C’est à l’ombre de la disparition de son père, Alain Plénel, que le fondateur de Médiapart vient d’écrire un essai alerte pour « dire non ». Méconnu en France mais commémoré en Martinique, le père du journaliste avait été démis de ses fonctions d’inspecteur d’académie qu’il exerçait dans l’un des départements des Caraïbes. Des émeutes provoquées en 1959 par un incident raciste avaient causé la mort de trois jeunes. Alain Plénel avait alors proposé qu’une école porte le nom de l’un d’eux. Son allocution lui coûta sa carrière de fonctionnaire. C’est au nom des idéaux républicains et de son combat contre la xénophobie et le colonialisme qu’il « commit ce crime ».
« Le lit de la droite et la ruine de la gauche »
Ce “non” de conviction inspire Edwy Plenel dans ce moment trouble de notre histoire, où « les monstres » reviennent. Un épais brouillard voile l’espérance. Face aux surenchères sécuritaires et xénophobes, Edwy Plenel plaide pour des réponses radicalement démocratiques et sociales. « Tous, au bout du compte, n’auront fait que le lit de la droite et la ruine de la gauche » : le réquisitoire contre la gauche de gouvernement est sans appel. La cohérence personnelle de François Hollande est celle « d’un libéral en économie qui croit aux vertus du marché ». Une élite gestionnaire a pris les rênes avec le sentiment de savoir mieux que le peuple.
Cette logique façonne toute l’action gouvernementale. En effet, « que pèsent, à la vérité, la hauteur poétique de la ministre de la Justice, le volontarisme social du ministre du Redressement productif et l’exigence intellectuelle du ministre de l’Éducation face à des choix économiques, sociaux, sécuritaires, voire internationaux, qui ne marquent pas de différence évidente avec une politique de droite modérée ? »
« Remettre la politique au poste de commande »
Un peu prémonitoire, Plenel rappelle que Manuel Valls a obtenu 5,63 % des suffrages dans la primaire socialiste : « La France n’a pas voté pour Manuel Valls » Car ce n’est pas à son camp que Valls a donné des gages mais au camp adverse : « Il en épouse non seulement les refrains idéologiques, mais aussi les hiérarchies sociales et les pratiques culturelles. »
Plenel résume ainsi la gravité de l’échec gouvernemental : « Un abîme est devant nous, où nous entraîne une politique sans hauteur qui, depuis mai 2012, n’a cessé de plier devant les obstacles – européens, financiers, institutionnels. » Il déplore tout particulièrement les renoncements socialistes à changer les institutions, « du pouvoir et de son exercice, de la démocratie et de sa vitalité. » Son appel vise « tout simplement » à « remettre la politique au poste de commande. La politique comme invention permanente, volonté collective et bien commun. » « Le non que nous leur imposons n’est pas de simple indignation mais d’invention [...]. Un non de création. Dire non pour inventer notre oui », conclut le journaliste.
Appelant à fabriquer un imaginaire archipélique, tel que prôné par Édouard Glissant, une politique des humanités, Edwy Plenel prévient avec raison que nous sommes au pied du mur : « Inventer ou renoncer, oser ou reculer. » Message reçu.
Nous avons dit "non" le 29MAI2005 ...et ensuite ? - on attend !
Nous avons dit "non" le 6 mai 2012...et ensuite ? - on attend !
Certains redisent "OUI", en cette période électorale des Européennes , à une EUROPE SOLIDAIRE, au travers d’une pétition "manifeste"
voir petitions24.net/fondamentaux_dune_europe_solidaire
Dire "OUI" sans qu’il s’inscrive dés maintenant et sans attendre dans des actes concrets ?
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