Pour maintenir une unité de plus en plus de façade, le parti socialiste décide de ne rien trancher. Son conseil national, réuni samedi 6 février, n’a pas pris position sur la déchéance de la nationalité et a escamoté la question de la primaire. Pour donner à croire qu’elle a servi à quelque chose, cette instance a voté sur le « dépassement du parti socialiste » et le déplacement de son université d’été de La Rochelle à Nantes.
Les députés PS pourront donc voter, sans aucune consigne de leur parti, la déchéance de la nationalité. Les frondeurs ne devraient donc encourir aucune sanction en votant contre. Surtout, la « feuille de route » adoptée en vue de la présidentielle sonne le glas du débat d’idées dans le scrutin préféré des Français.
Le débat escamoté
Après une réunion assez mouvementée des responsables de fédérations le week-end précédent, la direction du PS a convoqué en urgence un conseil national à l’ordre du jour vague, hors délais et hors procédures. Normalement, seul le bureau national est autorisé à procéder à la convocation du "parlement" des socialistes. Pourtant, il y a eu du monde lors de ce conseil national, du monde mais une « ambiance morne », relève une participante. La précédente session s’était déroulée trois mois et demi plus tôt, avant la défaite du PS aux élections régionales et bien avant la crise de valeurs générée par l’annonce d’une législation sur la déchéance de la nationalité.
L’aile gauche du PS a fait entendre sa petite musique devant les cadres socialistes, souhaitant que le débat ait lieu sur une séquence de cinq défaites consécutives : municipales, européennes, départementales, sénatoriales et régionales. Emmanuel Maurel, leader de Maintenant la gauche, une des composantes de la gauche du PS, déclenche le tir :
« On ne peut pas parler d’où on va sans parler d’où nous en sommes aujourd’hui ».
Sitôt ouvert, le débat est enterré. C’est Didier Guillaume, président du groupe PS au sénat, qui se charge de la besogne : « Nous sommes le parti majoritaire ». Comme lors des états généraux du PS il y a un an, la réflexion insufflée par Jean-Christophe Cambadélis apparaît totalement déconnectée de la réalité. Valérie Rabault, députée peu frondeuse du Tarn-et-Garonne, tâche de ramener ses camarades à la réalité :
« Avant de parler du dépassement du PS, il faudrait déjà éviter le trépassement ».
Alors que le patron des socialistes entend mettre en œuvre, sous l’autorité conjointe de Julien Dray et de François Lamy, une alliance populaire qui ouvre le PS, les frondeurs, eux, se moquent :
« Nous avons tellement ouvert les portes qu’on ne compte plus les départs ».
Le programme abandonné
Mais chacune des interventions des ténors des gauches du PS est suivie, immédiatement, par le contrefeu d’un poids-lourd de la majorité : Bruno Leroux après Christian Paul, Didier Guillaume après Marie-Noëlle Lienneman, Christophe Borgel après Laurent Baumel. Cambadélis a bien retenu les leçons tactiques de son passage chez les lambertistes.
Et si le premier secrétaire du PS fait dans l’onctueux – « Je n’ai pas mis la déchéance aux voix pour ne pas diviser le parti » –, d’autres se chargent de cogner. Ainsi, Christophe Borgel avertit :
« Utiliser l’argent du PS, la logistique du PS pour déglinguer le PS, ce n’est pas la solution ».
Une sentence qui vaut pour les frondeurs aujourd’hui et, en raison de son succès, la primaire demain. Une primaire dont chacun reconnaît pourtant qu’elle pourrait être utile – en plus d’être inscrite dans les statuts du PS, comme l’a rappelé Christian Paul – si elle cimente l’ensemble de la gauche autour du candidat des socialistes. Ce candidat, pour Cambadélis et les siens, ne peut avoir de nom que François Hollande.
Ce dernier partira donc à la bataille sans programme. « Notre parti n’a aucun intérêt à rejouer la pièce des élections précédentes où le temps passé à discuter et à se disputer pour élaborer le programme est inversement proportionnel au temps que passe le candidat à le lire », précise le texte adopté par 97 voix pour, 41 contre et 18 abstentions (les amis de Martine Aubry). À tout le moins, Cambadélis est pragmatique : à quoi bon élaborer un programme, se faire élire dessus si c’est pour ne pas le tenir une fois élu ?
Un parti de droite parmi d’autres ...
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