La période est aux pronostics politiques déjoués par les votes populaires. La droite n’y a pas échappé. Contre toute attente, sondagière au moins, la primaire a mis au tapis Nicolas Sarkozy, arrivé en troisième position avec seulement 20,6%. Trop d’affaires, tant d’ennemis, un style nerveux et tranchant, le parfum du passé... Il n’a pas convaincu.
Une page se tourne. Les électeurs de gauche qui se sont déplacés ont pu savourer. Mais leur champion, Alain Juppé, censé garantir un moindre mal à droite, n’a pas fait le plein. Avec 28,6%, l’ancien maire de Bordeaux est loin des 40% promis. Avec l’identité heureuse, un profil socio-politique plus ouvert, une main tendue à François Bayrou et aux électeurs potentiels de gauche, Juppé n’a pas emporté le cœur de la droite. L’heure est aux identités politiques franches.
C’est bel et bien la posture et le projet d’une droite dure qui a été porté par la vague des suffrages. Avec 44%, François Fillon a tout simplement cartonné. Il n’était pas le chouchou des médias, ce qui semble lui avoir profité. Avec une campagne au long court, patiente et déterminée sur le terrain, et deux débats télévisés au cours duquel il a pu dérouler devant le grand public sa vision ultralibérale et particulièrement conservatrice, Fillon est apparu comme l’homme de la situation à droite.
Libéralisme débridé et conservatisme exacerbé
Derrière une façade apparemment plus policée, l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy ne manque pas de propositions pour briser les services publics – 500.000 suppressions de postes de fonctionnaires –, assécher les comptes publics – 100 milliards d’économies budgétaires – et démanteler un peu plus la solidarité au nom de la compétitivité et de la concurrence libre et non faussée. Son libéralisme économique débridé est mâtiné de Manif pour tous et fleure la xénophobie. Un cocktail raide, mais qui a séduit.
S’il a un temps fait figure de troisième homme de cette primaire, Bruno Le Maire sort déchu, arrivant même derrière Nathalie Kosciusko-Morizet, dans la cour des 2-3%. Parmi les humiliés, n’oublions pas Jean-François Copé, signe que les pains au chocolat sont décidément en solde.
L’écart entre les deux candidats arrivés en tête n’est pas mince. Alain Juppé aura bien du mal à refaire son retard. Et ce d’autant que François Fillon a reçu le soutien de Nicolas Sarkozy et de Bruno Lemaire. Avec une participation populaire particulièrement élevée, la droite va sortir dynamisée de l’exercice. Que vaudra la primaire PS à l’aune des quatre millions de voix de la celle de la droite ? Une épine de plus dans le pied pour Hollande, Valls et la rue de Solferino.
Pourquoi s’interroger inutilement sur "ce que vaudra la primaire PS" ?
D’autant que l’article le dit très bien : "l’heure est aux identités politiques franches".
Et, à gauche, la candidature à l’identité politique franche est clairement... identifiée : JLM2017.
Clémentine l’explique parfaitement et en toute clarté dans l’Huma !
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