Mardi 17 Février, les compteurs du Parti socialiste pourtant experts en petites manigances, s’aperçoivent à quelques encablures du vote que la majorité parlementaire pour voter la loi Macron est incertaine. Dans un climat rocambolesque, il a donc fallu en toute urgence convoquer un conseil des ministres extraordinaire au début de l’après-midi pour que le président autorise l’utilisation de l’article 49-3 – qui permet au gouvernement de faire passer un texte sans vote.
Laissons ici de côté, les "vieilles" déclarations de François Hollande qui en 2006, avait déclaré : « Le 49-3 est une brutalité, le 49-3 est un déni de démocratie, le 49-3 est une manière de freiner ou d’empêcher le débat parlementaire. » C’est un discours de membre de l’opposition.
« La seule façon de bloquer la loi »
Pour contrer cette manœuvre gouvernementale, les députés ne disposent que d’une seule arme, le dépôt d’une motion de censure qui doit recueillir la majorité absolue à l’Assemblée, soit 289 voix. Une telle motion ne peut être déposée que si elle est présentée par au moins un dixième des députés, c’est-à-dire 58 – bien plus donc que la totalité des groupes EELV et Front de gauche réunis. Dès l’annonce par Manuel Valls du recours au 49-3, la droite parlementaire a annoncé qu’elle déposerait mercredi 18 février une motion de censure.
C’est dans ce contexte que Jean-Luc Mélenchon vient de nous livrer deux positions contradictoires à deux jours d’intervalle. Mardi 17 février, après une rencontre avec François Hollande et avant de s’allonger sur le Divan de Marc-Olivier Fogiel, il écrivait sur son blog à propos de la motion de censure : « Que voter dans ce contexte ? Clairement il s’agit d’un chantage : "Ne votez pas la censure pour ne pas voter avec la droite". Mais cela revient à laisser passer la loi Macron en l’état après l’avoir combattue pied a pied. C’est inadmissible. Les parlementaires votent des lois. S’ils n’en veulent pas, ils votent contre. C’est bien ce que s’apprêtaient à faire un nombre significatif de députés de gauche. La seule façon de bloquer la loi et de faire cesser le chantage comme méthode de gouvernement, c’est de voter la censure. Soit celle déposé par la droite comme le fit le groupe communiste en 1992, qui n’avait pas les moyens de déposer sa propre motion, soit en en déposant une autre, de gauche, puisque le moyen existe de le faire ! ». C’est clair, c’est net. Mais c’était mardi.
« Qu’est-ce qu’on va aller se fourrer avec la droite ? »
Mercredi matin, sur France Info, changement de programme, l’ancien candidat à la présidentielle déclare : « Le groupe communiste (qui appartient au Front de gauche) va voter la motion de censure. Le groupe à l’Assemblée nationale pense qu’il est normal de faire ce qu’il veut sans consulter personne. Moi, je n’aurais pas fait ça. D’abord parce qu’il n’y a aucune chance que cette motion de censure passe. Qu’est-ce qu’on va aller se fourrer avec la droite dans une aventure pareille ? Si j’avais été député, je me serais adressé aux frondeurs pour leur dire mes amis "Il ne suffit pas d’être contre, il faut aussi être pour". J’aurais proposé aux frondeurs et aux écologistes de faire une motion de censure pour désapprouver le gouvernement, par la gauche, pas par la droite. »
Certes, la nuit porte conseil (ou pas), mais on se demande bien quel est l’élément nouveau qui justifie un tel revirement de position en moins de vingt-quatre heures. Un esprit chagrin pourrait souligner que c’est justement la décision, inattendue, du groupe Front de gauche à l’Assemblée de voter la motion de censure qui constitue le ressort de ce changement de pied. Mais on ne peut pas croire une chose pareille.
Son discours n’a pas vraiment changé, il faut être honnête. Ce matin il expliquait que plutôt que d’aller avec l’UMP tête baissée, le PCF feraient mieux de tenter leur propre dépôt de motion de censure en en y intégrant les fameux "frondeurs" et les écolos. Je suis d’accord avec lui, il faut montrer quelque part que le désaccord du PCF avec la loi macron n’a pas les mêmes racines que celui de l’UMP.
Il a en aussi profité pour dire que le groupe PCF à l’assemblée vit en électron libre... et qu’ils ne rendent aucun compte au FDG. Pas de quoi faire un article titrant sur une soi disant censure ! (ça ne ressemble pas à vos articles habituels en plus, je suis déçu !)
A part ça, sur le même ton, j’aurais quand même envie de lui dire "qu’est-ce que tu vas te fourrer avec fogiel dans une émission débile ?"... Sur sa stratégie de comm’, là il y aurait un vrai sujet de journalisme critique à réaliser.
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