Jean-Vincent Placé prend un virage à droite. Choqué par la victoire du Front national aux élections européennes, le président du groupe des écologistes au Sénat s’est pour la première fois dit prêt à envisager un accord avec le centre. « Je suis d’accord avec Dany [Cohn-Bendit], la question d’un accord entre nous et le Centre se pose », a-t-il déclaré dimanche soir à Paris-Match. Dans un paysage politique où le FN impose le tripartisme, un tel rapprochement pourrait être le seul moyen de sauver la gauche, selon le sénateur de l’Essonne, qui a même évoqué François Bayrou comme potentiel partenaire : « Un mec qui a voté Hollande, il peut bien revenir chez nous ! »
Attirance mutuelle ?
C’est depuis 2009 que Daniel Cohn-Bendit, représentant de la tendance libérale du parti, propose de faire alliance aussi bien avec le PS qu’avec le Modem. À l’époque, il s’agissait de construire un front anti UMP en vue des régionales de 2010 et des présidentielles de 2012. Il était rejoint par les députés Verts Yves Cochet et François de Rugy. Ce dernier n’a d’ailleurs pas changé d’avis depuis : « Je ne dis pas qu’on doit faire des listes communes aux prochaines régionales, mais on devrait davantage dialoguer et travailler ensemble sur des amendements concernant les sujets sur lesquels on s’entend, comme la transition énergétique, la proportionnelle, la réforme territoriale… »
D’autres voix réclament régulièrement une collaboration entre les forces du centre et celles des écologistes. Dans une tribune publiée dans Libération en août 2012, Christelle de Crémiers, ancienne vice-présidente du MoDem Paris et membre du conseil d’orientation politique d’EELV, citait au rang des valeurs communes une « attirance pour la décentralisation », la dénonciation de la dette, ainsi que la « déviance ultralibérale » de l’Union européenne.
À contresens du tournant radical des Verts
Ce que Cohn-Bendit a théorisé sous le joli nom de "transversalité" a en tout cas fait des émules aux élections municipales de 2014, puisqu’à Villejuif, l’écologiste Alain Lipietz s’est associé au candidat UMP Franck Le Bohellec contre la candidate communiste. Ailleurs en Europe, certains partis écologistes s’allient également avec la droite. En janvier dernier, pour la première fois en Allemagne, les conservateurs se sont unis aux écologistes en Hesse pour former un gouvernement régional dirigé par l’Union chrétienne-démocrate.
La déclaration de Placé va cependant à contresens du tournant radical qu’a opéré son parti depuis sa décision en avril de refuser de participer au gouvernement Valls. Sans parler du grand écart que représente sa nouvelle position par rapport à l’aile gauche d’EELV, qui a manifesté aux côtés d’Olivier Besancenot et de Jean-Luc Mélenchon lors de la marche du 12 avril. Au bureau exécutif des Verts, on assure en tout cas qu’un accord avec le Modem n’est absolument pas à l’ordre du jour.
Jean-Vincent Placé lui-même s’était jusqu’à présent prononcé avec Cécile Duflot pour l’union de la gauche et contre l’ouverture au centre. « On n’a pas été élu pour mener une politique sociale-libérale ni centriste », affirmait-il par exemple fin 2013 dans un entretien à Atlantico. Sur Twitter, un membre du Modem qualifie le sénateur d’« essuie-glace de la politique : un coup à gauche, un coup à droite ». Difficile de lui donner complètement tort.
euh... Bâtir un article de Regards sur une déclaration d’un sénateur un peu brouillon qui lance une petite phrase interrogative en off (je rappelle que l’info est issue des ’indiscrets’ du lab d’Europe 1 !) entre deux coups de fils, un verre à la main (oui, oui c’est dans le billet), à la fin d’une soirée électorale. Est-ce bien sérieux ?
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