Les évangélistes du marché et autres apôtres de la soumission montent en chaire tous les jours pour délivrer leurs homélies médiatiques. Beaucoup sont plus connus que Vincent Giret, journaliste économique du Monde qui intervient dans la matinale de France Info, mais peu sont aussi symptomatiques d’une doxa qu’il serait facile de démonter en direct si on lui opposait un tant soit peu de contradiction.
Faute de quoi, lui et ses semblables peuvent psalmodier leurs mantras et les présenter comme la seule "réalité" qui vaille, la seule vérité disponible dans le débat public. Leur discours bénéficie de l’infaillibilité des textes sacrés, le crédit qu’on leur accorde est celui des "experts" qui condescendent à nous délivrer la bonne parole (et dieu sait que les écritures sont confuses, sans l’intercession des ministres du culte). Écoutez avec quelle onction, quelle bienveillance ils parlent à leurs ouailles.
L’idéologie, c’est les autres
C’est donc dans un confort maximum et en toute bonne conscience qu’ils peuvent faire l’office : leurs énormités, leurs contresens, leurs travestissements et leurs omissions, aussi grossiers soient-ils, passent comme lettre à la Poste (avant l’ouverture à la concurrence). Dans un monde qui rendrait un minimum justice au débat contradictoire, à l’examen critique des arguments, jamais la chronique de Vincent Giret ne pourrait s’appeler "décryptage". Au mieux, on la baptiserait "opinion", "tribune", voire "sermon".
Mais voilà, quand on est assis du côté de l’opinion dominante, l’idéologie, c’est toujours les autres. Vincent Giret le dit d’ailleurs en introduction de la chronique en question : « Tentons de nous situer au-delà de vieilles querelles idéologiques ». Car l’expert plane au-dessus des contingences, les problèmes dont il traite sont de nature strictement technique et il les résout de manière scientifique, en toute objectivité. Pour ceux qui l’ignoreraient, la "fin de l’histoire" a atteint l’économie avant toutes les autres sciences humaines – ni la politique ni l’histoire n’y ont plus de place.
Si la guerre est donc présentée comme perdue, mais il y a encore de petites batailles à mener. Aussi a-t-on décrypté le décryptage, en pariant que l’exercice a plus de chances de faire ressortir quelques vérités. Expérience tentée avec la chronique du lundi 25 janvier portant sur les 35 heures [1]. Par manque de place plus que par charité, l’intégralité de celle-ci (que l’on peut lire ici, ou écouter-regarder ci-dessous) n’a pas été reproduite. [2]
[cliquez sur l’image pour l’agrandir]
Comment Le Monde contribue à la propagande néolibérale.
En titrant sur 5 colonnes à la une "Macron veut enterrer les 35 heures" le 25 janvier, le Monde reprend le camouflage développé par la droite.
En effet, le titre exact aurait dû être "Macron veut enterrer la durée légale", que celle-ci soit de 35 heures ou de 40.
Mais un tel titre soulèverait les hostilités.
Il serait temps que la vraie gauche dénonce le subterfuge avec autant de répétitions que ce que l’on entend sur les soi-disant 35 heures.
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