« Ils me font chier ! » Le commentaire en dit long sur l’état d’esprit des militants et cadres intermédiaires des gauches du Parti socialiste. Il accueille les déclarations de candidature « probable » pour Benoît Hamon et plutôt certaine du côté de Marie-Noëlle Lienemann à la primaire des gauches et des écologistes. Cette primaire pourrait avoir lieu dans la première quinzaine de décembre. Les actes posés par les deux personnalités des gauches du PS semblent percuter un processus marqué, dernièrement, par la production d’un "contre-projet de loi travail" et la participation de plusieurs responsables de haut rang des gauches socialistes à une réunion de l’Alliance Against Austerity à Athènes.
Depuis plusieurs mois, les députés européens des gauches du PS ont travaillé à revitaliser un lieu de rencontre entre europarlementaires des différentes sensibilités de gauche, aussi bien au sein du groupe socialistes et démocrates qu’écologistes ou du parti de la gauche européenne (qui rassemble le PCF, Syriza et Podemos, entre autres). Ce left caucus est, notamment, animé par Guillaume Balas, le secrétaire général du courant Un monde d’avance. Dans la continuité, ce dernier, qui est aussi député européen, Emmanuel Maurel, leader de Maintenant la gauche, et Pascal Cherkhi, entre autres, ont rallié Athènes pour participer, le week-end du 19 et 20 mars, à une réunion de l’Alliance Against Austerity.
Effervescence dans la social-démocratie européenne
Répondant à l’invitation d’Alexis Tsipras, les frondeurs du PS ont poursuivi là l’intense travail de mise en commun avec les forces progressistes européennes, qui les a vus renforcer leurs liens avec Syriza et Podemos, entre autres. « Au sein de la social-démocratie, nous sommes les alliés d’Alexis Tsipras », confirme l’eurodéputé Emmanuel Maurel. Qui ne cache pas la proximité d’analyse mais aussi de propositions avec l’ex chouchou de la gauche radicale européenne. Lors de cette rencontre européenne, la délégation frondeuse a côtoyé des représentants du Parti travailliste britannique. Signe des débats intenses qui traversent aujourd’hui la social-démocratie européenne.
Autant le PS français ne joue aucun rôle dans l’animation de ces débats au sein du parti socialiste européen, autant les frondeurs font de l’international un de leurs axes de bataille. À croire que les évolutions au sein du Labour depuis l’élection de Jeremy Corbyn, la continuité assumé par Elio Di Rupo et le Parti socialiste de Wallonie ou les bougés observés au sein du PS portugais donnaient des ailes à des Français qui refusent de jouer le rôle de "caution de gauche" d’une rue de Solferino en pleine errance stratégique. Alors que François Hollande et les socialistes français semblent avoir intériorisé une position minoritaire et refusent donc le combat, « nous ambitionnons de rassembler, à l’échelle de l’Europe, tous ceux qui s’opposent à l’austérité : partis politiques, syndicats, organisations non-gouvernementales », résume Emmanuel Maurel.
Concrètement, en France, cela se traduit par la publication de L’Avenir du travail¸ la contre-réforme du Code du travail rédigée par les gauches du PS le 23 mars dernier. Publié la veille de la présentation de la loi travail en conseil des ministres, le texte des Frondeurs se propose de « construire un marché du travail plus efficace et un Code du travail plus protecteur », par la « sur-cotisation » des contrats de travail courts et précaires, et en « relançant une dynamique de partage du temps de travail ». En outre, les rédacteurs souhaitent « une véritable sécurité sociale professionnelle, dans le cadre d’une protection sociale refondée », et « redynamiser le syndicalisme ». Aux antipodes du projet de loi dont Myriam El Khomri a la responsabilité.
Le poids des dissensions
C’est dans ce contexte que les déclarations successives de Benoît Hamon et Marie-Noëlle Lienemann prennent l’air d’objets politiques non identifiés. Certes, la sénatrice de Paris, qui publie jeudi 31 mars, son nouveau livre Merci pour ce changement !, n’a jamais caché son intention de se présenter en cas de primaire. Ne serait-ce que pour y faire vivre les positions de Maintenant la gauche, son courant co-dirigé avec Emmanuel Maurel. La candidature de Benoît Hamon est moins ferme. Le député des Yvelines laisse entendre qu’il pourrait se retirer de la course si quelqu’un de plus rassembleur se présentait. Le nom d’Arnaud Montebourg revient de manière récurrente au sein des gauches du PS, sans que ce dernier ne confirme ni n’infirme les rumeurs.
Cette double déclaration de candidatures marque cependant un échec pour les gauches socialistes. Malgré la dynamique frondeuse et le score honorable de la motion B, À Gauche pour gagner, lors du dernier congrès, les directions des courants Un monde d’avance et Maintenant la gauche ne parviennent pas à dépasser leurs différences de culture et d’organisation. Du côté des bases militantes, ces clivages apparaissent moins importants que la recherche d’une issue politique commune. La défaite annoncée – quand elle n’est pas souhaitée – de François Hollande s’il venait à se représenter fait grandir l’exigence d’une candidature alternative unique.
Alors que la primaire des gauches et des écologistes se profile pour la première quinzaine de décembre, y aura-t-il une primaire des gauches du PS pour qu’elles désignent ainsi leur représentant à l’étape d’après ? On peut se poser la question. Ce qui est certain, c’est les sensibilités de gauche au sein du PS ont toujours du mal avec la présidentielle. Elles y sont tellement opposées qu’elles semblent avoir du mal à en saisir les possibles.
Le rédacteur de cet article, pigeons voyageur du PC (et en sous main du PS comme on le voit) se gratte une fois de plus de nombril. On s’en fou de ces frondeurs qui au premier coup de fusil de la direction retourneront quérir un nouveau mandat de député. Il y a certainement mieux à faire que d’écrire ce genre de connerie.
Tous derrière le seul candidat de gauche, si on ne lui met pas trop d’embrouilles dans les pattes (PS et PC...) Jean-Luc Mélenchon.
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