« Si se puede », « Oui, c’est possible ». C’est sur ces cris d’espoir que la juge Manuela Carmena, l’activiste Ada Colau et des dizaines d’autres maires fraîchement investis, ont été fêtés par une foule en liesse. Dans chaque mairie gagnée par les coalitions de partis, de syndicats et d’associations de la gauche radicale, emmenées ou soutenues par Podemos, la même scène se répète. Le vote du changement a payé.
La faillite de la droite
Acculé comme jamais, le Parti populaire de Mariano Rajoy vient de réaliser son pire score à une élection, perdant quinze capitales régionales. Pourtant, un instant, la droite a espéré former avec Ciudadanos et le PSOE un "front du centre" anti-Podemos. Il faut dire que la panique est générale au sein du PP. Madrid, Barcelone, Valence, Séville, La Corogne, etc. Les candidatures d’unité populaire de gauche, où figure Podemos, ont fait plus que renverser l’échiquier, elles ont confisqué les pions.
Pour apprécier les effets du changement sur ses détracteurs, rien de tel que d’observer la droite à Madrid. Car c’est dans la capitale que s’élaborent les toutes dernières stratégies du PP. La première a été observée pour la présidence de la région de Madrid, où le soi-disant parti antisystème Ciudadanos a permis aux conservateurs de conserver le pouvoir.
Mais c’est de sa candidate malheureuse à la mairie de Madrid, Esperanza Aguirre, que provient la seconde trouvaille politique : s’il est impossible de gouverner, alors il faut tout faire pour que Podemos échoue aussi. Une stratégie que le PP compte appliquer sur tout le territoire car, comme le dit Aguirre : « Nous partageons le programme du PSOE. » La caste parle à la caste. Sauf qu’entre-temps, la girouette socialiste a tourné.
Le PSOE cherche sa boussole
À gauche, le dilemme est le suivant : Podemos veut gouverner, le PSOE aussi, mais aucun n’en est capable l’un sans l’autre, à quelques exceptions près. Que faire, alors ? Podemos a construit tout son mouvement autour du rejet de l’élite politique espagnole, dont font partie les socialistes. Et ceux-là avaient juré leurs grands dieux de ne jamais s’associer avec des « populistes ». Deux positions bien changées depuis les élections.
Au PSOE, on considère désormais la formation de Pablo Iglesias comme un parti institutionnel avec lequel on peut pactiser tout naturellement. De son côté, Iglesias met ses conditions sur la table, et elles sont strictes. La première : Podemos « ne fera partie d’aucun gouvernement [régional] présidé par un candidat du PSOE », mais acceptera d’apporter le soutien nécessaire pour que les socialistes puissent battre le PP. De plus, si les socialistes veulent les votes de Podemos, Iglesias exige d’eux qu’ils « prennent des mesures en matière de lutte contre la corruption et qu’ils mettent fin aux coupes budgétaires ». En d’autres termes, que les socialistes « arrêtent de faire les choses comme les fait le PP ».
Échange de bons procédés. Ainsi, Ada Colau a pu être investie maire de Barcelone avec le soutien d’ERC (les indépendantistes de gauche) et des socialistes catalans. De même à Madrid, Manuela Carmena a conquis la mairie avec l’appui du PSOE. Et, dernier exemple, Séville revient au candidat socialiste grâce aux votes de la gauche radicale. Pour autant, chacun gouvernera seul, les soutiens resteront assis dans les rangs de l’opposition. Le temps des gouvernements minoritaires est venu.
Préparer les législatives
Podemos et la gauche radicale ont ainsi montré l’exemple à suivre, à savoir que l’union des forces via ces fameuses candidatures d’unité populaire leur ont permis de devenir un rouage essentiel de la politique espagnole. C’est en raison de cette convergence que la droite se retrouve dans l’incapacité de gouverner. Et les socialistes ne peuvent se passer ni de leur bénédiction, ni de leurs conditions. Mais la formation d’Iglesias n’est pas encore en mesure de gouverner d’elle-même. Juan Carlos Monedero, ancien politologue du parti, redoute d’ailleurs que Podemos « n’ait pas la force suffisante pour changer le pays ».
Pourtant, fort de ce résultat, Iglesias entend en faire la nouvelle stratégie politique de Podemos : « Nous devons ce succès des candidatures d’unité populaire plus à l’esprit de citoyenneté participative qu’à une coalition de partis. » En clair, Iglesias souhaite une refondation totale du système politique espagnol, depuis ses outils de représentation jusqu’à son idéologie dominante.
Reste à savoir ce qui se passera en cas de désaccord profond entre le PSOE et Podemos. Car les socialistes n’auront pas de remord à se tourner vers la droite, comme ils viennent de le faire en Andalousie. Des symptômes ponctuels et localisés qui pourraient préluder à une paralysie à gauche dans le contexte des législatives de novembre 2015, pour le plus grand plaisir du PP.
Bonsoir CLEMENTINE.
J’ai vécu, en Catalogne, les municipales et la désignation des maires. Barcelone, vit une période Extraordinaire au delà de ce que L’OBS peut nous relater.
Les scandales financiers de la famille royale et du "Social-libéralisme" scandalisent la société Espagnole, il y a peu de temps les conservateurs comme les socialistes ont baissé les retraites et les salaires dans la fonction publique.
CLEMENTINE, vous êtes la PERSONNE IDEALE pour représenter les INDIGNES de France.
MERCI
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