« Fermez le local ! Arrêtez les ratonnades », « pas de fachos dans les quartiers, pas de quartiers pour les fachos », criait la foule lors de la manifestation samedi pour exiger la fermeture de La Traboule, le local et siège national de Génération Identitaire. La Traboule a ouvert ses portes en octobre 2010 en plein centre historique, dans le Vieux-Lyon. Ils étaient 1800 selon la police, 3000 selon les organisateurs, le collectif de vigilance 69 contre l’extrême-droite, à s’opposer aux provocations de l’extrême-droite. Selon le collectif, les agressions seraient en augmentation depuis l’établissement de ce mouvement ethno-régionaliste et anti-musulman dans le quartier.
Si les musulmans sont pris pour cibles, les personnes identifiées comme de gauche le sont tout autant. Vigilance 69 rapporte ainsi qu’un jeune s’est fait rouer de coups en février à quinze contre un alors qu’il essayait de retirer des autocollants de Génération identitaire. En juillet 2011, un bar à chicha est saccagé. A l’intérieur on pouvait lire des inscriptions comme « Hitler n’a pas fini le travail ». Les habitants gardent en mémoire les vitrines de restaurants kebab brisées lors d’une marche pour « la liberté d’expression » en mai 2011 (l’intitulé « marche des cochons » avait été interdit). Et la liste pourrait largement s’allonger...
Vieux-Lyon : territoire de toute l’extrême-droite
Depuis La Traboule où trône un casque de légionnaire sur une cheminée médiévale, le porte-parole de Génération Identitaire, Damien Rieu récuse toute responsabilité. Pourtant les Identitaires sont pointés du doigt par la justice. Par exemple, le secrétaire de l’association « Les Petits Lyonnais », vitrine culturelle de Génération identitaire, a été condamné à 5 mois ferme, pour avoir agressé deux personnes en avril 2011.
Ces actions violentes ne sont pas du seul fait des adhérents de La Traboule. C’est toute l’extrême-droite qui a ses habitudes dans le Vieux-Lyon et elle marque son territoire. La ville est un laboratoire national pour toutes ces mouvances : viré du Front National pour des photos de lui effectuant des saluts nazis, Alexandre Gabriac fonde à Lyon en octobre 2011 les Jeunesses nationalistes. Il était présent ce même samedi au XVe « Forum de la nation » dans l’agglomération lyonnaise où était invité la pétainiste Oeuvre française, des négationnistes ou encore les Allemands du NPD.
Un mouvement rassembleur
La manifestation est parvenue à rassembler un public divers à l’image du collectif Vigilance. Si les anarchistes étaient nombreux, des élus socialistes et du Front de gauche marchaient au premier rang, des membres de SOS Racisme suivaient tout comme des employés et responsables de MJC, des habitants et commerçants du quartier.
Tout en reconnaissant « le travail des anarchistes », le Conseiller régional Gauche unitaire, Armand Creus tient à ce que ne soit pas « un combat extrême-droite contre extrême-gauche mais démocratie contre totalitarisme ». « Nous retrouverons les socialistes lors des luttes sociales mais pour l’instant la priorité est de pouvoir manifester sans les nervis fascistes », explique l’anarchiste David qui a lui-même reçu un tesson de bouteilles sur le crâne en mars 2010 alors qu’il sortait d’un bouchon lyonnais (13 point de sutures).
Au passage du défilé aux abords du quartier Saint-Jean, quartier où se trouve le local, la tension est palpable. Deux jeunes font des saluts nazis à l’adresse des manifestants. Sur les marches menant à leur local les jeunes identitaires regardaient le défilé en mettant en évidence le drapeau de Lyon. Malgré ces provocations aucun incident n’est à signaler. Une autre victoire pour le collectif.