Accueil | Entretien par Pierre Jacquemain | 3 décembre 2019

Germain Louvet : « Ce n’est pas parce qu’on travaille dans un palais qu’on a une vie de château »

La première caisse de retraite a été créée à l’Opéra de Paris. Les personnels de l’institution culturelle, mondialement connue et reconnue, seront au rendez-vous, ce 5 décembre prochain, dans les rues de Paris. Danseurs et danseuses compris. À commencer par le jeune étoile de l’Opéra, Germain Louvet, qui est l’invité de #LaMidinale.

Vos réactions
  • envoyer l'article par mail envoyer par mail
  • Version imprimable de cet article Version imprimable

UNE MIDINALE À VOIR...

 

À ÉCOUTER...

>> sur Spotify
>> sur Apple

 

ET À LIRE...

 Sur la réforme des retraites et l’Opéra de Paris 
« On est concerné de plein fouet par cette réforme puisqu’on est, en tant que danseur de l’Opéra de Paris, en régime spécial. »
« L’institution de l’Opéra de Paris bénéficie d’un régime spécial du fait des différents métiers très spécifiques qui cohabitent à l’intérieur de l’Opéra. »
« Notre caisse de retraite est la plus vieille du monde. C’est la première caisse de retraite à avoir été créée en France. »
« On est mobilisé, de part notre propre exemple, pour le général et le collectif : cette réforme vise clairement à nier l’attention spécifique qui devrait être portée à chaque corps de métier. »

 Sur le caractère « privilégié » du statut de l’Opéra 
« On est des artistes privilégiés par rapport à d’autres artistes interprètes au sens où tous ne bénéficient pas de notre statut. »
« Les artistes interprètes ont souvent des situations beaucoup plus précaires. »
« Je ne pense pas que l’on puisse dire que les danseurs sont des privilégiés par rapport aux autres régimes, eu égard notamment à la pénibilité et aux conséquences de notre métier sur notre corps. »
« La danse concerne chaque partie du corps. C’est un entraînement quotidien. C’est à la fois un entraînement physique et sportif - psychologique aussi. »

 Sur les conditions de travail 
« On commence à travailler très jeune. J’ai commencé à danser à 4 ans même si j’ai commencé réellement la formation à partir de 10-12 ans. »
« Très jeune, on se voue à la danse (…). Il y a quelque chose de l’ordre du sacrifice. »
« On arrive autour de 35-40 ans avec des corps usés et abimés. Des arthroses, des hanches en titanes. »
« Il n’y a pas de marques plus concrètes que les marques de l’effort sur le corps, ce qui justifie notre statut spécifique. »

 Sur le principe de la réforme 
« Je pense que la question n’est pas l’allongement de la durée de vie. La question, c’est plutôt : dans quel état peut-on, veut-on travailler ? Et dans quelles mesures doit-on considèrer qu’une vie est faite pour travailler jusqu’à la fin ? »
« On devrait considérer que c’est tant mieux que notre durée de vie augmente. On devrait se réjouir que nos technologies et nos modes de vie nous permettent de vivre plus vieux et en meilleure santé. »
« Je pense que ça n’est pas humain… à 75 ans, tout le monde mérite du repos. »

 Sur le rapport de forces 
« On est mobilisés et convaincus que notre système ne peut pas se diriger vers ce que la réforme prône. Il faut marquer le coup et montrer que, quoi qu’il advienne au niveau du gouvernement, on n’acceptera pas les bras croisés. »
« Le gouvernement et le ministre de la Culture ne se rendent pas compte à quel point ils risquent générer un écroulement total du fonctionnement de l’Opéra. »
« Notre carrière existe aussi parce qu’elle se termine à 42 ans (…). Notre carrière a précisément du sens parce que la retraite existe derrière : si demain, la réforme passe, les danseurs n’auront plus aucune raison de pousser leur corps à continuer à faire ce qu’il fait jusqu’à 42 ans. »
« Si la réforme passe, le ballet ne pourra plus exister sous sa forme actuelle c’est-à-dire sous une forme d’excellence. »

 Sur le climat social, le désespoir et l’espoir 
« Devant des réalités et les revendications, depuis des années, on est face à des murs : il n’y a pas d’écoute, il n’y a pas d’humanité. Il n’y a pas de conscience humaine. »
« Il y a une prise de conscience du collectif en ce moment : #NousToutes, la marche contre l’islamophobie, les marches pour le climat, jeudi 5 décembre avec la manifestation contre la réforme des retraites. »

 Sur l’Opéra de Paris 
« On montre souvent l’Opéra comme un bijoux d’élitisme. »
« Ce n’est pas parce qu’on travaille dans un palais qu’on a une vie de château. »
« Il y aura une grande mobilisation de l’Opéra, danseurs compris, ce jeudi. »
« Je ne me bats pas ni contre le Ministère de la Culture ni contre ma propre maison que j’aime par dessus tout et qui me permet de vivre en tant qu’artiste de ma passion et de pouvoir la transmettre. »

 Sur la place des artistes dans le débat public 
« La parole de l’artistes est importante mais, plus que la parole de l’artiste, c’est la culture qui est importante. »
« La culture - ou en tout cas son importance - est mise de côté depuis quelques années. »
« On a oublié ce que la culture pouvait apporter d’un point de vue politique, collectif ou social : c’est le premier liant. »
« La culture nous permet de mieux nous comprendre les uns les autres. »
« Il faut que toutes les voix soient entendues. »

Vos réactions
  • envoyer l'article par mail envoyer par mail
  • Version imprimable de cet article Version imprimable

Vos réactions

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.