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Sur le double meurtre au Pôle Emploi de Valence
« Avant la pandémie, ce qui dominait dans l’opinion publique, dans les médias et dans les analyses sociologiques et psychologiques du travail, c’était l’importance du nombre de suicides, de tentatives de suicide, d’autoexclusions et de mises en inaptitude. »
« Le climat anxiogène déclenche un sentiment d’impuissance totale tel que des gens fragiles peuvent arriver à commettre des actes épouvantables. »
« On peut considérer qu’il y a des gens qui n’arrivent pas à s’adapter au monde du travail tel que nous le connaissons, qu’ils ne sont pas suffisamment résilients… Ces gens-là ne peuvent essuyer que des échecs qui entrainent du ressentiment. Mais c’est une inversion des responsabilités : s’il y a autant de mal-être, de burn-out et de souffrance psychiques au travail, c’est parce que nous sommes dans un monde dominé par des logiques managériales particulièrement délétères. »
Sur la crise économique actuelle qui va entraîner des licenciements
« Une personne en échec professionnellement va se retrouver dans une exclusion sociale. »
« Etre privé d’un emploi est vécu de façon très douloureuse parce que les salariés ont l’impression de ne plus avoir de valeur citoyenne et sociale. »
« Les sans emploi souffrent d’une illégitimité : ils ne peuvent prendre pied de façon citoyenne dans la société pour contribuer à sa pérennité. »
« Il y a un développement d’un sentiment d’impuissance qui existe déjà chez ceux qui ont un emploi car la relation salariale implique une subordination avec un modèle de modernisation managériale de plus en individualisé et personnalisé. »
« Auparavant, on pouvait exister collectivement malgré la subordination (par la grève, un peu de sabotage…). »
« Il y a une précarité subjective pour des gens, y compris fonctionnaires ou en CDI, parce que la subordination est personnalisée et cela les rend dépendants et impuissants. »
Faut-il repenser le travail ?
« En France, comparativement à d’autres pays, le travail représente une activité beaucoup plus essentielle qu’ailleurs pour la constitution de sa propre identité et de l’image de soi. »
« En France, les salariés mettent leur honneur dans le travail et veulent se reconnaitre dans leur travail autant que d’être reconnu dans ce travail. »
« Pour repenser le travail, il faut être en capacité de libérer l’intelligence collective de manière à ce qu’elle s’empare démocratiquement de la question. »
« Il faut repenser ce qu’est le travail et à quoi il sert. »
« Il faut repenser ce que sont les entreprises qui ont été appropriées par le patronat. »
« Il faut remettre en question le lien de subordination. »
Sur le travail en cette période de pandémie
« Il y a un sentiment chez les gens : ils ne sont plus dans le réel. »
« Sans socialisation, le travail perd de sa réalité et il devient de plus en plus douloureux. »
« La rationalité ultra-libérale économique nous a conduit à des situations irrationnelles et ubuesques. »
« Avec le télétravail, le salarié perd le sentiment d’appartenir à une communauté professionnelle. »
« Aller au travail, c’est sortir de chez soi et de sa tête. Le travail est réparateur sur le plan psychologique car on se confronte à d’autres logiques et d’autres difficultés. Mais si cela devient une atomisation où chacun est confronté à son écran, il y a une sorte d’effondrement psychologique. »
« En France encore plus que pour bien d’autres pays, il y a une défiance fondamentale à l’égard des salariés. La peur de ne pas pouvoir les surveiller est quelque chose de très ancré dans l’esprit managérial. »
« Certaines entreprises ont vu que le télétravail marchait très bien et se sont dit qu’elles allaient faire des économies avec, notamment avec les cadres intermédiaires. »
« Lorsque les salariés sont atomisés chez eux, ce n’est pas comme ça qu’ils vont pouvoir contester leurs conditions de travail ou que les organisations syndicales vont pouvoir se faire entendre. »
« J’espère que la fin du salariat ne sera pas l’aboutissement de ce que nous vivons actuellement. »
« Le salariat est extrêmement protecteur car c’est un mode collectif de défendre des intérêts communs. »
« Faire évoluer le salariat, c’est faire sauter le lien de subordination. »