Si la modernisation de la démocratie reste lointaine pour une majorité de responsables politiques, celle de leur communication est en bonne voie. Ainsi, les quatre favoris à la primaire du Parti socialiste se sont-ils tous fendus, sur leur page Facebook, d’une vidéo pour adresser leurs vœux aux Français. Si le regard caméra, pour parler à l’électeur les yeux dans les yeux, est de rigueur, ces quatre vidéos n’ont pas toutes adopté les mêmes partis pris de mise en scène. Mais, à l’exception de la dernière, elles dénotent une vision un peu sombre de l’avenir immédiat.
Valls, l’armée des ombres
Manuel Valls ne rit que quand il se brûle. En toute logique, il a choisi, pour décor de ses vœux vidéo, le PC des pompiers d’Évry, et a mis ses derniers à contribution en les alignant derrière lui dans une posture un peu martiale. Avec son col roulé noir, son regard fixe et sa raideur naturelle, l’ex-premier ministre a quelque chose d’un général de Star Wars devant ses troupes.

Il joue de l’ancrage dans son fief de l’Essonne, et son hommage aux services publics (qu’il veut « performants ») mentionne surtout les forces de l’ordre – policiers nationaux et municipaux, gendarmes – et les services d’urgence, tous mobilisés pour assurer « sécurité et solidarité » (comme lui, pour ceux qui n’auraient pas saisi). Valls, c’est un peu la France des sirènes hurlantes. On note toutefois, in extremis, un bref rictus que l’on peut qualifier, sans sacrifier l’exactitude journalistique, de sourire.
Score : 52.000 vues.
Hamon, état d’urgences
Benoît Hamon a pour sa part choisi de se tenir devant les urgences de l’hôpital Cochin à Paris, autre lieu évocateur, façon direct de chaîne d’info continue mais sans les moyens : le cadrage est vertical, l’éclairage précaire et la prise de son médiocre. L’orateur doit hausser le ton au passage des voitures et il a l’air tellement frigorifié que ses vœux de santé semblent ceux de quelqu’un sur le point d’attraper une pneumonie. Derrière lui, une poubelle ajoute une note bucolique et joue un rôle majeur dans le principal rebondissement de la séquence : quelqu’un sort et y jette un sac avant de quitter le cadre.

Pour ce qui est du contenu politique, retenons une citation un peu confuse du Petit Prince et un appel à la solidarité qui fait un peu messe de minuit. « Ensemble, faisons battre le cœur de la France », conclut Benoît Hamon (c’est son slogan de campagne), sans dire s’il va ensuite faire un tour au service réanimation.
Score : 31.000 vues.
Montebourg se tend une perche
L’ambiance se veut plus moderne chez Arnaud Montebourg, que l’on retrouve dans son QG de campagne en train de se filmer lui-même dans un mouvement tournant façon Claude Lelouch sous Lexomil (pas de quoi être saisi de vertige). Si le positionnement politique du député de Saône-et-Loire paraît souvent confus, au moins réussit-il ici la synthèse de la start-up et de la perche à selfie. Montebourg évoque « ceux qui sont seuls, souffrants, malades, en difficulté » – et là on repense à Benoît Hamon.

Son équipe « met la dernière main au projet [qu’ils vont] bientôt présenter », et nous gratifie d’une « petite pause pour [nous] adresser une excellente année 2017 ». La mise en scène donne l’impression que cette équipe se désintéresse des propos de son leader, mais c’est sans compter sur le twist final : alors qu’une petite musique monte en volume, toute la team se tourne vers la caméra pour crier : « Bonne année ! »
Score : 62.000 vues.
Vincent Peillon, meilleur vieux
Le doyen de cette bande des quatre a fait dans le classique, et opté pour une forme mieux maîtrisée : sur fond de bibliothèque, la lumière est plus vive, et ce n’est pas du lux. La coupe de cheveux est technocratique, le propos lisse et sous-titré. On n’en a retenu qu’une adresse qui fait mash-up de slogans : « Nous sommes les Français ensemble ! »

Peillon récite un discours convenu et un peu fourre-tout. Il veut rassembler ses compatriotes dans un monde instable autour d’une ambition commune, faire entendre la voix de la France, préparer l’avenir, obtenir davantage de justice sociale. Tout ça manque de conviction(s).
Score : 9.300 vues.
Quant à faire la synthèse, il semble que Manuel Valls ait pris une longueur d’avance avec son nouveau slogan de campagne.

Bj, au lieu de nous commenter les mises en scene de ces clowns a l’oeuvre dans la deuxieme primaire de droite, ne serait-il pas plus profitable de proposer de commenter des thematiques du programme de La France Insoumise ? Au moins pourrez t’on echanger , voire meme abonder certaines propositions puisque ce programme se veut dynamique tout au long de la campagne. Merci de nous epargner ces moments sans intérêt...
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