Syrian Death Mask, cc Surian Soosay
Accueil > monde | Par Laura Raim | 1er mars 2018

Le conflit syrien, un front à gauche

La guerre en Syrie a tracé une nouvelle ligne de fracture au sein de la gauche de gauche. Des conceptions divergentes de l’impérialisme, de la nation et de la religion sous-tendent des divisions que les positions prêtées à Jean-Luc Mélenchon ont cristallisées.

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Article publié dans le numéro printemps 2017 de Regards.

* * *

La gauche radicale se déchirait déjà sur l’Europe (entre "eurobéats" et "souverainistes") et sur l’interdiction du voile (entre "islamogauchistes" et "laïcards"). Cet hiver, on a découvert un nouveau sujet de clivage irrémédiable : la Syrie. Alors que les médias s’émeuvent de l’écrasement sous les bombes du dernier bastion rebelle à Alep-Est, Djordje Kuzmanovic, chargé des questions internationales au Parti de gauche, ironise via Twitter sur la crédulité de certains camarades journalistes ou militants : « C’est intéressant mais le "dernier hôpital d’Alep" (entendu Alep-EST pour les initiés) a été "détruit" quinze fois en six mois. Record absolu ! »

Traités d’idiots utiles du néo-conservatisme atlantiste, lesdits camarades l’accusent en retour de minimiser, voire de cautionner les crimes de guerre de Vladimir Poutine et de Bachar el Assad. Sur Facebook se multiplient les statuts valant avertissement : qui osera dédouaner le gouvernement russe sera immédiatement "défriendé" – comprendre retiré de la liste d’amis virtuels de l’application…

« Libération » ou « crime de guerre » ?

Moscou et Damas ont-ils libéré la population d’Alep-est des combattants djihadistes soutenus par les États-Unis et leurs alliés du Golfe ? Ou ont-ils achevé de réprimer dans le sang la révolte populaire amorcée en 2011 ? Difficile pour les non spécialistes de se faire une opinion, quand chaque camp reproche à l’autre d’être berné par la propagande. Il faut dire qu’entre la chaîne du Kremlin Russia Today et BFM TV, l’alternative n’est guère reluisante.

Le sujet est tout aussi brûlant dans les autres gauches du monde : au Royaume-Uni, le quotidien communiste Morning Star a déclenché un tollé en titrant sur la « libération » d’Alep. Aux États-Unis, Ben Norton, journaliste vedette du site radical Salon, fait polémique en refusant de diaboliser Poutine, affirmant que les supposées victimes des bombardements sont des djihadistes armés par le camp américain. Au Liban, le principal journal de gauche Al Akhbar a fini par adopter une ligne pro-Hezbollah et donc pro-Assad, provoquant le départ d’une partie de la direction. Rédigée en réaction à ce genre de position, la "lettre à un ‘camarade’ qui s’obstine à justifier l’injustifiable" du militant NPA Julien Salingue a été traduite en anglais, italien, castillan, allemand et arabe…

L’interprétation des événements par les uns et les autres n’est pas seulement une affaire d’opinion personnelle ou de sélection des sources, mais aussi de filiation politique. Cela n’aura échappé à personne : ceux qui justifient en France les offensives de Poutine et Assad sont le plus souvent des partisans du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Ceux qui affirment avant tout leur solidarité avec la population d’Alep-Est et condamnent (voire appellent à sanctionner) Poutine et Assad sont plutôt des sympathisants de Ensemble, de EELV ou du NPA. Dans la configuration politique française, la chute d’Alep a mis en lumière les profondes divergences idéologiques au sein de la gauche radicale sur trois questions : l’impérialisme américain, le rapport à la nation et l’islam politique.

Anti-impérialisme à géométrie variable

Si toutes les forces de gauche ne peuvent qu’être d’accord avec la volonté de Mélenchon de « tourner la page du tropisme atlantiste », leurs analyses divergent sur le rôle des États-Unis dans le dossier syrien. « Les Nord-Américains et leurs alliés ont l’intention de découper le pays (…) pour faire passer les gazoducs et les oléoducs dans des zones contrôlées par les nord-américains », avance Mélenchon dans une vidéo pour expliquer le conflit syrien, insistant sur le fait que la crise se réduit à une affaire de compétition pour des ressources et « rien d’autre ».

Pour le NPA, cette lecture « stalinienne », digne du Parti communiste français de l’époque de la guerre froide, se trompe en considérant les États-Unis comme la seule puissance impérialiste menaçant la stabilité internationale et la souveraineté des États. Contrairement aux guerres pour le pétrole, initiées par les présidents Bush en 1991 et en 2003 en Irak, le conflit actuel n’a pas été déclenché par les Américains, ni par leurs alliés saoudiens ou qataris, mais par le soulèvement de la population syrienne contre le régime dictatorial d’Assad. Si les États-Unis cherchaient vraiment à le renverser, ils seraient intervenus en 2013, lorsque le régime a franchi la fameuse "ligne rouge" en utilisant des armes chimiques sur la Ghouta. Échaudés par le fiasco des interventions en Irak et en Libye, non seulement ils n’ont jamais tenté d’éliminer Assad – dont le pays est de toute façon moins stratégique du point de vue des ressources énergétiques que l’Irak –, mais ils ont mis leur veto à la livraison des missiles anti-aériens réclamée par l’opposition syrienne.

Cette surestimation du rôle américain pose deux problèmes : premièrement, elle conduit à minimiser la nocivité des autres impérialismes qui tiennent tête aux États-Unis : « Il n’est pas vrai que la Russie soit une menace pour la paix dans le monde », a ainsi répété Mélenchon à l’occasion de ses vœux pour 2017, alors que la Russie a agressivement œuvré à renforcer le régime meurtrier d’Assad, son dernier allié significatif au Moyen-Orient, mais aussi à soutenir le mouvement séparatiste dans le Donbass en Ukraine, après la victoire du soulèvement du Maidan. Alors que Moscou nie toute ingérence au motif que ses bombardements répondent à la demande formulée par le gouvernement syrien souverain, on peut interroger la légitimité "souveraine" d’un président ayant succédé à son père en remportant des élections où il était le seul candidat.

Si le "campisme" anti-américain de Mélenchon explique par ailleurs son estime pour des figures comme Raul Castro à Cuba, Rafael Correa en Équateur ou encore Hugo Chavez au Venezuela, qui ont su résister – au prix de manquements démocratiques – aux pressions combinées du capital et des États-Unis, il ne s’agit pas de caricaturer : il se défend d’une quelconque « amitié » pour Poutine, qui, rappelle-t-il, a incarcéré son seul ami en Russie, Sergueï Oudaltsov, président du Front de gauche russe, et ne fait nulle part l’éloge d’Assad, comme le fait l’extrême droite, en tant que protecteur laïc des minorités, notamment chrétiennes.

L’internationalisme contre le « réalisme »

Deuxièmement, cette focalisation sur les intérêts américains empêche Mélenchon de saisir le tournant du Printemps arabe de 2011 et de mesurer la force du mouvement populaire contre Assad, lequel aurait pu être balayé comme Moubarak en Égypte ou Ben Ali en Tunisie en 2012 si l’Iran, le Hezbollah et la Russie n’étaient pas massivement intervenus et si l’opposition avait obtenu les armes demandées pour les contrer. La militarisation, l’internationalisation et l’islamisation ultérieures du conflit, ou encore le fait que la rébellion ait pu, dans un premier temps, agir en coordination avec le gouvernement contre-révolutionnaire turc ne doivent pas occulter l’origine populaire et progressiste de l’opposition à Assad.

Ciblée en priorité par le régime de manière à faire d’Assad la seule alternative à Daesh, l’opposition non islamiste a certes été décimée par les bombes, les arrestations et les exécutions, mais comme l’a écrit au printemps dernier Ghayath Naisse, du Courant de la gauche révolutionnaire en Syrie, « Le mouvement populaire reste vivant : il renoue avec les mots d’ordre de la révolution de 2011 ». Dépourvus d’organe central et peu influents sur le cours des événements, ils sont invisibles dans les médias.

Il n’empêche que, selon Robin Yassin-Kassab, co-auteur de Burning Country : Syrians in Revolution and War, il reste tout de même près de quatre cents conseils locaux et provinciaux, dont la moitié sont directement élus, qui organisent la vie quotidienne sous les bombes et manifestent dans certaines villes aussi bien contre Assad que contre les djihadistes. Mais ce peuple-là est absent du discours de Mélenchon, si ce n’est sous les traits de victimes passives des dommages collatéraux, inévitables dans tout bombardement.

Dans ce contexte, pour le NPA et le mouvement Ensemble, la tâche première d’une gauche internationaliste est de soutenir le processus révolutionnaire en Syrie. Là se situe la deuxième grande différence avec le cadre national privilégié par Mélenchon. Sa priorité ? Promouvoir « l’indépendantisme » de la France et « renouer avec le projet universaliste que notre diplomatie et nos armes doivent porter » (Revue internationale stratégique, 2015).

Pourtant impeccablement internationaliste lorsqu’il s’agit de défendre le peuple grec face aux diktats du FMI et de Bruxelles, le Parti de gauche change ainsi radicalement de registre sur la Syrie. Au nom des « intérêts de la France » et du « réalisme », Paris devrait se montrer pragmatique dans ses relations aussi bien avec Assad que Poutine. « La position consistant à soutenir la puissance étatique (syrienne), dans cette région, ne peut pas juste être balayée d’un revers de main au prétexte qu’elle serait immorale. Elle l’est certainement en partie, car c’est le cas de toutes les positions réalistes », écrit ainsi dans Marianne Djordje Kuzmanovic.

Mais « ce réalisme national, pour ne pas dire nationaliste, est à mille lieues de la tradition communiste internationaliste de Marx, Lénine, Trotski et Luxemburg, pour laquelle le seul réalisme qui vaille est un réalisme prolétarien, où l’on se place du point de vue des classes subalternes, de leurs intérêts indépendamment de la nationalité, mais aussi du point de vue des nations opprimées par les puissances impérialistes – notamment la France », explique le militant NPA Ugo Palheta.

Le prisme anti religieux

Enfin, les désaccords sur la Syrie reflètent les fractures de la gauche sur la religion en général et l’islam politique en particulier. Certes, personne à gauche n’a la moindre sympathie pour le projet politique conservateur défendu par les diverses branches des Frères musulmans. Lutte ouvrière rappelle ainsi que « c’est un courant profondément anticommuniste ; que là où il est au pouvoir, il l’est aux côtés de la bourgeoisie, réprime les grèves et assassine les militants ouvriers ».

Non moins véhément, le Parti de gauche inscrit plutôt son rejet de l’islam politique dans la tradition jacobine, rationaliste et laïque de dénonciation de « l’obscurantisme religieux contre les Lumières » (blog de Mélenchon, novembre 2015). C’est d’ailleurs pourquoi il applaudit sans réserve les combattants kurdes laïcs qui ont affronté Daesh dans le Nord de la Syrie, mais ne dit mot des combattants islamistes, qui ont pourtant, eux aussi, chassé Daesh d’Alep début 2014. Dès lors que les islamistes ont phagocyté la lutte armée en Syrie, il n’y aurait pas à s’attarder sur les nuances entre les groupes plus ou moins "modérés" : la priorité serait d’aider Assad à les combattre.

Si le NPA reconnait que les progressistes et les démocrates sont minoritaires dans la composition des groupes armés, aujourd’hui dominée par des forces islamistes réactionnaires, il apporte deux nuances importantes : d’une part ces islamistes ne sont pas hégémoniques politiquement sur les forces civiles de l’opposition. D’autre part, seule une minorité des combattants sont des djihadistes prônant des actions violentes. Ces derniers représentaient à Alep-est environ 900 combattants sur plus de 5.000 rebelles, selon l’envoyé spécial de l’ONU en Syrie. Le groupe le plus radical est le Jabhat Fatah al-Sham, anciennement le Jabhat al-Nusra, la filiale syrienne d’Al-Qaeda, qu’il n’est évidemment pas question de soutenir. Mais le reste de la rébellion d’Alep-Est est formé de groupes de l’Armée syrienne libre (ASL), qui se sont créés à partir de la fin 2011 en regroupant des soldats désertant l’armée syrienne et des civils. La plupart incarnent un islam politique non djihadiste, proche de celui de Ennahda en Tunisie, par exemple.

« Le marxisme issu des lectures de Marx, Engels ou de Rosa Luxembourg n’est pas bêtement anti-religion. Il sait par exemple qu’une revendication émancipatrice peut être soutenue sur la base de croyances religieuses, et que des alliances temporaires et tactiques avec certains courants religieux sont parfois à envisager », affirme Julien Salingue. Selon celui-ci, « c’est pourquoi il faut toujours avoir une analyse matérialiste des croyances : si une majorité a voté pour les Frères musulmans en Égypte en 2012 ou pour le Hamas en Palestine en 2006, c’est pour des raisons avant tout politiques, pas spirituelles. Même si les Frères musulmans sont tout aussi contre-révolutionnaires que l’ancien régime, il a pu être stratégique à certains moments précis de prendre leur défense contre l’offensive de l’armée égyptienne. Et de même que la gauche internationaliste n’a pas cessé de soutenir le peuple palestinien sous prétexte qu’il avait voté pour le Hamas, elle doit rester solidaire du peuple syrien, quand bien même il est défendu militairement, dans de nombreuses villes, par des groupes islamistes ».

Si les affaires internationales ne sont pas au coeur de la présidentielle, cette ligne de fracture théorique sur la Syrie n’est pas sans incidence sur la campagne. Une partie de l’électorat de gauche invoque en effet la position polémique de Mélenchon pour lui préférer Benoît Hamon, qui n’a pas hésité à parler, au sujet d’Alep, de « plus grand drame humanitaire depuis des décennies ». S’il était président, il irait « là-bas comme François Mitterrand avait été à Sarajevo » en 1992 pour obtenir l’ouverture d’un couloir humanitaire, a affirmé le candidat socialiste. Une référence qui ne devrait pas laisser Mélenchon insensible…

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Vos réactions

  • Les USA annoncent qu’ils s’installent en Syrie du nord,par milliers de GI’s,parce qu’ils ne sont pas satisfaits qu’une paix Russe s’instaure.
    Le Liban voisin est menacé de tripartition,vraissemblablement après une guerre,déclenchée par porosité avec la syrie qui ajoute 2 millions de réfugiés syriens au 1,8 millions de réfugiés palestiniens.
    L’Iran,et ses dizaines de milliers de missiles,à la frontière nord d’Israel,et ce pays possesseur de l’arme nucléaire sont en guerre quasie-imminente.
    Pourquoi ne pas évoquer ces questions plutôt que nous faire demander si les al quaïda ou les daeschistes,prenant en otage,les civils,peuvent être soutenus ?

    Maurice Le 1er mars 2018 à 18:34
  •  
  • " Une partie de l’électorat de gauche invoque la position polémique de Mélenchon pour lui préférer Benoît Hamon".

    C’est rigolo de relire cela un an après. On y perçoit toute la rigueur, la profondeur d’analyse et l’objectivité de ce genre d’articles qui inondent Regards.

    Jihel Le 1er mars 2018 à 20:19
  •  
  • L’illustration de vos articles sur la Syrie à elles seules montrent quel parti-pris est le votre : hier une photo provenant d’une agence basée en Turquie qui interview entre autre un responsable de Jaich al Islam dont l’objectif de guerre est d’instaurer en Syrie un état islamique appliquant la charia, aujourd’hui un montage montrant Al Assad dans un nuage de sang et de feu ! Tout est dit et les victimes des djihadistes rebaptisés rebelles, y compris en France sont bien vite oubliées.

    kokkino Le 1er mars 2018 à 20:23
  •  
  • Intervenant lors d’une session de la conférence sur le désarmement à Genève, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a exprimé l’espoir que les Européen opposent un « non » ferme au déploiement sur leur territoire des armes nucléaires américaines.

    « Le maintien des armes nucléaires non stratégiques des États-Unis en Europe, accompagné de la pratique déstabilisante de "missions nucléaires communes" entrave le désarmement nucléaire en Europe », a-t-il signalé

    Selon lui, dans le cadre de ces missions, « les membres non nucléarisés de l’Otan, violant grossièrement le Traité sur la non-prolifération, participent aux planifications d’utilisation des armes nucléaires non stratégiques des États-Unis et s’entrainent aux compétences adéquates ».

    « Tout le monde doit comprendre que les militaires américains préparent ainsi les forces armées des pays européens à l’utilisation des armes nucléaires tactiques contre la Russie », a relevé Sergueï Lavrov.

    buda Le 1er mars 2018 à 21:20
  •  
  • Cet article est littéralement à charge contre la vision de la France Insoumise du conflit syrien tout en livrant une interprétation erronée de celle-ci.

    S’il est clair qu’il y a bien l’invocation d’un "réalisme", il est plus l’affirmation d’une approche désenchantée des conflits (il n’y a pas dans une guerre meurtrière qui décime plus de civiles que de combattants du fait des exactions des 2 belligérants qui mérite qu’on s’abaisse à désigner un camp des gentils) que d’un pseudo-pragmatisme inhumain drapé de la haine contre un ennemi impérialiste américain. La guerre est une saloperie sans nom... on se fatigue à le répéter.

    S’il y a une méfiance contre l’usage global du terme "rebelles", c’est que de toute évidence soutenir une majorité de djihadistes dans leur croisade armée par les monarchies du golfe et leurs alliés pour imposer un Etat théocratique au reste de la population syrienne n’a rien à voir avec l’appui d’une révolution émancipatrice ! Il est donc normal de lui préférer l’imposition d’un réel processus démocratique sous surveillance capable d’amener à la destitution par la population elle-même du monstre qui s’est arrogé le droit de la gouverner ! Et ce processus, pour être crédible et légitime, doit être mené dans une relative stabilité qui doit traduire l’inopportunité d’une quelconque ingérence par des pays voisins, voir de superpuissances mondiales, en même temps que la volonté d’une véritable gouvernance internationale indépendante de promouvoir la démocratie !

    Effectivement, s’il y a bien une opposition entre 2 visions de l’internationalisme, c’est entre celle qui ne voit aucune solution en dehors de la pax americana (et demain, dans la pax sinica), et celle qui veut redonner une dynamique propre et un sens au droit international, un légitimité et une crédibilité aux instances et organisations internationales dans l’objectif d’aider à l’émancipation des peuples et l’instauration d’un climat de paix durable sur le globe !

    Confondre cette position qui ne voit dans les autres acteurs de ce conflit que des partenaires pour la paix, avec celle d’un soutien sans failles aux ennemis de la démocratie, c’est s’empêcher de faire preuve de la même nuance qu’on affiche en regardant avec sympathie TOUS les "rebelles" de Syrie qui combattent alors que les démocrates y sont une espèce en voie de disparition... L’objectif pour ceux qui restent n’est pas de mettre fin à une dictature infâme, mais de lui en substituer une autre basée sur une vision politique religieuse !

    Je finis par trouver ridicule cette manie de dézinguer à tout va la France Insoumise en traduisant et interprétant systématiquement à l’inverse de son sens premier l’ambition qui est la sienne. Promouvoir un nouveau non-alignement à l’échelle internationale, un camp de l’indépendance fédérateur pour tous les pays qui souhaitent sortir de ce jeu de dupe géostratégique, capable d’être en mesure d’arbitrer les confits pour le bien des populations, voilà l’espoir affiché.

    carlos Le 2 mars 2018 à 07:50
  •  
  • Sans doute pour un ex-stalinien repenti comme moi, la nostalgie de ma jeunesse militante me rappelle le temps où le petit père des peuples déclarait que" la lutte de l’émir afghan était plus progressiste que celle du chef travailliste britannique"....mais je ne peux m’empêcher de la rapprocher de celle de JLM et de LFI....ET JE M’EN FELICITE...

    En effet, l’impérialisme américain est l’ennemi qui joue les boutefeux aux frontières de la Russie...il oblige celle-ci à une course aux armements inévitable et dangereuse car un risque de rupture de l’équilibre de la terreur nucléaire existe. L’intérêt de notre Europe de l’atlantique à l’Oural est de faire de la Russie un partenaire et non un ennemi ! On réhabilite la notion d’"Occident" en renvoyant dos à dos les "deux impérialismes" russe et américain !Ce sentiment d’appartenance à un camp occidental instillé dans l’inconscient collectif des peuples d’Europe ,le nôtre compris, est un poison mortel particulièrement pour le peuple français qui est le seul de par son histoire encore capable d’indépendantisme (De Gaulle et Chirac plus récemment).Ne pas faire des BRIC un partenaire, c’est s’interdire toute possibilité de changement chez nous donc en Europe.C’est renforcer le camp impérialisme dont notre pays est de plus en plus solidaire reniant le gaullisme et les traces tenaces qu’il conservait au moins jusqu’à Chirac.

    Est-ce pour autant qu’il faille considérer que bombarder un hôpital est un crime quand il est perpétré par les russes et un juste exercice de clarification militaire quand ce sont les avions américains à Mossoul...bien sûr que non !
    De façon plus générale, le pacifisme bêlant ne peut être une solution ...IL FAUT - COMME LE DIT JLM - maintenir notre armement nucléaire à un niveau de crédibilité suffisant car notre peuple en aura besoin le jour où il faudra affronter politiquement ( voire peut être militairement) l’impérialisme américain QUI N’ACCEPTERA PAS PLUS UN VRAI CHANGEMENT EN FRANCE QUE L’EUROPE MONARCHIQUE EN 1793 !!!!!!!!!!!!!

    Avec cette différence qu’à l’époque les américains étaient avec nous et les russes contre......

    Dominique FILIPPI Le 2 mars 2018 à 09:08
       
    • @D. Filippi - Le vieux réflexe de l’intellectuel engagé qui condamne le pacifisme car il est censé préféré une paix injuste à une guerre horrible part du principe que le pacifisme ne saurait être autre chose qu’une attitude moraliste incapable de sortir d’une condamnation inconditionnelle de la guerre... et donc confine à une inaction évidente.

      N’en déplaise à ceux qui y cèdent, il me semble au contraire qu’être pacifiste s’est se donner les moyens de proposer une alternative en mesure de rétablir la justice là ou la force brute remplace le droit. D’aucun diront que c’est une manière d’éluder les rapports de force et donc de rester dans l’utopie d’un monde fantasmé qui fuit son Histoire ! C’est oublié bien vite que cette alternative existe précisément car elle invite à l’action et à la résistance plutôt qu’à l’inaction ! Dans cette optique là, il n’y a pas de contradiction à considérer les armes de "dissuasion" qui n’appellent pas à être utilisées comme un moyen "non violent" efficace pour préserver sa capacité ultérieure à agir !

      Vouloir construire la PAIX c’est proposer une stratégie cohérente d’actions non-violentes susceptible de remplir la mission "fonctionnelle" d’une guerre ! A ce titre, il y a tout un arsenal inexploité qui ne demande qu’à être utilisé pour le plus grand bien des populations civiles...
      Mais pour cela, il convient déjà que certains veuillent se faire les ambassad.rices.eurs de la PAIX en adoptant l’idée basique que les nations, qui témoignent d’une parentalité commune liée à leur condition humaine, cherchent avant tout à prospérer plutôt qu’à s’affronter !

      Il convient aussi de rétablir la crédibilité des lieux susceptibles de permettre le dialogue et la garantie d’une écoute par tous en réhabilitant les organisations internationales dans leurs attributions et le respect collectif de règles véritablement communes !

      L’utilisation de la légitimité du groupe comme une force pour prévenir les comportements brutaux s’avère en effet primordiale pour mener des expériences de médiation profitables aux populations !

      Ne pas avoir peur d’être ambitieux en étant en mesure de proposer un nouveau projet fédérateur pour le nouveau Millénaire qui rejette la violence tout en favorisant l’émancipation des peuples, voilà qui ne me fait pas peur en tant que sympathisant de la France Insoumise. Je crois que c’est à ce prix que la France pourrait rayonner à nouveau à travers le monde (sans coloniser ou conquérir) !

      carlos Le 2 mars 2018 à 11:06
  •  
  • Le problème c’est que nous n’avons plus de presse indépendante ni de journaliste critique en France .

    Nous avons encore le Net des médias web , qui donnent pour combien de temps encore une autre vision que "l officielle" ?

    Ne vous y trompez pas si les " affaires" sortent sur le MEDIA , son analyse et vision sur la Syrie sont insupportables pour les détracteurs du " gourou" JLM et ce n’est surement que le début !

    La FI est sans arrêt sommée de s’expliquer sur ses soit disants positions "ambigues " pro Assad , vous allez voir que bientôt : Mélenchon et Dieudonné seront mis dans le même sac .

    La méthode pour discréditer la FI sera celle de l amalgame.

    buenaventura Le 2 mars 2018 à 11:05
  •  
  • @buenaventura Le 2 mars à 11:05

    Tout ceci est exact mais bien incantatoire. En politique il faut discerner l’ennemi principal sinon on est écrasé.

    Dominique FILIPPI Le 2 mars 2018 à 11:14
       
    • et Carlos aussi je suis d’accord...

      Dominique FILIPPI Le 2 mars 2018 à 11:16
  •  
  • CARLOS
    "cette alternative existe précisément car elle invite à l’action et à la résistance plutôt qu’à l’inaction ! "C’est très généreux mais moi j’ai plutôt tendance à penser qu’elle incite à peigner la girafe...ou à aller sous la couette...ou à dire nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts comme en 40....

    Dominique FILIPPI Le 2 mars 2018 à 14:58
       
    • @D. Filippi - Et bien on ne peut pas obliger qui que ce soit à arrêter de coiffer toutes les girafes qu’il lui plaira... Chacun est libre en effet de voir dans le pacifisme un idéalisme ou une lâcheté, plutôt que de l’appréhender comme une construction historique qui a su tirer les leçons de la seconde guerre mondiale justement.

      carlos Le 2 mars 2018 à 15:24
  •  
  • @Carlos Le 2 mars à 15:24
    Je crains fort que le construction soit moins forte que la destruction....des missiles en Europe de l’Est aux pleins pouvoirs de XI en passant par les rodomontades de Trump, du clown coréen , le tout récent discours ultra nationaliste et menaçant de Poutine, la dictature d’Erdogan, les haines fascisantes qui montent de partout en Europe, le fondamentalisme musulman qui assassine chez nous...
    De quoi hésiter à faire des gosses...

    Dominique FILIPPI Le 2 mars 2018 à 16:58
       
    • @D. Filippi - ... et pourtant... elle tourne....

      carlos Le 2 mars 2018 à 17:37
  •  
  • @carlos Le 2 mars à 17:37

    Oui mais qu’est ce qu’il en a bavé avant que l’avenir lui donne raison...

    Dominique FILIPPI Le 2 mars 2018 à 18:20
       
    • @D. Filippi - y’a pas que pour être belle qu’il faut souffrir...

      carlos Le 3 mars 2018 à 11:52
  •  
  • Bonjour
    Lire sur site librairie tropiques .fr ;" Gauche révolutionnaire :la grande manipulation", et aussi "les anarchistes blancs" de Vincent lenormant.

    BOB Le 3 mars 2018 à 11:48
  •  
  • Bonjour
    le but du "NPA et la gauche international est de soutenir un processus révolutionnaire " !!!....cela laisse sceptique, pantois , dubitatif... il parle aussi bien de la Syrie que de l’Ukraine.
    Ou aussi le NPA ne voit pas de lien, de
    logique entre la Syrie, , l’Irak, la Libye , ou l’Ukraine. la Syrie n’a rien a voir avec l’Irak , les bases Américaines et les soldats ni sont que pour la figuration.....!!!!!!
    Une grande partie de la "gauche dites révolutionnaires" (j’inclue le NPA , des libertaires , une partie de la gauche dites radicale et des tas d’organisations) sont-il frapper a la fois par une grande amnésie et un un phénoméne règressif, et de pertes de repères, sur le plan idéologique, c’est le moins que l’on puisse dires ?.Il faut se poser la question.
    Il y a de quoi se gratter la tête, et ëtre plutôt perplexe.
    Subissent-il la propagande médiatique, celle délivrer par les grands médias ? , sans aucune prise de distance. la pensée BHL à t’elle complétement vampiriser leurs cerveaux.
    Une parti de l’extrème gauche, pas toutes, se laisse instrumentaliser , et ne réalise pas pour qui, ils roulent, et donc se retrouvent, cote a cote avec des gens peu fréquentables, voir leur ennemi qu’ils dénoncent en France.
    Sur l’Ukraine , par exemple, il est pas difficile de remarquer , que trés , trés majoritairement les ultras nationalistes, les fascistes, ont contrôler , voir provoquer, initier Maïdan et provoquer la chute du gouvernement en place, de l’époque. Que, l’extréme gauche, les libertaires, communistes sont très très minoritaires, condamner a être les porteurs d’eaux des nationalistes..
    C’est triste mais Makhno est trés loin dans l’imaginaire des Ukrainiens, l’imaginaire est actuellement nationaliste, , voir ultranationaliste, ils révent de Bandera.....
    Malgrès cela, nos gauchistes , en France, certains , dont le NPA (pas tous) ce sont mis a soutenir Maïdan et minorer l’influence, et l’action des groupes fascistes. Ils ont applaudis au renversement du gouvernement légal, avec BHL eu Mc Cain, et Nauland !!!!
    fallait-il vraiment choisir un camp ??
    Choisir le camp des oligarques pro-russe et des nationalistes pro-russes, ou bien choisir le camp des oligarques pro-occidentaux et des ultranationalistes fascisant. Dirigeants, responsables,.... des deux bords , tous corrompus, tous capitalistes, tous nationalistes.
    C’est, pourtant ce qu’a fait le NPA, qui oublie toutes références marxiste, de lutte de classe, anticapitaliste, et antifascisme.....
    Ce que n’a pas fait LO (lutte ouvriére), qui a pris des positions plus équilibrés, et a sut garder quelques réflexes sain......

    On peut dire, oui , mais la Syrie c’est différent, pas tant que cela !. Mais vous changer les mots, fascistes par musulmans intégristes, et la situation est presque identiques. j’exagère a peine, sans vouloir tout très simplifier.
    A chaque fois , nous nous faisons avoir, et la méthode est la mêmes, et nos chères gauchistes , se retrouvent en tenue militaires , enrôler de forces , derrières les médias et les gouvernements,instrumentaliser , sommer de choisir un camp contre un autre, sans avoir rien compris des leçons précédentes. Gaver, intoxiquer d’idéologie droit de l’hommiste, ou humanitariste.Ils devraient plus lire et écouter "michel Collon "a propos de la guerre en Syrie 2017 "sur you tube.
    Pour retrouver certains réflexes matérialistes, que l’impérialisme, la lutte pour l"hégémonie mondiale,ou ne pas perdre sa place de leader, cela existe encore, la lutte pour le contrôle des matières premières.....
    Lire aussi Bruno Guigue Palestine-solidarité.

    BOB Le 3 mars 2018 à 13:38
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