L’Union européenne (UE) et le gouvernement allemand auraient échoué à trouver une solution juste à la crise actuelle. Selon Matthias Höhn, secrétaire général et chef de campagne du parti de gauche allemand : « Il y a trop peu de transparence et trop de discussions d’antichambres, trop d’égoïsmes nationaux et pas assez d’engagements pour l’intérêt général. La fracture entre riches et pauvres est trop importante et la volonté d’équité sociale n’existe quasiment pas. Bref, cette UE souffre d’une insuffisance de véritable politique européenne. »
L’UE représenterait aujourd’hui davantage une menace qu’un espoir pour beaucoup de citoyens européens. « L’alternative n’est pas un retrait de l’UE mais une bataille pour la changer », aime pourtant répéter Grégor Gysi. Le charismatique président du groupe Die Linke au Bundestag rappelle que l’idée d’association des pays européens vient de gauche et qu’il est d’autant plus important de la défendre en temps de crise et de replis nationalistes. Die Linke fait ainsi campagne avec un programme intitulé « Une autre Europe est possible : sociale, pacifique, démocratique ».
Une Europe « sociale, pacifique, démocratique »
Les points du programme s’inscrivent dans la continuité du travail réalisé par les huit députés de Die Linke entrés au Parlement européen (PE) en 2009 : « Nous avons clairement pris position contre la Troika et sa politique d’austérité, contre une “Europe à l’allemande”, contre l’hystérie des privatisations et la surveillance sans limite des citoyens », résumaient en début de campagne les députés européens Cornelia Ernst et Thomas Händel. « Nous nous sommes également prononcés en faveur d’un véritable contrôle des banques, en faveur d’emplois dignes et pour un combat actif de la pauvreté. Enfin, nous avons fortement défendu une protection durable de l’environnement, une redistribution solidaire entre les États membres ainsi qu’une Europe pacifiste, qui n’exporte plus d’armes et qui protège les réfugiés. »
Die Linke exige cette fois la fin de la « politique des coupes », un impôt européen sur le capital et l’introduction de salaires minimums obligatoires dans toute l’UE. Malgré quelques dissonances internes, le parti ne prône pas la fin de l’euro mais une réforme en profondeur du système monétaire. Enfin, l’interdiction d’exporter des armes ainsi que la dissolution de l’OTAN restent au programme, avec la demande de mise en place d’une alliance comprenant la Russie.
Arrêter l’appauvrissement général de nos sociétés
Avec la crise, le chômage atteint des records, le secteur des bas salaires se développe et plus d’un quart des citoyens européens vivent dans la pauvreté ou en sont menacés : « Même pas la moitié des personnes actives détiennent un contrat à durée indéterminée et un salaire respectant les négociations collectives. Dumping salarial et précarité infiltrent de plus en plus nos sociétés européennes », dénonce le député allemand Thomas Händel, ancien syndicaliste et numéro deux de la liste européenne de Die Linke. Gabriele Zimmer, tête de liste de Die Linke (voir encadré) insiste quant à elle sur les dégâts engendrés par la politique d’austérité de Merkel : « Nous comptons 19 millions de chômeurs dans l’UE et en plus l’Allemagne provoque le départ des jeunes qualifiés des États-membres du sud avec une politique active d’immigration. »
« Nous nous battons pour une Europe dans laquelle personne n’aurait faim ou ne vivrait dans la pauvreté », déclarait en février dernier Katja Kipping, coprésidente de Die Linke lors du congrès du parti pour les Européennes. « Imaginez-vous une Europe avec une retraite minimum dans chaque pays, et avec un revenu minimum qui permet d’éviter les situations de pauvreté. Rien que pour ça, ça vaut la peine de se battre ! » Au Bundestag, la position du député Wolfgang Gehrcke, habitué de la commission des affaires internationales, se veut plus tranchée : « Les partis de droite demandent le retour au mark. Nous, nous devons nous battre pour la régulation et la collectivisation des systèmes bancaires européens. C’est ça, l’alternative de la gauche aux montées populistes de droite ! »
Exiger plus de légitimité démocratique dans l’UE
Cornelia Ernst, députée européenne et numéro trois de la liste Die Linke, refuse bon nombre de mesures prises au nom de la sécurité des pays, qu’il s’agisse de la surveillance en masse des citoyens européens ou des politiques inhumaines menées à l’égard des réfugiés. Et de rappeler : « Seul notre groupe parlementaire a refusé le renouvellement du mandat de Frontex, Eurosur et EuroDAC. Pour nous, il est plus important de sauver des vies que de laisser des gens mourir aux frontières de l’UE ! »
Enfin, le "top ten" de la liste Die Linke pour les europénnes – qui compte six députés européens actuels – exige une ratification par référendum des traités européens et ce, le même jour dans tous les États-membres. Le parti de gauche allemand refuse également dans son programme que les décisions soient prises par les chefs de gouvernements, influencés par les lobbyismes d’entreprises, car les décisions souveraines doivent revenir aux citoyens européens.
« Une autre Europe est possible : sociale, pacifique, démocratique » – avec ce mot d’ordre, Die Linke espère dépasser les 10 % le 25 mai prochain. En 2009, le parti de gauche allemand avait atteint 7,5 % des suffrages exprimés malgré un taux de participation de 43 % en Allemagne.
"Bref, il semblerait que le choix de Gabi Zimmer pour les Européennes repose avant tout sur sa capacité à rassembler les forces réformatrices et fondamentalistes de Die Linke"
Les forces fondamentalistes ??? Même le monde ne se serait pas permis ce terme ! Les qualifier de radical aurait manifesté le respect minimum attendu de la part de Regard ! Les mots ont un sens !
A part ça, l’article est intéressant.
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