Le président de la République a décidé d’inscrire la déchéance de la nationalité pour les binationaux condamnés pour actes de terrorisme dans la révision de la constitution, suscitant stupeur et condamnation (lire aussi "Déchéance de nationalité : le pas de plus, le pas de trop ?". Le texte devrait être soumis au parlement d’ici la fin janvier.
Étrange pas de deux que celui de l’exécutif. Après avoir écarté cette possibilité, le président de la République vient d’annoncer que la révision constitutionnelle qu’il propose aux parlementaires d’ici fin janvier comprendra la déchéance de la nationalité pour les "djihadistes" binationaux. Cette position a été confirmée mercredi 23 décembre, lors du dernier conseil des ministres de l’année.
Pour les gauches du Parti socialiste, qui pensaient sortir confortées des élections régionales, c’est un nouveau coup dur. Que ce soit dans le parti ou au gouvernement, l’axe Valls-Hollande a décidé de passer la vitesse supérieure et de marcher sur la tête de son opposition interne.
Coup de force en Île-de-France
Tout a commencé avec une anecdotique élection de président de groupe au sein du conseil régional Île-de-France. Les gauches du PS avancent tranquillement, persuadées que le message sorti des urnes conforte leurs positions. Le patron du PS lui-même n’a-t-il pas demandé une « inflexion de la politique gouvernementale » ? L’électorat de gauche s’est mobilisé au second tour, notamment dans les régions où la gauche "rouge rose verte" s’est rassemblée. Pour les gauches du PS, il y avait donc un espace nouveau pour que « ce quinquennat soit enfin utile », selon l’expression d’une parlementaire.
C’est dans ce contexte que le député et conseiller régional Benoît Hamon se présente à la présidence du groupe socialiste à la région Île-de-France. Rapidement, il se trouve confronté à la candidature du très vallsiste Carlos Da Silva, lui aussi député. Face à ce qui apparaît comme une confrontation de ligne politique "frondeurs" contre "exécutif", une médiation est tentée pour faire émerger une troisième candidature plus œcuménique. Las, le premier ministre repousse l’idée et force la confrontation.
Quelques pressions conjuguées de Solferino, Matignon et des conseillers élyséens plus tard, Hamon est battu par le terne Da Silva par quatre voix de majorité. L’ambiance vire à l’aigre. Un conseiller régional proche de Marie-Noëlle Lienneman n’hésite pas à envoyer des sms à ses collègues de la gauche radicale pour évoquer un proche éclatement du PS. Encore une fois… « C’est particulièrement tendu », glisse une collaboratrice d’élu, sous couvert d’anonymat, témoin des crispations internes.
Les gauches du PS abasourdies
Ce devait être le dernier acte politique d’une année pourrie. La quasi-totalité des ténors du PS était partie en vacances. En début de semaine, les informations se font rassurantes. Le président de la République aurait mis de côté l’idée de déchoir de la nationalité française les binationaux nés en France et condamnés pour actes de terrorisme. Une idée controversée dès sa formulation par le gouvernement. Et pour cause, il s’agit là d’une revendication du Front national, formulée dès janvier 2015, après les trois fusillades de Charlie, à Montrouge et dans l’Hypercasher.
C’est donc entre les papillotes et les dernières courses de Noël que la décision du conseil des ministres est tombée. La révision constitutionnelle inclura la déchéance de la nationalité. Selon nos informations, Manuel Valls a fini par imposer sa volonté à François Hollande. Les gauches du PS sont abasourdies. La collaboratrice d’un eurodéputé de cette sensibilité évoque sa « honte » : « La défaite infligée à Benoît [Hamon], ce n’est rien à côté de cette mesure ». Dans un communiqué co-signé avec le député européen Emmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienneman dénonce la déchéance de la nationalité :
« C’est admis par ses propres promoteurs : on ne voit pas comment la déchéance de nationalité pourrait faire peur à des terroristes qui ne craignent pas de se faire exploser ou de mourir ».
En écho, le secrétaire-général du courant Un monde d’avance, Guillaume Balas condamne une décision qui « constitutionnalise l’inégalité entre citoyens. C’est-à-dire l’exact opposé de ce pourquoi nos ancêtres se sont battus pendant la Révolution française ». Alors que, par la voix de Florian Philippot, le FN revendique une « victoire idéologique », le député frondeur Pouria Amirshahi tempête :
« Un gouvernement socialiste légitime les thèses du Front national, offrant par là même une victoire culturelle et symbolique supplémentaire au bloc réactionnaire ».
L’eurodéputé Guillaume Balas s’interroge lui aussi :
« Soit ils croient à leur projet sur le fond et, dans ce cas, c’est très dangereux. Soit ils avancent de manière démagogique et, là, nous sommes dans le cynisme complet. Ce qui pose encore un problème majeur ».
Passage en force de l’exécutif
Pour Guillaume Balas, le PS est à la croisée des chemins. Il veut croire à un sursaut des dirigeants et des cadres intermédiaires socialistes. Les échos semblent lui raison. Quelques jours plus tôt, Bernard Roman, député de l’Isère, indiquait que « 80 % des députés PS sont opposés à la déchéance de la nationalité ». De son côté le député François Lamy, proche de Martine Aubry, relève :
« Cette mesure n’a qu’une valeur symbolique et le symbole qui est derrière, c’est la remise en cause du droit du sol. »
Olivier Faure, député de Seine-et-Marne et porte-parole du PS, renchérit :
« Cette réforme est tout simplement inacceptable. C’est une mesure inefficace qui a un effet symbolique dévastateur pour une partie de la population qui va se sentir citoyenne de seconde zone. »
Les messages font l’objet d’une fin de non-recevoir du côté de l’exécutif, qui choisit le passage en force et l’argument "C’est nous ou le chaos". Dans un parti légitimiste comme le PS, l’heure est donc à la prise de responsabilité. Et, peut-être, à la clarification. C’est ce que résume Guillaume Balas :
« Si le PS se résigne à soutenir la proposition de Manuel Valls, cela posera un problème de fond sur la nature du parti socialiste et nous amènera à nous questionner sur notre positionnement en vue de la présidentielle ».
Manuel Valls ne cache plus sa volonté de mettre en place un parti débarrassé de ses derniers habits socialistes. C’est aussi à cette aune qu’il faut lire ce qui n’est pas du tout une provocation.
Les trolls fachos du "grand remplacement" sévissent aussi sur le mur de Regards ? Ces représentants la France moisie, pétainiste, rabougrie sur ses frontières ? Allez troller chez vos copains du torchon Valeurs poubelles ou la pourriture Dieudonné/ Soral, ici c’est la gauche qui n’a pas renoncé à ses valeurs essentielles, dont l’internationalisme.
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