Le PS cherche à se donner de l’oxygène, entre un flanc droit assuré de son "social-libéralisme" et une gauche éparpillée et incertaine. La gauche de gauche devrait faire son miel de ces incertitudes. Les sondages existants suggèrent de fait qu’elle ne s’en sort pas si mal. Le problème est qu’elle est elle-même divisée.
Jean-Luc Mélenchon tient la corde, mais sa candidature est contestée. Elle l’a été dans des termes d’autant plus vifs que l’homme a la personnalité que l’on sait… et n’aime guère arrondir les angles. Reste à savoir, si le "jlm2017" ne convainc pas, par quoi ou plutôt par qui remplacer celui qui porta brillamment les couleurs du Front de gauche en 2012 ?
Quel rassemblement ?
Un socialiste "de gauche" ? Tant qu’à faire, il faut qu’il soit crédible. Donc Montebourg ? Étant donné les variations du personnage politique, la pilule n’est pas facile à digérer pour tout le monde. La candidature "issue du mouvement social" ? Le projet reste aussi sympathique qu’hier… mais continue d’évoquer l’Arlésienne et, pour tout dire, les noms possibles ne se multiplient pas.
La politique, heureusement, ne se cantonne pas à entériner ce qui semble inévitable. L’idée d’un rassemblement le plus large possible reste affirmé par une frange militante importante, sans que l’on sache très bien s’il s’agit de rassembler la "gauche d’alternative" ou la "gauche hors gouvernement". Dans le second cas, on inclut les "frondeurs" socialistes, au risque de s’en remettre à eux ; dans le premier cas, on essaie de faire sans eux… ou avec eux à la marge.
Dans la toute dernière période, dans le prolongement de l’Appel des Cent, des voix continuent d’affirmer le projet d’un rassemblement, écartant – pour l’instant tout au moins – le soutien à Jean-Luc Mélenchon. Sur les listes de diffusion de la gauche de gauche, un avant-projet d’appel a circulé sous le titre "La désunion ne passera pas par moi", regroupant des personnalités significatives comme Étienne Balibar, Patrick Braouezec, Robert Guediguian, Pierre Khalfa, Noël Mamère ou Gérard Mordillat.
Des parfums de "tout sauf Mélenchon"
Dans Le Monde du 4 octobre, Christian Laval et Michelle Riot-Sarcey publient une tribune expliquant qu’il « reste une petite chance à la gauche pour faire la différence ». « Oui, nous espérons, malgré tout, que ceux qui se réfèrent sans cesse au "peuple", à la "démocratie" et à la "république" mettent enfin en pratique les fondements de la liberté collective. Oui, nous disons qu’il y a encore une toute petite chance pour que cette gauche qui se dit différente fasse réellement la preuve de sa différence. Faute de quoi elle risque d’être engloutie dans les ténèbres des années qui nous attendent ».
Roger Martelli, lui, n’est pas convaincu par cet argumentaire dans lequel il perçoit des parfums de "tout sauf Mélenchon" qui, selon lui, tourneraient le dos au regroupement expérimenté non sans succès en 2012. « La seule question que je crois pertinente se divise donc en deux : on laisse Mélenchon seul […] ou on l’accompagne ? Et si on l’accompagne, que fait-on pour que la dynamique de 2017 soit la plus ouverte et la plus représentative de toutes nos sensibilités ? » (lire "Les bases de l’unité existent depuis longtemps").
On sait que le PCF et Ensemble – la troisième composante du Front de gauche d’hier – discutent encore de leur positionnement en 2017. Mais de nombreuses forces se sont d’ores et déjà prononcées pour un soutien au candidat de la "France insoumise". Un appel intitulé "En 2017, faisons Front commun" a d’ores et déjà réuni quelques milliers de signatures, issues de sensibilités diverses.
Le soutien et le débat
Il est vrai que l’appel à soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon n’annule pas les discussions possibles sur l’arrière-plan intellectuel et stratégique de son entreprise. Son attirance pour un "populisme de gauche" ou son acceptation de la notion de "récit national" n’ont pas manqué de susciter des réactions parfois vives. Regards est déjà intervenu sur ce point.
Sur son blog de Mediapart, Samy Johsua, membre d’Ensemble, vient de publier sa propre contribution. « Quel lien exactement lui Mélenchon (comme Mouffe ou Iglesias d’ailleurs) tisse t-il entre cet indispensable combat anti oligarchique et la remise en cause des fondements qui recréent en permanence l’oligarchie ? Ou, dit encore plus simplement, quels liens maintient-il avec le socialisme ? »
Effervescence féconde ou auberge espagnole ? À chacun de juger sur pièces.
« Ou, dit encore plus simplement, quels liens maintient-il avec le socialisme ? »
Ce débat avec JL Mélenchon est quasiment soldé avec la publication de l’Ere du peuple. Il soutient une thèse qui est sans doute déroutante pour ceux qui vivent le matérialisme de manière statique. A mon avis la question qui aurait du être posée en fin de cet article est quel matérialisme aujourd’hui ?
Sommes nous d’accord sur son approche du développement de l’humanité qui selon lui génère une bifurcation à chaque fois que le nombre des humains croit de manière importante et particulièrement au stade actuel avec le concept d’anthropocène ?
Car ne nous cachons pas la vérité, c’est bien cette théorie sous-tendue par l’Ere du peuple qui est au cœur du débat au sein de la gauche "révolutionnaire" .
La contradiction principale (pour reprendre ce concept matérialiste qui désignait le conflit entre la classe ouvrière étant la classe révolutionnaire par essence et la bourgeoisie possédant les moyens de production) se situerait donc ailleurs. Cet ailleurs désignant le grand nombre contre une minorité oligarchique. Il faut admettre dès lors que la question de la stratégie révolutionnaire et le contenu même de cette révolution change de nature et qu’il ne s’agit plus d’instaurer le socialisme au sens marxiste du terme mais de promouvoir une société dans laquelle le grand nombre sera l’acteur et forcément cela implique la résolution d’un nombre considérable de contradictions que nous pouvons qualifier de secondaires. La préservation et l’enrichissement du commun devenant alors la finalité du processus.
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