C’est la naissance d’un géant agro-industriel que certains, comme la Confédération paysanne, qualifient de « monstre » ou de « monopole prédateur » : l’acquisition de l’Américain Monsanto par l’Allemand Bayer contre la somme de 59 milliards d’euros a été officialisée le 14 septembre. L’un est un mastodonte de la chimie et de la pharmacie, l’autre des pesticides et des semences OGM. Dans un communiqué de presse, l’acheteur explique que la transaction vise à lier « deux activités différentes, mais fortement complémentaires », notamment dans les semences, les engrais et les pesticides.
L’opération intervient dans un secteur en pleine refonte et dont la concentration s’accentue dans un contexte de faiblesse du marché. Ainsi, depuis décembre dernier, les Américains Dow Chemical et DuPont ont également opté pour une fusion "d’égal à égal", en réaction au ralentissement du marché chinois. Parallèlement, le conglomérat chinois ChemChina entreprend actuellement d’acquérir le groupe suisse Syngenta après l’échec de son rachat par Monsanto fin 2015.
Le prix du vivant
L’objectif de Bayer-Monsanto est de contrôler l’ensemble de la filière agro-alimentaire, en s’appuyant notamment sur le développement des biotechnologies et la propriété des brevets (lire l’article de Reporterre). Pour Guy Kastler, porte-parole de la Confédération paysanne cité par Libération, « avec un tel "paquet complet", l’agriculteur sera totalement sous la dépendance d’une seule entreprise. Et ces multinationales auront encore plus de poids sur les gouvernements pour faire passer des réglementations qui obligeront les agriculteurs à utiliser leurs produits ».
Bénédicte Bonzi, des Amis de la terre, s’inquiète pour sa part de ce qu’elle qualifie de "biopiraterie" : la « logique de brevetabilité et d’accaparement du vivant » consistant à donner un prix à celui-ci afin d’imposer aux agriculteurs « d’acheter des choses qu’ils ont naturellement ». Ainsi, aux États-Unis, sous l’influence de ces groupes, plus de 90% des semences de maïs et de soja sont génétiquement modifiées. « En Europe, on croit être protégés, mais on ne l’est pas », explique Bénédicte Bonzi, faisant référence aux VRTH (variétés redues tolérantes aux herbicides) présentes dans nos champs : des OGM issus de la mutagénèse. « On a zéro transparence dans ce domaine », dénonce-t-elle s’en prenant aux carences de notre juridiction : « On ne peut pas dénoncer les actes commis, et leurs auteurs n’ont pas à en répondre ».
Le nouveau PDG de Bayer se dit pourtant capable de « gérer la réputation de Monsanto », alors que chaque mois de mai, des marches contre le groupe américain sont organisées par la société civile, et qu’un collectif d’ONG et de juristes a lancé un "procès" pour écocide. La firme est particulièrement mise en cause pour la commercialisation du Roundup, l’herbicide le plus vendu de la planète élaboré à base de glyphosate, accusé d’être cancérigène. Monsanto en vient à façonner littéralement le monde, au point que le site parodique Science Info imaginait en avril dernier que le groupe présentait une abeille transgénique résistante à ses pesticides.
« Pour une vie meilleure »
De son côté, Bayer a notamment été condamné en 2010 par la Cour fédérale de St Louis aux États-Unis à plus d’un demi-milliard de dommages et intérêts pour la contamination d’exploitations rizicoles par une de ses variétés OGM interdite depuis 2006. En avril dernier, une pétition signée par plus d’un million de personnes a sommé l’entreprise de stopper la commercialisation de ses pesticides de la famille des néonicotinoïdes, désignés comme "tueurs d’abeilles".
Aussi célèbre pour son invention du gaz moutarde et son implication (au travers du conglomérat IG Farben) dans la fabrication du Zyklon B que pour son brevet de l’aspirine, Bayer est également un industriel du secteur pharmaceutique qui arbore fièrement le slogan "Science for a better life" [La science pour une vie meilleure]. Meilleure pour qui ? Pour les agriculteurs dépendants des semences, donc des engrais et des pesticides qu’il fabrique ? Pour les citoyens contraints de consommer des OGM et exposés à des substances dont les producteurs empêchent qu’elles soient réellement évalués en termes d’impact sanitaire ? Le président de Bayer Peter Spengler justifie la fusion par la nécessité de nourrir la population mondiale. Mais à quel prix pour celle-ci ?
Au vu des efforts fournis par les deux groupes pour continuer à commercialiser des produits dont de nombreuses études établissent la toxicité environnementale et humaine, il est permis de se demander pourquoi ils investissent autant dans le lobbying et la communication plutôt qu’en recherche et développement pour remplacer lesdits produits. Marchand du poison et de l’antidote, la suprématie de Bayer fait peur. Tellement que Monsanto, craignant un blocage politique de la transaction, a négocié une clause de dédommagement de deux milliards d’euros en cas d’échec de la fusion.
L’article gagnerait en crédibilité en supprimant ce hoax : "
fin avril par exemple, le groupe a présenté une abeille transgénique résistante aux épandages de certains de ses pesticides."
qui est tiré de : http://www.scienceinfo.fr/monsanto-devoile-abeille-transgenique-resistante-aux-pesticides-neonicotinoides/
site qui se définit lui-même comme "site parodique, satirique, anxiogène et sans gêne".
Merci
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