À Paris, entre Stalingrad et Aubervilliers, il y a un canal. Ce dimanche sur la place, Jean-Luc Mélenchon tenait son premier meeting de la campagne 2017. À l’autre bout, Pierre Laurent mangeait des moules en l’honneur du Front populaire. Que signifie cette étendue d’eau ? Une voie navigable, un lien possible ? Un fossé infranchissable ? On y voit (un peu) plus clair à l’issue de ce dimanche où les frères ennemis du Front de gauche se sont toisés à distance.
L’autre solution de Pierre Laurent
Le PCF clôturait de manière festive son congrès. Pierre Laurent pouvait souffler avec ses camarades : il venait d’être largement réélu pour son dernier mandat de secrétaire national. La direction nationale était-elle même validée par les congressistes au terme d’une fusion des listes : celle de la majorité et celle affirmant l’objectif de rassembler la gauche radicale – sans blanc-seing de cette dernière.
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La direction du Parti communiste a donc l’imprimatur des militants pour tenter de faire émerger l’autre solution dont rêve Pierre Laurent : un candidat rassemblant toute la gauche "non-hollandaise". Officiellement, la porte n’est donc pas fermée pour Jean-Luc Mélenchon. Mais le PCF veut le voir entrer dans un cadre collectif allant de la gauche de gauche jusqu’aux "frondeurs" du Parti socialiste.
Comme le reconnaît lui-même Pierre Laurent, le pari est audacieux tant la faisabilité paraît aléatoire : les frondeurs, très présents au congrès, continuent de plaider pour une primaire du PS – avec Hollande. Cécile Duflot affirme, elle, vouloir une candidature écologiste autonome. Le choix du congrès en faveur du vote "oui" à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes compliquant encore l’objectif stratégique énoncé par ailleurs… Pierre Laurent, dans un discours fleuve de plus d’une heure, a conclu le congrès par un vibrant appel aux électeurs socialistes pour qu’ils refusent de faire de Hollande leur candidat. Solferino les entendra-t-il ?
La "révolution citoyenne" de Mélenchon
À une encablure de là, Jean-Luc Mélenchon délivrait une toute autre musique devant 10.000 personnes. Son axe central ne portait pas sur le ralliement des socialistes déçus, mais sur la mobilisation des quatre millions d’électeurs de 2012… fois deux ! Il en appelait aux lutteurs. Ceux des mouvements sociaux d’abord. Les opposants à la loi El Khomri, les Goodyear et les salariés d’Air France. Mais au-delà de ces idées partagées par toute la gauche sociale, Jean-Luc Mélenchon a développé un discours renouvelé sur les transformations révolutionnaires de l’époque. Rompant avec la tradition, il parla peut-être davantage du travail que de l’emploi, faisant une large place au contenu même des métiers, à la souffrance au travail, à la bureaucratisation du travail.
Il enchaînait avec des idées neuves sur la conquête du temps, le temps long du bel ouvrage, du travail, de la création, de la démocratie et de la réversibilité. Il ne manquait pas d’amplifier ce qui devient son marqueur : la mutation écologique. Jean-Luc Mélenchon assèche l’espace d’une candidature écologiste autonome en insérant la perspective écolo dans une vision révolutionnaire pacifiste et démocratique. Il donne un sens global et non seulement social à sa visée, la révolution citoyenne.
Pierre Laurent cherche un candidat susceptible de faire pont entre tous les combats, qui ne clive pas et qui rassemble. Jean-Luc Mélenchon est toujours aussi bouillonnant, mais il bénéficie d’une expérience partagée depuis cinq ans. Crise de l’Europe, crise démocratique, consciences nouvelles des transformations radicales du monde… il peut déployer son discours sans heurter son auditoire. Détermination et rassemblement : avec quelques coups de rame et vents favorables, le canal Saint-Denis prendrait rétrospectivement le sens d’un trait d’union.
Donc le nouveau slogan du PCF c’est Nouveau Front Populaire et Citoyen ? Populaire et Citoyen je vois à peu près, encore que cette manie de coller du citoyen partout devient un peu agaçante, mais Nouveau, la, je calle. Qui y aura t’il de nouveau dans l’agrégation du pcf avec le ps (même si on prend la précaution d’en exclure Hollande et sa garde rapprochée) Le parti EELV a annoncé qu’il ne soutiendra qu’un écologiste (ils rêvent de Hulot) La direction du PCF s’embourbe dans ses erreurs stratégiques et semble t’il dans son analyse théorique de la présente période. Un front réunissant tous ceux qui veulent sortir de la politique actuelle. Mais il suffisait aux "frondeurs" du ps de voter la censure pour renvoyer Valls dans sa mairie d’Evry. Que ne l’ont-ils fait ? Pour parait-il ne pas voter avec la droite. Franchement , quand on se rappelle que les socialistes ont retiré leurs candidats et voté pour la droite en PACA et en Hauts de France, que la direction du PS a donner une consigne de vote à droite contre sa liste dans le Grand Est on peut mesurer la complexité de ce nouveau chantier de l’espoir proposé par P. Laurent. Les contorsions stratégiques du PCF finissent par être harassantes pour les électeurs habituels de ce parti (j’en étais depuis très longtemps et à de nombreuses élections) J’ai écouté P. Laurent expliquer que son nouveau front devait être très large et inclure les réformistes qui veulent bien ne plus soutenir la politique de Hollande. Soit, mais sur quelle base ? Un programme minimum, socle commun qui serait accepté par tous. On peut s’imaginer ce que pourrait être ce socle commun en examinant les votes des frondeurs à l’assemblée nationale. Enfin surgira THE CANDIDAT qui défendra ce socle commun et sommet des sommets le tout sera soumis à une votation Citoyenne (une de plus) en Novembre 2016. Mais, qui choisira the candidat ? Ou peut-être y aura t’il plusieurs candidats et une primaire ? Primaire pour le casting puisque le socle sera commun. Ou alors se fiera t’on aux sondeurs pour désigner ce candidat rassembleur du socle commun minimum ?
Il faut également noter qu’entre temps aura été discuté dans la coulisse le partage des circonscriptions législatives évidemment sans consultations CITOYENNES ni vote. Finalement tout ça pour ça.
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