La semaine qui s’achève voit le Parti socialiste et l’exécutif en échec quasi total. Le "dépassement" du PS prôné par Solférino et "l’élargissement" du gouvernement apparaissent comme des mots creux à l’issue d’un remaniement surdéterminé par l’entrée en campagne du candidat François Hollande, d’un côté, et l’affrontement du président Hollande avec son premier ministre Manuel Valls, de l’autre.
Pour les gauches du PS, cette semaine constitue aussi un double revers : la déchéance de la nationalité a été votée par près des trois cinquièmes des députés socialistes ; le remaniement et ses objectifs limpides parachèvent de rendre illusoire le processus de primaire des gauches et des écologistes, par ailleurs fragilisé par l’annonce de la candidature de Jean-Luc Mélenchon.
Une fragilisation croissante
Après un conseil national du Parti socialiste plus coupé des réalités que jamais, le vote sur la loi constitutionnalisant la déchéance de la nationalité a été marqué par 83 votes contre et 36 abstentions du côté des députés de ce cette formation. De l’autre côté, 119 ont suivi le gouvernement en votant pour. Le groupe PS est donc totalement divisé sur ce sujet et il aura fallu, comme le raconte Mediapart, pressions et chantages divers pour s’assurer que la majorité des députés socialistes votent la loi controversée. C’est dire combien l’assise du gouvernement, est désormais fragile.
Une fragilité qui a marqué le remaniement du gouvernement, alors que l’objectif du président Hollande était « l’élargissement », en vue de l’élection de 2017. Les refus successifs de Nicolas Hulot puis de Martine Aubry ont rapidement auguré que le seul élargissement viserait au final des personnalités privées de toute assise. Certes, Emmanuelle Cosse a accepté de monter dans le train fantôme direction avril 2017. Mais à écouter les dirigeants d’Europe Ecologie-les Verts, ce ralliement n’engage nullement le parti écologiste.
Valls et Hollande se neutralisent
L’élargissement ne se fera même pas au sein du Parti socialiste. Malgré leur abstention amicale sur la feuille de route présentée par Jean-Christophe Cambadélis lors du conseil national du 6 février, les aubristes n’ont même pas un maroquin à ronger. François Lamy, considéré comme le bras droit de la maire de Lille, peut co-piloter « l’alliance populaire » destinée à « dépasser le PS », aucun de ses amis n’est récompensé des arrangements tactiques dont "Martine" a le secret. « C’est ça "la grande politique", confie, sous le sceau de l’anonymat, un frondeur amer. Ils sont tristes et médiocres. »
En fait, chacun de son côté, le premier ministre et le président de la République ont piloté le remaniement avec l’idée de neutraliser l’autre. Valls joue la défaite de Hollande en 2017 pour maximaliser ses propres chances à l’échéance d’après. Hollande, lui, s’imagine profiter des divisions actuelles de la droite pour créer la surprise et s’imposer au deuxième tour dans un duel face à Marine Le Pen. C’est dans ce contexte que s’expliquent les nominations de Jean-Marc Ayrault, fidèle hollandais, et de l’ex-conseillère à la culture du président, Audrey Azoulay. Une manœuvre qui rappelle le précédent Emmanuel Macron. La rivalité entretenue du ministre de l’Économie avec le premier ministre constitue un caillou dans la chaussure de Valls.
Changer de visages, pas de politique
Au lendemain de leur double défaite, les gauches du PS sont bien muettes. Marie-Noëlle Lienemann est une des rares à s’exprimer pour voir en l’arrivée d’Emmanuelle Cosse au ministère du Logement une « bonne nouvelle ». Sa réaction après l’intervention télévisée du président de la République est moins conciliante. Elle se dit « frappée » par « l’éloignement du discours (de François Hollande) » vis-à-vis des problèmes des Français. Christian Paul, député de la Nièvre chef de file de la motion "À Gauche pour gagner", fait dans le constat : « Des changements de visages mais aucun changement de politique ». Seul Pouria Amirshahi, député des Français de l’étranger, affiche sa colère :
Je me contrefous du #remaniement qui ne va rien changer à une feuille de route fondée sur l'ordre et un libéralisme zombie #ilssontpérimés
— Pouria Amirshahi (@PouriaAmirshahi) February 11, 2016
Pour le porte-voix du nouveau Mouvement commun, la rupture est, de toutes les manières, consommée depuis longtemps. Pour les frondeurs, l’espace est bien rétréci. Ils plaçaient tous leurs espoirs sur un rejet de la déchéance de la nationalité et sur la primaire, avec l’espoir non avoué d’y faire battre Hollande. La déclaration de candidature de Mélenchon d’un côté, le passage au gouvernement d’Emmanuelle Cosse et la quasi mort d’EELV qui en découle réduisent considérablement la perspective que le processus #Notreprimaire puisse aller jusqu’au bout. Pour les gauches du PS, la seule perspective est désormais de rentrer la tête dans les épaules en attendant que l’orage soit passé. En espérant que le PS d’après la défaite annoncée de mai 2017 soit plus réceptif à leurs propositions ?
Il faudrait peut etre arreter avec la sinistrose de la gauche de gauche ! Melenc + EELV + ex gauche ca fait toujours plus de 15 %... le paradoxe est qu’a ce jour hollande et Sarko ne dépasse pas les 20-21 %... alors on joue la partie ?
Répondre