Invité sur la chaîne KTO, le jeudi 1er Mai dans une émission intitulé "Face aux chrétiens", José Bové a exprimé son opposition à toute forme de procréation médicale assistée (PMA) : « Que ce soit pour les couples homosexuels ou hétérosexuels. Je pense que le droit à la vie et le droit à l’enfant sont deux choses différentes et je ne crois pas que le droit à l’enfant soit un droit, alors je vais encore me faire plein d’ennemis ce matin… ».
Position "ultra"
Les problèmes éthiques afférents à l’existence, ou non, d’un droit à l’enfant sont un débat sérieux qui, peu ou prou, traverse l’ensemble des forces progressistes. Jusque-là, cette question se posait presque uniquement avec la Grossesse pour autrui (GPA) qui pose, notamment, la question de la marchandisation des corps. L’innovation technologique de José Bové consiste à étendre le sujet à la PMA avec une argumentation qui laisse pantois : « Tout ce qui fait aujourd’hui qu’on va fabriquer le vivant, plutôt que le laisser se développer, ça pose énormément de problèmes et de contraintes humaines et éthiques. Je crois que tout ce qui est manipulation sur le vivant, qu’il soit végétal, animal et encore plus humain doit être combattu ».
La position "ultra" développée par le député européen est particulièrement réactionnaire. Elle élimine d’emblée la fécondation in vitro et l’insémination artificielle qui sont aujourd’hui des mécanismes couramment utilisés contre l’infertilité. Mais il va manifestement plus loin. À la question du journaliste, un peu surpris, qui lui demande « s’il est contre toute aide médicale à la procréation », José Bové répond « il faut faire très attention avec ça et que la réflexion par rapport à ça ne peut pas se couper en tranches ». Cela signifie que même la méthode dite d’ovulation provoquée serait proscrite. Celle-ci consiste à un traitement de stimulation hormonale léger et permet d’obtenir une ovulation de meilleure qualité (en nombre d’ovocytes limité à un ou deux) et de placer les rapports au moment de fécondité maximale, la date d’ovulation étant connue
Logique folle
Les problèmes liés à la manipulation du vivant sont des problèmes réels qui nécessiteraient un large débat démocratique dans nos sociétés. Mais la logique défendue par José Bové est absolument folle, tant sa conception est extensive. Fort logiquement, il devrait non seulement se battre contre toute forme de procréation assistée, mais aussi demander l’interdiction de toutes les pilules contraceptives (œstro-progestative ou micropilule) qui relèvent aussi d’une manipulation du vivant. Comme il le dit lui-même, il « va se faire beaucoup d’ennemis », à raison.
Il faudrait donc « laisser le vivant se développer » et rien d’autre ? Appliquée à l’agriculture, les préceptes du député écologiste ouvrent des perspectives intéressantes. On ose espérer que la fertilisation (au moins bio) reste autorisée, mais la bouture, bel exemple de manipulation du vivant, non ? Une certaine écologie dans des rapports très particuliers à "la mère nature" est devenue le creuset d’une idéologie réactionnaire. Il existe par exemple un fort mouvement anti-vaccination dans nombre de pays riches. La non-vaccination est sans danger dès lors que l’environnement alentour continue, lui, à se vacciner : on profite de la bonne santé des autres, en somme. Évidemment, si une fraction significative de la population n’est plus vaccinée, la situation est toute autre. D’un certain point de vue, le mouvement anti-vaccination vient de remporter une grande victoire à New York avec la réapparition de la rougeole qui avait été éradiquée. La vaccination, manipulation ou non du vivant, monsieur Bové ?
Les liens logiques qui vont de la PMA à la non-vaccination en passant par la bouture me semblent carrément tirés par les cheveux.
La tuberculose est revenue alors que la population française était largement vaccinée.
Cet article manque au moins de mise en perspective : vous l’avez écrit en racontant votre soirée au téléphone ?
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