Accueil > Spécial Cahuzac | Par Jean-Pierre Mercier | 11 avril 2013

Jean-Pierre Mercier : « Il faut que les travailleurs fassent de la politique »

Nous avons convié différentes personnalités politiques, médiatiques, syndicales…à s’interroger, non pas sur l’affaire Cahuzac même, mais sur l’après. Les conséquences de ce scandale sont telles que nous leurs avons demander de répondre à la question suivante : Et maintenant, que fait-on pour tenter d’enrayer la catastrophe politique qui s’annonce ? Réponse de Jean-Pierre Mercier, délégué CGT de PSA-Aulnay-sous-Bois.

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L’affaire Cahuzac, les grévistes de PSA Aulnay l’ont regardée avec dégoût mais sans surprise. Pour ce qui est de l’évasion fiscale, à PSA, nous sommes servis ! La famille Peugeot, en partie installée en Suisse, la pratique depuis longtemps. En 2009, un de ses membres éminents, Robert Peugeot, s’était fait voler pour 500 000 euros de lingots d’or dans sa salle de bains ; comme cela impliquait un patrimoine sous-évalué, sa déclaration de vol avait ensuite opportunément revue à 150 000 euros… En tout cas, ces chiffres avaient pour nous un goût amer, quand on connaît la lutte permanente que mène PSA pour réduire le « coût du travail », c’est-à-dire ce que gagnent les salariés, qui ont permis aux Peugeot de bâtir leur fortune.

Quant aux mensonges des hommes politiques, depuis 22 mois que nous nous battons contre la fermeture programmée de notre usine, nous en avons entendu ! Par exemple, en juillet 2012, quand PSA a annoncé la fermeture de notre usine et la suppression de 11200 emplois, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg expliquait que c’était « inacceptable ». Trois mois plus tard, c’était devenu, dans sa même bouche, « inévitable ».

La catastrophe politique, elle résulte de la catastrophe sociale. A PSA, nous subissons celle-ci de plein de fouet. Il y a cinq millions de chômeurs, 1000 ou 1500 de plus chaque jour, et les grandes sociétés du CAC40 se targuent de résultats en hausse ! La catastrophe sociale, c’est qu’une entreprise comme PSA puisse rayer de la carte une usine de 3000 salariés en Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre de France, où il y a déjà 137 000 inscrits à Pôle Emploi ! C’est que Renault puisse à la fois dégager 1,7 milliard de profits au bas mot, et imposer à ses salariés jusqu’à 21 jours travaillés en plus, des salaires bloqués, la mobilité forcée !

Alors il n’est pas étonnant que les politiciens soient discrédités, de Sarkozy, qui affichait ouvertement sa sympathie pour les nantis, à Hollande, qui s’est fait élire en prétendant lutter contre « la finance », pour mieux la servir.

Pour enrayer la catastrophe politique, il faut que les travailleurs fassent de la politique et ne la laissent plus à des politiciens professionnels, toujours plus proches des puissances de l’argent que de leurs électeurs. Il faut que nous contrôlions les comptes des entreprises. Il faut que le monde du travail mène la lutte de classe, pour inverser le rapport des forces, et réapprenne à rendre les coups, à organiser ses propres combats. A Aulnay, depuis trois mois, nous veillons à mener notre grève collectivement et démocratiquement. Il faut que nous fassions tous de la politique, mais celle des travailleurs, orientée vers les besoins du plus grand nombre, et non vers les profits d’une minorité.

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