Emmanuel Maurel : "Nous devons renouer avec une analyse critique du système capitaliste."
Au lendemain de l’accord des sociaux-démocrates allemands avec les conservateurs de la CDU, où va la social-démocratie ? Quel avenir pour les socialistes français alors que se prépare le congrès de la "refondation" ? Pour en parler, Emmanuel Maurel, candidat de l’aile gauche du PS pour en prendre la tête, était l’invité de #LaMidinale.
Sur l’accord SPD/CDU en Allemagne
« Les camarades sociaux-démocrates allemands sont dans une situation tragique. »
« La vérité, c’est que précisément l’extrême-droite et les partis nationalistes se nourrissent de l’indifférenciation progressive entre la droite et la gauche. »
« La social-démocratie européenne est traversée par des contradictions majeures. »
Sur les socialistes français
« Il y a des socialistes français qui ont été très complaisants à l’égard d’Emmanuel Macron. »
« Les gens ne nous reconnaissent plus et d’ailleurs, nous-mêmes nous ne nous reconnaissons plus. »
« Tout dans la déclaration de politique générale d’Edouard Philippe devrait nous inciter à la vigilance et à une opposition résolue. »
« La seule condition pour revenir dans une position centrale à gauche, c’est la clarté : par rapport à Macron et par rapport à ce que nous avons fait pendant cinq ans. »
Sur le bilan du quinquennat de François Hollande
« Si l’on veut que le sursaut soit au rendez-vous, on est obligé de faire un inventaire critique et lucide de ce qu’on a fait pendant cinq ans. »
« Il y a des réformes qui ont heurté et choqué nos électeurs ; il y a des engagements qui avaient été pris et qui n’ont pas été tenus ; il y a une pratique du pouvoir qui n’a pas été différente des autres. »
« Nous devons renouer avec le corps central de la société, les ouvriers et les employés. »
Sur la place du Parti socialiste
« Nous sommes clairement dans l’opposition (…). Nous devons renouer avec une analyse critique du système capitaliste et de cette course folle au profit. »
« Nous voulons rassembler la gauche (…). Il faut être unitaire pour deux, pour trois, pour dix. »
« Je crois à la forme parti. »
Sur les propos de Delphine Batho (cf. "la mafia")
« Il faut mesurer les termes qu’on emploie (…). La mafia ça veut dire des délits, des crimes, et je ne crois pas que ça soit le cas du Parti socialiste. »
« Ce qui me choque dans ce que dit Delphine, c’est cette façon de stigmatiser des militants et un parti qui reste un parti démocratique. »
« Delphine Batho est membre des instances nationales du PS : si elle avait eu des choses à contester, il fallait qu’elle les exprime. »
Sur les autres candidats à la tête du PS
« Rien de ce qui est à gauche ne m’est étranger. »
« Ils [les candidats à la tête du PS] sont de gauche ; je n’ai pas l’impression qu’ils aient tourné le dos à cette histoire séculaire qu’est le socialisme français. »
Sur les européennes de 2019
« Il faudra que tout ceux qui veulent travailler à une autre Europe se fédèrent. »
Il n’est jamais trop tard pour bien faire ! Mais la tâche sera rude .
Ayant assumé des responsabilités écrasantes dans la faillite du socialisme français, Le PS n’est évidemment pas étranger au constat actuel : La gauche est aujourd’hui en miettes , réduite à une représentation historiquement basse à l’Assemblée nationale et semble avoir épuisé sa force propulsive ; L’incertitude est grande sur les chemins que vont désormais emprunter les espérances d’émancipation et les formes qu’elles vont prendre ; la rapidité brutale des nouvelles réformes ultra libérales du début du quinquennat Macron placent les classes populaires méprisées et humiliées en marge du débat politique , et le mouvement syndical, en dépit des luttes et manifestations de l’automne dernier semble tétanisé.
Dans cette situation difficile où la riposte s’impose et se cherche, s’affirme aussi la nécessité et l’urgence de repenser, de redéfinir une gauche « ancrée dans le présent et instruite par ses deux siècles d’histoire », comme le propose l’historienne Marion Fontaine... Oui, il y a du boulot !
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