VERBATIM
Sur la tentative d’inventaire du PS
« Il est un peu tôt pour dire qu’il y a tournant parce que cela voudrait dire que la direction vers laquelle va le PS soit très claire, ce qui, pour l’instant, n’est pas le cas. »
« Il y a un vrai début d’inventaire (au PS), assez honnête selon moi. »
« Dans le discours d’Olivier Faure, il y a l’idée que le PS n’aurait pas tiré les conséquences du changement politique international et économique intervenu depuis une vingtaine d’années. »
« Olivier Faure a été très critique, notamment sur la loi El Khomri et sur la déchéance de nationalité, et plus fondamentalement sur le fait que le quinquennat de François Hollande n’a pas été guidé par un véritable projet de transformation politique. »
« L’équipe actuelle du PS a une vraie volonté de tirer toutes les conclusions du quinquennat qui est vu comme raté. »
Sur le PS et l’Europe
« La question européenne concentre toute la contradiction dans laquelle se trouvent le PS et les partis sociodémocrates. »
« Au PS, le projet européen a remplacé à partir de 1983-1984 “le socialisme dans un seul pays”. »
« Une fois le tournant de la rigueur amorcé, François Mitterrand et les socialistes ont proposé l’Europe comme la solution à tous leurs problèmes. »
« Les sociodémocrates français et européens n’ont jamais réussi à imposer l’Europe sociale. »
« Olivier Faure nous dit que le PS a échoué à créer une Europe sans nous dire comment on va pouvoir y arriver. »
Sur les électeurs socialistes
« 50% des électeurs de François Hollande de 2012 ont voté pour Emmanuel Macron dès le premier tour en 2017 ; ce qui me fait d’ailleurs dire que ce n’est pas si simple de dire que les socialistes ont perdu parce qu’ils avaient mené une politique insuffisamment à gauche. »
« Le PS se dit qu’il y a 15 à 20% des électeurs de gauche qu’il faut essayer de récupérer en les détournant d’Emmanuel Macron autant qu’en les détournant de la gauche du PS. »
Sur les difficultés actuelles du PS
« La difficulté aujourd’hui du PS, c’est qu’il n’a plus d’allié. »
« Ce qui fait encore la différence entre le PS et les autres forces de gauche, c’est l’ancrage local. »
« Aux municipales de 2020, le PS pourrait reprendre du poil de la bête. »
« Aujourd’hui, quand on regarde l’état du militantisme à gauche, sans même se focaliser sur le monde politique et partisan, on voit que c’est très compliqué parce qu’il n’y a que des petits appareils qui ne peuvent faire un bouillonnement et un ancrage social qui permettent d’imaginer un renouveau. »
« Il y a un bouillonnement militant mais est-ce que ces militants sont capables de se reconnaître dans un parti politique avec une forme classique, même structurée en courants ? On peut en douter. »
Sur les possibilités qui s’offrent au PS
« Il faut regarder à Podemos ou dans le M5S, non pas sur le plan programmatique, mais sur la manière de s’organiser. »
« L’imagination devra porter sur l’invention d’un parti démocratique. »
« Il faut trouver quelque chose qui à la fois respecte l’autonomie et cette méfiance à l’égard des partis politiques institués et des formes d’organisation démocratique qui rassemblent largement. »
« La France insoumise comme En Marche sont à la fois trop pyramidaux et trop régulés : il faut une organisation souple avec des cercles concentriques de gens qui peuvent participer de diverses façons à la vie politique mais qui se sentent membres et associés à l’élaboration du choix des personnes et du programme. »
« On ne pourra pas changer les choses simplement en gagnant une élection, fut-elle présidentielle. »
Sur les idées de gauche
« Dès lors que la gauche est incapable de rassembler, n’importe quel entrepreneur politique populiste peut prétendre à y arriver mieux : retour au nationalisme, à la tradition, au conservatisme ou une espèce d’hyper démocratisme dans lequel la majorité a raison quel que soit le sujet sur lequel elle se prononce. »
« Les idées de gauche ne disparaissent pas, même si les blocs politiques de gauche sont faibles. »
« Prochainement, des formes organisationnelles ou des partis qui récuseront peut-être le terme de gauche mais qui mettront en avant ses valeurs, vont l’emporter. »
« Ce que paye le PS, ce n’est pas seulement qu’il n’ait pas été suffisamment à gauche mais surtout pas suffisamment clair dans ce qu’il voulait : après tout, on aurait pu imaginer que l’entreprise qu’il représente assume de dire qu’il y a une mondialisation, de la concurrence, qu’on ne peut plus utiliser les recettes interventionnistes d’hier… Le PS perd parce qu’il n’a choisi sur aucun tableau. »
Sur la confiance envers les partis et mouvements de gauche
« Avec le PS, il y a un problème de confiance massacrée vis-à-vis de la gauche et ça prend du temps. »
« Il est clair dans la tête de beaucoup de communistes qu’il n’est pas question de faire du modèle communiste soviétique l’horizon du communisme ; en même temps, est-ce que l’on a réussi à définir clairement ce que doit être le communisme du XXIè siècle, je n’en suis pas sûr. »
« Pour les écologistes, c’est compliqué aussi : il ne suffit pas de dire qu’il faut aller vers une société moins destructrice ou plus fraternelle pour convaincre qu’on a les leviers pour le faire. »
« Les valeurs de gauche ne sont pas en déshérence mais les électeurs susceptibles de s’y reconnaître n’ont pas confiance (dans les candidats et les partis). »