Les électeurs français ont voté davantage qu’au premier tour, davantage qu’au second tour des régionales de 2010 (58,4% contre 51,2%). Leur choix est donc significatif. La droite parlementaire recueillait 36,2% ; elle en obtient cette fois 40,7% sur le territoire métropolitain. Elle avait 480 élus ; elle en a 789.
La gauche est passée en cinq ans de 54,1% à 31,2%. Elle avait 1.120 élus métropolitains ; elle n’en a plus que 551, soit la moitié de son contingent de 2010. Pour la première fois, elle n’a plus de représentation en Paca et dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
Record pour le FN
Le Front national empoche le jackpot. Il obtient en tout 27,9% contre 9,2% au second tour de 2010. Il avait 108 élus en métropole ; il en a 358 aujourd’hui. Il est désormais présent dans tous les conseils régionaux sans exception. Sa progression en voix est continue. Le FN a recueilli dimanche 6,8 millions de voix sur le seul territoire métropolitain ; c’est au-dessus du score de Marine Le Pen en 2012 (6,4 millions) ; c’est très au-dessus des 5,5 millions de Jean-Marie Le Pen au second tour de 2002 et des européennes de 2014 (4,7 millions).
Dans toutes ses composantes, la droite française est donc archi-majoritaire. Elle a obtenu 68% des suffrages exprimés ; les sept régions qu’elle dirige abritent 42,8 millions d’habitants contre 20 millions à peine pour la gauche. Le résultat aurait pu être meilleur encore, si la triangulaire au second tour n’était pas devenue la norme. La droite dominante est désormais sous la pression perturbante d’un Front national renforcé.
Le Front de gauche est dans une situation difficile. Au premier tour, il a obtenu, seul ou avec d’autres, des résultats au-dessous des précédentes consultations. Dès le premier tour, il était au-dessous du seuil des 5% dans six régions. En 2010, il avait obtenu 127 sièges de conseillers régionaux, soit déjà 65 de moins qu’en 2004. Il disposera désormais de 41 sièges, dont deux élus communistes qui se trouvaient dès le premier tour sur la liste socialiste de Le Drian. Il n’a plus aucun élu dans sept régions.
Quel "avertissement" ?
Le roi est nu. La gauche sociale-libérale a sauvé les meubles grâce aux triangulaires. La droite ne sait plus comment traiter l’épine du pied que constitue le Front national. La gauche de gauche non seulement n’a pas bénéficié du recentrage socialiste mais elle se trouve un peu plus affaiblie.
Hier soir tout le monde parlait de l’avertissement, des nécessaires leçons à tirer, des changements radicaux à opérer. Mais la droite classique ne sait pas comment elle pourra endiguer la montée du FN : en radicalisant à droite ou en se démarquant sur le fond de l’encombrant rival ? Les socialistes ne vont pas changer de cap. Manuel Valls, hier soir, nous a parlé de République, mais elle est sécuritaire et chauvine. Le marché, la gouvernance et l’ordre sont les pivots du socialisme d’aujourd’hui, comme il le fut en Angleterre, en Allemagne, en Espagne ou en Italie. Avec les brillants succès que l’on sait…
Si la gauche de gauche ne trouve pas la voie indissociablement mêlée du rassemblement et de la novation, si elle se divise et ronronne, elle disparaît. Comme en Italie. Mais, dans ce cas, que devient la dynamique d’une gauche qui ne vit que par l’égalité (celle des conditions, pas celle des chances), la citoyenneté élargie et la solidarité universelle ?
Merci aux sans-dents pour leurs voix, à la prochaine !
De la part de "les républicains/les démocrates et de la morue de St cloud"
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