Rien ne va plus au sommet de l’État. Il a suffi d’un rendez-vous pour que tout bascule. Depuis quelques semaines, la tension était déjà palpable entre François Hollande et Manuel Valls – notamment depuis la publication de Un président ne devrait pas dire ça, écrit par les deux journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme.
Le livre a fait grand bruit et ses révélations fracassantes sur l’exercice du pouvoir par l’actuel locataire de l’Élysée ont mis le monde médiatique et politique en émoi – y compris parmi les plus fidèles du président. La consternation est partout. Et pour Manuel Valls, c’est la goutte d’eau. Ou plutôt, c’est une aubaine. Une occasion en or pour couper le cordon. Et rompre définitivement.
Doutes et défections autour de Hollande
Depuis plusieurs semaines déjà, Manuel Valls entend s’émanciper du président de la République et multiplie les sorties aux arrière-goûts de pré-campagne. Pour lui, aussi, l’idée que François Hollande puisse être candidat à un second mandat est désormais impensable. Il n’est pas à la hauteur de la fonction présidentielle, pense-t-il. Et s’il ne s’en cache plus en privé, on retrouve dans ses déclarations publiques, quelques piques adressées au chef de l’État. Comme ce discours, prononcé avant-hier dans les Hauts-de-France :
« Le pays attend et demande de la force – et j’ai cette force, comme chacun d’entre vous sur le territoire – pour aider la Nation, cette communauté de destin, pour l’aider à se penser davantage uni. »
Parmi les proches de François Hollande, nombreux sont ceux qui n’y croient plus et prennent leurs distances en affichant un soutien plus ou moins nuancé à Manuel Valls. Certains n’hésitent d’ailleurs plus à dire qu’il est « le seul capable de rassembler la gauche et de la faire triompher ». Sans blague ! D’autres, plus subtilement, ont fait savoir qu’il était le recours incontestable si – et seulement si – François Hollande venait à renoncer à se présenter à un nouveau mandat.
Les soutiens du président en exercice commencent à se faire rares. Même Michel Sapin et Jean-Yves le Drian – fidèles parmi les fidèles – auraient pris leurs distances et ne participeraient plus aux réunions hebdomadaires autour de François Hollande. Au cabinet du président de la République aussi, le doute se lit sur les visages. La plupart de ses collaborateurs ont d’ailleurs déjà quitté le navire.
Désaccords stratégiques et tensions croissantes
Enfin, le dernier sondage Ipsos pour Le Parisien / Aujourd’hui en France ne va pas arranger les affaires du président sortant. Manuel Valls obtient 37% d’opinions favorables comme le meilleur candidat potentiel de la gauche – devant Montebourg (32%), Royal (30%), Aubry (27%), Cazeneuve (21%), Le Drian (19%), Hamon (19%). Pas de quoi ralentir l’ambition de François Hollande qui, requinqué par les derniers "bons" chiffres du chômage et ceux de la (faible) croissance retrouvée, est déterminé à présenter sa candidature à la primaire socialiste.
Depuis que François Hollande a annoncé ses intentions à Manuel Valls, ce dernier ne décolère pas. « C’est la guerre », dit-on régulièrement dans l’entourage des deux meilleurs ennemis. La semaine dernière, à l’occasion de l’un des deux rendez-vous hebdomadaires entre le chef de l’État et du gouvernement, le ton est monté d’un cran. Ils auraient ainsi acté leur désaccord stratégique en vue de 2017. Valls a épuisé tous les arguments pour dissuader François Hollande de concourir au renouvellement de son mandat. En vain.
Les deux hommes ont envie de se lancer. Et selon plusieurs sources, Manuel Valls songerait à démissionner de Matignon. Une démission qui pourrait intervenir très rapidement – ces jours prochains – pour créer la surprise et faire oublier la toute nouvelle candidature d’Emmanuel Macron. Car il ne fait plus aucun doute que la compétition est lancée. Signes de mouvements en cours, plusieurs déplacements et rendez-vous à Matignon ont été annulés ces derniers jours.
Après Macron, Valls, bientôt Hollande. Une hypothèse qui n’a rien de banale. Restera ensuite sans doute le plus compliqué pour ces trois champions du libéralisme : faire oublier qu’ils ont été respectivement ministre de l’Économie, premier ministre et président de la République, et retrouver une crédibilité politique après avoir passé ces cinq dernières années à diriger le pays. Pour le résultat que l’on connaît…
Regards rejoint le journalisme politicien à l’affut des petites phrases et des rumeurs... Déchéance ! Est-ce sur la lancée du soutien inconditionnel de la rédaction à JLM qui estime que "l’élection présidentielle au suffrage universel, c’est la rencontre entre un homme et un peuple..." ?
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