Accueil | Entretien par Pierre Jacquemain | 9 septembre 2021

Alain Gresh : « Il n’y a pas de solution militaire à la lutte contre le terrorisme »

20 ans après les attentats du 11 septembre 2001, la lutte, la « guerre » même, contre le terrorisme n’a jamais été plus au centre du débat public. Alain Gresh, directeur du journal en ligne Orient XXI, est l’invité de #LaMidinale.

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 Sur la “guerre” contre le terrorisme 
« On ne fait pas la guerre contre un moyen d’action et le terrorisme est un moyen d’action. C’est comme si on disait que l’on fait la guerre contre les chars. »
« Le terrorisme est un moyen d’action utilisé depuis très longtemps pas des groupes très différents, de l’extrême droite à l’extrême gauche, des nationalistes, des mouvements sionistes dans les années 40 aux mouvements palestiniens, sans parler du terrorisme d’Etat… »
« La notion de guerre contre le terrorisme élimine la politique : on se place dans une lutte contre le mal. »
« L’anniversaire des 20 ans du 11 septembre 2001 tombe au moment où les Américains se retirent d’Afghanistan : cela signe l’échec de cette stratégie de guerre. »
« La guerre contre le terrorisme a installé dans le paysage un Occident qui ferait face à une menace diffuse et dangereuse : or une partie du monde arabe et de la population européenne qui n’a rien à voir avec, se sent visée par ces attaques. »
« L’Occident se place souvent comme un donneur de leçons qui a l’impression d’apporter la justice partout sans voir ce qui se passe sur le terrain : le bagne d’Abou Gharib, la guerre contre l’Irak, les assassinats ciblés, les tortures dans les prisons, la manière dont nos alliés égyptiens se comportent… tout cela, on n’en a pas trop conscience mais dans le monde arabe, cela apparaît comme un double discours qui nourrit celui des islamises radicaux. »

 Sur le rapport des pays occidentaux aux pays musulmans 
« Le rapport des pays occidentaux aux pays musulmans a beaucoup changé - et particulièrement pour la France. »
« Jusqu’à la guerre en Irak, on ne parlait pas de monde occidental. Le Quai d’Orsay n’utilisait par exemple jamais la formule : cela a commencé avec Nicolas Sarkozy. Il y avait cette idée que la France pouvait être un pont. »
« La France s’est totalement alignée sur la position américaine, comme tous les autres alliés occidentaux. On l’a bien vu à Kaboul : ils ont décidé unilatéralement de se retirer et ils ont mis des milliers d’hommes sur le terrain devant le fait accompli. »
« Le monde n’est pas uniquement occidental : d’autres pays ont de l’importance comme le Pakistan, l’Inde, la Chine, l’Iran… »
« Nous sommes entrés dans un monde multipolaire mais beaucoup de médias et de politiques refusent de les voir… »
« Il y a une volonté de voir partout des affrontements Occident-Orient… Avec des délires absolus comme imaginer qu’une fille qui porte le foulard, c’est un complot de l’islam politique. »
« Il y a quelque chose de commun à l’islamophobie et l’antisémitisme, c’est l’idée d’un complot. »
« Ce que dit l’extrême droite est devenu banal - et pas seulement à droite, aussi à gauche au nom de la défense d’une prétendue laïcité. »
« En 1990, le monde a vu la guerre en Irak à travers CNN (c’était le début de la télé en direct) et en 2001, surgit Al-Jazeera avec un autre point de vue, notamment celui des gens du sud. »

 Sur l’Afghanistan 
« Les Américains ne pouvaient ni ne voulaient rester en Afghanistan. »
« Les Américains ont été eux-mêmes surpris de la vitesse avec laquelle l’Etat s’est effondré malgré les milliards d’aide internationale pour l’armée afghane. »
« Si je compare avec les Soviétiques, je remarque qu’ils sont partis en laissant une administration qui a tenu 3 ans. »
« L’idée que l’Occident allait libérer l’Afghanistan est un mythe : les écoles n’ont jamais vraiment fonctionné sinon dans les villes. »
« On n’est pas prêt à intervenir dans le monde entier pour intervenir dans les manières dont les sociétés se perçoivent ou se dirigent, c’est l’affaire de leur propre peuple. »
« Au Sahel, c’est la même chose : c’est une guerre qui a été décidée par les socialistes quand François Hollande était président. »
« Il n’y a pas de solution militaire à la question de la lutte contre le terrorisme. »
« Il y a des groupes qu’il faut combattre et avec qui le dialogue est impossible mais d’autres que l’on considère comme terroriste mais avec qui on devrait, comme les talibans. »
« Est-ce qu’on va intervenir en Chine parce qu’il y a ce qu’il se passe avec les Ouighours ? »
« La France viole les textes sur les ventes d’armes : oui, il y a des choses évidentes à faire immédiatement. »

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