Accueil | Entretien par Pierre Jacquemain | 21 février 2019

Denis Gravouil (CGT) : « Il faut combattre l’idée que la flexibilité est inéluctable »

Hier, les négociations entre le patronat et les syndicats sur l’assurance chômage ont échoué. Alors que le patronat est pointé du doigt, l’Etat reprend la main mettant un coup d’arrêt au paritarisme. Ce qui n’est pas pour déplaire à Emmanuel Macron qui avait déjà évoqué l’idée que l’Etat reprenne la gestion de l’Unedic. Denis Gravouil, syndicaliste de la CGT présent aux négociations, est l’invité de #LaMidinale.

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VERBATIM

 

 Sur l’échec des négociations avec le patronat 
« On savait que la négociation avait échoué depuis au moins deux ou trois séances. »
« Le patronat n’a jamais voulu lâcher de système de modulation de cotisations sur les contrats courts et les contrats précaires. »

 Sur la reprise en main par l’Etat de l’assurance chômage 
« Emmanuel Macron a une vision où il se dit qu’il peut se passer des syndicats et du patronat. »
« Le patronat a ses lobbys pour rentrer au château ou à Matignon. »
« Emmanuel Macron méprise les syndicats et notamment les syndicats les moins enclins à faire les premiers de la classe. »
« On a eu une lettre de cadrage qui obligeait à faire des économies considérables sur le dos des chômeurs : 1,3 milliards par an, ce qui représente des baisses de 3, 10, 30% de salaire pour certains. »
« Il y a un échec parce qu’il n’y a pas d’accord mais, à la CGT, il faut s’interroger sur ce qu’on appelle un échec : s’il y avait eu un accord pourri qui baissait les droits des chômeurs, pour nous, ce n’était pas une victoire. »
« Il n’y a pas d’accord parce que, heureusement, le patronat et les signataires habituels des conventions UNEDIC n’ont pas trouvé le moyen de baisser les droits des chômeurs et maintenant, c’est au gouvernement de prendre des décisions - ou pas. »

 Sur la réforme de l’assurance chômage 
« Il y a des débats au sein du gouvernement, entre le gouvernement et l’Elysée, pour savoir s’il faut vraiment embêter les employeurs qui emploient les contrats les plus courts. »
« Certains, notamment à Matignon, ne sont pas du tout prêts à envisager des systèmes de bonus/malus. »
« Le gouvernement se dit qu’il ne faut pas embêter les entreprises à qui il a permis d’utiliser des contrats de plus en plus courts, grâce aux ordonnances sur la loi travail. »
« Depuis quelques semaines, il est plus compliqué pour le gouvernement de prendre des mesures de destruction de la protection sociale. »

 Sur les risques pour les chômeurs 
« Pour les demandeurs d’emplois, c’est un conditionnement encore plus grand de l’allocation - sachant qu’il y a à peine un chômeur sur deux qui est indemnisé. »
« Il y a un risque d’être soumis à encore plus de contrôles et à l’obligation d’accepter n’importe quel boulot. »
« La structure de ce que veut Emmanuel Macron, c’est une organisation du marché du travail dans lequel il y a moins de chômage mais beaucoup plus de précaires. »

 Sur les intermittents du spectacle 
« Comme il y a eu des batailles depuis plusieurs années et que le patronat ne supporte pas d’avoir des règles spécifiques pour les artistes, techniciens et intermittents du spectacle - et qui sont précaires toute leur vie -, il y a une négociation spécifique sur le sujet. Et ce qu’on dit, c’est qu’il faut l’appliquer alors que le MEDEF veut s’assoir dessus. »

 Sur le discours du gouvernement à propos des chômeurs et des précaires 
« Le gouvernement tient le discours des libéraux. »
« Aujourd’hui le chômage est vu comme un petit filet de sécurité pour accompagner la précarité et la flexibilisation du travail. Il leur faut une armée de précaires. »

 Sur les évolutions du monde du travail et syndicalisme 
« Il faut combattre l’idée que la flexibilité est inéluctable. »
« On pense que le pays est assez riche pour proposer une sécurité sociale professionnelle c’est-à-dire un système où personne n’est privé de revenu. »
« Il faut déconnecter le travail de l’emploi et la rémunération doit être assise sur le droit au travail. »
« Même si on perd son emploi, on doit continuer à être rémunéré et à garder son ancienneté. C’est beaucoup mieux que le revenu universel. »

Sur la mobilisation sociale
« C’est clair qu’il y a besoin de rapport de force pour faire changer ce gouvernent. »
« Tout seul, on n’y arrivera pas. Les gilets jaunes rebattent les cartes en termes de mobilisation et de contestation de la politique du gouvernement. »
« Il faut amplifier la mobilisation et se retrouver. »
« Le MEDEF, c’est 57 milliards de dividendes distribuées alors que l’assurance chômage, ce n’est que 37 milliards d’allocation. »
« Il faut trouver des convergences, des unités d’actions, et c’est possible sur un grand nombre de revendications sociales des gilets jaunes. »
« Le rapport de force, c’est le seul moyen de se faire entendre et c’est toujours comme ça qu’on a gagné. »

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  • Je reste très étonné qu’à la CGT il n’y a pas de réflexion pointue sur le salaire à vie que propose B Friot qui n’a rien à voir avec le revenu universel que B Hamon voulait nous fourguer ...Je serai content d’en connaître les raisons .Cordialement

    jaime Le 21 février 2019 à 13:30
       
    • travail obligatoire pour tous !
      vos rêves de petits bourgeois qui veulent devenir rentiers comme les grands bourgeois : non merci.
      C’est le travail qui fait d’un homme quelconque un fier prolétaire, avec une conscience de classe et une approche matérialiste.
      La rente produit des malades mentaux, des idéalistes, des utopistes, qui cherchent le sens de la vie dans le sexe des anges au lieu de s’impliquer consciemment dans le processus de production.

      loulou Le 25 février 2019 à 14:50
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