
La marche du 18 mars 2012 avait vu le cortège se diriger de la place de la Nation – symbole de « tout le monde » – vers celle de la Bastille – « là où l’on abat l’Ancien Régime ». Cinq ans plus tard vient l’heure de la « construction positive », le « début d’un processus constituant ». Les participants se déplaceront de la place de la Bastille à celle de la République : c’est désormais « la marche symbolique du peuple organisé vers la VIe République », selon l’expression de Bastien Lachaud, responsable des événements de la France Insoumise.
Plus concrètement, Leila Chaibi, oratrice du mouvement, observe : « Cette marche est prévue depuis plusieurs mois, mais elle n’aurait pas pu mieux tomber que dans le contexte politique du moment. Le 14 mars, François Fillon est mis en examen, le 18 a lieu notre marche... Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont aussi visés par des enquêtes. Si l’on ajoute à cela les promesses de changement non-tenues par François Hollande, beaucoup de gens se sentent désillusionnés par la Ve République ». Dans ces circonstances, « beaucoup plus qu’en 2012, cela a du sens de demander une VIe République. Une République qui soit vraiment démocratique, dans laquelle il ne soit plus possible de se présenter lorsqu’on est mis en examen, ou d’être élu puis de ne pas respecter son programme ».
La France indécise avec la France insoumise ?
La "Marche pour la VIe République" constitue surtout une étape cruciale de la campagne de la France Insoumise, à l’heure où les prédictions sondagières se montrent peu favorables à son candidat, mais où l’électorat paraît encore très indécis. L’objectif : brasser large en transformant, chez les non-convaincus, un "simple" rejet du système en adhésion à la campagne de la FI. Une stratégie dans la lignée du discours pratiqué depuis plus d’un an, celui d’un "populisme de gauche" théorisé notamment par Chantal Mouffe.
À la tribune, le seul JLM s’exprimera donc, entre trente et quarante minutes, quand « les autres responsables politiques qui participent de la dynamique de la campagne prendront la parole sous format vidéo ». Leila Chaibi appuie cette décision : « Le but de notre démarche n’est pas d’additionner tous les bouts de la gauche, ce qui de toute façon ne suffit pas à atteindre le deuxième tour. Nous voulons aussi nous adresser à tous les gens hors de ce cadre, qui se demandent encore ce qu’ils vont voter le 23 avril, ou qui se disent que ça ne vaut même pas le coup de se déplacer, mais qui en tout cas sont dégoutés par le quinquennat de Hollande ». La France indécise grossira-t-elle les rangs de la France insoumise ? Conséquence peut-être, du côté du mouvement social, pas de trace d’appel à participer de la part de Nuit debout et surtout de la CGT, absente de marque de la campagne de la FI qui préfère promouvoir la Marche pour la justice et la dignité, programmée le lendemain.
À l’opposé, la prévalence pour le « côté festif » et le « renforcement de la dimension populaire » de la Marche des "’insoumis" se concrétisera par la mise en avant d’acteurs de la "société civile", au travers de lectures de textes par diverses personnalités (François Ruffin, David Miller, Jacques Weber…), mais aussi d’ « animations musicales » (Agnes Bihl, Kid Wise, Macadam Bazar…), avant et après la prise de parole de Jean-Luc Mélenchon.
Pour qu’une nouvelle campagne commence
Auparavant, la marche Bastille-République se sera articulée en "cortèges thématiques" correspondant aux divers chapitres du programme de la FI, L’avenir en commun. Une façon d’acter l’entrée dans une « campagne éclair », au lendemain de la publication de la liste définitive des candidatures à la présidentielle par le Conseil constitutionnel. L’occasion, aussi, d’imposer un débat d’idées éclipsé jusque-là par les affaires judiciaires.
Le PCF, dont « les fédérations travaillent » également « à ce qu’il ait du monde samedi », partage, par la voix d’Emilie Le Croq, la volonté de « prendre toutes les initiatives possibles pour que la campagne présidentielle puisse enfin avoir en son cœur un débat d’idées ». Et dans ce cadre, « des dizaines de milliers de citoyens vont s’intéresser à la campagne », souligne Manuel Bompard. « On va essayer les convaincre un par un (…) afin d’être présents au deuxième tour des élections ».
L’optimisme quant à l’affluence est de mise. « On espère faire [de cette marche] le plus grand rassemblement populaire de la campagne », affirmait ce mardi Manuel Bompard en conférence de presse, précisant que la place de la République peut accueillir entre 58.000 et 110.000 personnes. « Si la place est pleine, nous serons satisfaits ». Pour Leila Chaibi. « L’idée n’est pas de se retrouver entre convaincus, mais d’aller chercher au-delà des appareils. Il faudra voir qui compose les rangs des manifestants, si c’est seulement ceux que l’on croise d’habitude dans les manifs, ou bien aussi des gens qui sont venus spontanément pour réclamer une VIe République ». Pour l’observation et les bilans provisoires, rendez-vous ce samedi 18 mars aux alentours de 14 heures place de la Bastille… direction République.
"Maurice" : encore un de ces troll qui polluent ce site.
Répondre