Alors que le conflit à Notre-Dame-Des-Landes ne cesse de s’amplifier, les écologistes continuent de croire que leur stratégie des « deux jambes » – à la fois leur participation au gouvernement et leur mobilisation sur le terrain – se justifie encore. Au sein de la formation écolo, l’idée même d’une éventuelle sortie du gouvernement n’est pas d’actualité, malgré un certain malaise. Ainsi, lors du dernier conseil fédéral d’Europe-Écologie-Les-Verts qui se tenait le 17 novembre à Bobigny (93), peu de critiques ont fusé. Même à la gauche du parti – traditionnellement rétive aux participations de ce type –, on estime qu’après cinq mois d’expérience gouvernementale, l’heure des bilans n’est pas venue.
« Nous ne sommes pas encore dans cette situation. Il n’y a pas d’éléments majeurs de conflits, estime Gilles Lemaire, secrétaire national des Verts entre 2003 et 2005. Bien sûr, la participation gouvernementale crée des contradictions, mais nous ne perdons pas le lien avec les écolos de terrain. Et nos ministres, tant Pascal [Canfin] que Cécile [Duflot], font avancer leurs dossiers dans le bon sens, même si les victoires sont minimes ».
Pour Gilles Lemaire, les discussions menées préalablement avec le PS expliquent en grande partie le malaise actuel : « Nous aurions dû pousser beaucoup plus la discussion programmatique avant la désignation du candidat socialiste. La direction, et notamment Jean-Vincent Placé, sont des politiciens avant tout. Ils voulaient à tout prix gagner des places, constituer un groupe parlementaire, pour faire avancer les choses. Mais la façon de gagner des places a des conséquences sur les moyens de se battre ». Et cette participation au gouvernement n’avait pas suscité particulièrement de débat à l’époque.
Évoquant un souci « d’efficacité », Gilles Lemaire compte aujourd’hui sur le ministère de la parole : « Maintenant qu’on est au gouvernement, ce qui m’importe, c’est une parole et des actes. Il faut qu’on dise nos désaccords, qu’on parle très fort, et refuser toute muselière. En dehors de nos ministres, il est nécessaire que nos parlementaires s’expriment ». À charge pour François Hollande et Jean-Marc Ayrault de mettre les limites… Car côté d’EELV, on ne compte faire le bilan de l’expérience gouvernementale qu’à l’automne prochain, lors d’une conférence annuelle avec les syndicats et le mouvement associatif.
Le député Sergio Coronado, ancien directeur de communication d’Eva Joly durant sa campagne, reconnaît toutefois que « les gens ont l’impression d’être floués. L’accord de départ qui actait plus de points de divergences que de convergences se retourne finalement contre les écolos ». Mais pour lui, le débat actuel ne porte « pas tant sur la participation au gouvernement que sur la bataille qu’on mène. Car la participation gouvernementale doit être un combat, alors que les socialistes sont aujourd’hui peu sensibles aux préoccupations environnementales. Mais pour cela, il est nécessaire d’acter clairement une stratégie et de trouver les moyens qui ne ressemblent pas à une capitulation en rase campagne ». Souci supplémentaire pour Sergio Coronado : le gouvernement n’associe pas toujours le PS à la définition de ses politiques. Alors les écolos… Finalement, à EELV, la participation gouvernementale, c’est un peu work in progress, car comme le souligne le député, « on ne se casse pas d’un gouverment au bout de cinq mois ».
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