Accueil | Entretien par Pablo Pillaud-Vivien, Pierre Jacquemain | 6 juillet 2021

« Anne Hidalgo s’indigne davantage du litre de peinture versée sur une vitrine que des injustices »

Après l’action symbolique d’Attac à la Samaritaine, l’organisation altermondialiste fait l’objet de nombreuses critiques à droite, LREM et d’Anne Hidalgo. A gauche, on fait bloc derrière Attac pour dénoncer l’enrichissement des milliardaires pendant la crise sanitaire. Raphaël Pradeau, porte-parole d’Attac, est l’invité de #LaMidinale.

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UNE MIDINALE À VOIR...

 

ET À LIRE...

Sur Anne Hidalgo à propos de l’action d’Attac sur la Samaritaine
« Anne Hidalgo était présente avec Emmanuel Macron pour inaugurer la Samaritaine. »
« Les médias ont dit que notre action avait créé beaucoup de polémiques à droite comme à gauche. Je n’ai pas l’impression que l’on puisse dire ça puisqu’à gauche, on a reçu énormément de soutiens de la part du NPA, de LFI, du PCF, d’EELV, de Génération.s, d’organisations, d’associations et de syndicats. »
« Anne Hidalgo a eu des positions assez similaires à celles exprimées par LREM, LR ou même Alexandre Bennalla qui nous a tapé dessus : sous nos yeux s’est constitué ce qu’on appelle un bloc bourgeois. Pour ces personnes, dont Hidalgo qui se dit de gauche, s’indigne davantage du litre de peinture noire versée sur une vitrine que des inégalités et des injustices et de l’enrichissement des milliardaires. »
« Le fait que Bernard Arnault soit propriétaire du Parisien joue dans la réaction aussi vive d’Anne Hidalgo. »

Sur l’action de la Samaritaine
« Notre mode d’action était symbolique. On l’avait déjà fait sur Apple, la Société générale ou Total, mais avec la Samaritaine on s’est rendu compte qu’on avait touché un totem : il ne faut pas, en France, s’attaquer à Bernard Arnault, première fortune de France. »
« On a parlé de vandalisme, de saccage : les gens pensent qu’on a tout cassé alors qu’il suffit de passer devant la Samaritaine et voir qu’il n’y aucune trace de notre action. »
« Toute l’année, on fait des rapports, des pétitions, des actions symboliques et personne n’en parle. Là on s’indigne d’un pot de peinture sans arrêter à ce que l’on dénonce. »
« On veut nier l’action politique de notre action. »
« LVMH a versé 3 milliards d’euros de dividendes en 2021 ce qui veut dire 1,5 milliards d’euros pour Bernard Arnault puisqu’il détient la moitié des actions et en même temps, LVMH a supprimé des emplois : c’est 888 emplois en France. »
« L’action a été menée avant l’ouverture de la Samaritaine et n’a pas empêché les salariés de travailler. »

Sur le rapport de la crise sanitaire et l’enrichissement
« On a voulu pointer l’enrichissement indécent des milliardaires. »
« Le gouvernement veut faire des économies sur les plus précaires : en rognant sur les APL, les allocations chômage. Il refuse d’aller prendre l’argent où il est. »
« Pendant la crise il y a eu enrichissement par les aides publiques d’Etat, par le chômage partiel - qui était une bonne chose - mais ça s’est aussi traduit par des aides sans aucune conditionnalité. La BCE a aussi racheté massivement des actions ce qui a dopé le cours des actions. »
« La suppression de l’ISF et de la flat tax a contribué à favoriser le versement de dividendes. Il y a cette logique de toujours plus de revenus financiers et des revenus financiers qui sont toujours moins taxés. »

Sur la croissance
« Il est certain qu’il va falloir faire décroitre un certain nombre de production et de consommation qui n’apportent rien et dégradent l’environnement. On pourrait s’interroger sur l’utilité du luxe. »
« Les plus riches sont ceux qui dégradent le plus la planète. »
« Il faut se passer des énergies fossiles. »
« Il y a des besoins qui vont croître : on parle beaucoup de la dépendance donc il faut créer un service public pour les personnes dépendantes. »
« Le mot décroissance est un mot obstacle. »
« Il faut concilier les objectifs climatiques et les objectifs sociaux. »
« Pour arriver à financer les besoins sociaux et les besoins écologiques, il y a besoin de recettes publiques et donc que chacun paie sa juste part d’impôts. »

Sur les actions de désobéissance civile
« Ca fait 20 ans qu’ATTAC existe, 20 ans que j’y suis, 20 ans que l’on demande la fermeture des paradis fiscaux… et qu’est-ce qui a été fait ? Rien. Donc à un moment donné, il est assez légitime d’utiliser d’autres modes d’action. »
« Bien sûr que c’est illégal d’aller piquer des chaises à la BNP ou de recouvrir de peinture la Samaritaine. Mais cela permet de poser des questions et de faire avancer la loi. »
« On est prêt à prendre un certain nombre de risques pour une cause qui nous semble juste. Mais elle ne nous semble pas juste qu’à nous : qui peut trouver normal de demander aux plus précaires de faire des efforts et ne rien faire pour que les plus riches paient leur juste part d’impôts ? »
« Si ATTAC ne faisait que balancer de la peinture sur des vitrines toutes les semaines, ça serait certainement contre-productif mais là par exemple, on peut parler de la note qu’on avait publiée avec Oxfam sur l’enrichissement des milliardaires, du rapport de l’Observatoire des multinationales qui montre que les entreprises du CAC40 se sont gavées d’aides publiques tout en licenciant et en versant des dividendes. »
« Quand on a à ce point-là des médias et des responsables politiques qui nous traitent de vandales, ça peut brouiller le message. »
« Nous, on a assumé le clivage. »
« La sympathie pour ATTAC a fortement augmenté depuis samedi. »
« Si on dit à Bernard Arnault de payer ses impôts ou à Emmanuel Macron de mener une politique de justice fiscale, on ne va pas réussir à les convaincre, même avec les meilleurs arguments du monde. »

Sur les risques de plainte voire de dissolution
« J’ai envie de dire à LVMH et à Bernard Arnault : allez-y, portez plainte. Ils ont dit à l’AFP qu’ils envisageaient de le faire mais ils ne le feront pas parce qu’ils savent très bien que s’il y avait un procès, ce serait une nouvelle tribune et ce serait un procès pour LVMH et Bernard Arnault. »
« Je pense qu’il ne faut pas prendre la menace de dissolution à la légère. »
« On est dans un contexte où le gouvernement sait qu’il mène une politique injuste et n’offre à la colère sociale que la répression policière et des tentatives d’intimidation. »
« On ne va pas se laisser intimider et on va mener, dès la rentrée prochaine, une grande opération de désobéissance civile où l’on va prélever à la source des multinationales qui ne paient pas leur juste part d’impôt. »

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