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Sur l’émancipation sociale à l’école
« Il faut retrouver un des mots confisqué par la droite et notamment le néolibéralisme : l’émancipation est un mot de la gauche. »
« L’émancipation, si on ne l’accouple pas à la dimension sociale, peut devenir simplement une définition de la libre entreprise de soi (…). Y’a des gens pour lesquels, c’est le rôle de l’école. »
« Quand on parle de réussite scolaire, on voit bien que derrière il y a l’idée que l’école est faite pour réussir, comme si la réussite n’était pas socialement construite. »
« J’ai voulu rappelé que le terme d’émancipation sociale, au départ, n’est pas lié à la question de la réussite ou de la libre entreprise de soi. Elle est liée à la désaliénation et à la question de la suppression des rapports de domination. »
« L’émancipation sociale est l’une des premières vocations de l’école publique. Il y a dans l’école publique, une vocation qui est à la fois la protection des plus humbles - d’où le caractère public -, et de tendre vers une société meilleure qui passe par la disparition des injustices. »
Sur l’abandon de l’idéal de l’école publique
« Ce livre ne réhabilite pas l’école de Jules Ferry. »
« La faute originelle dès le départ est d’avoir fabriqué un fossé très important entre un discours et une pratique d’un côté - qui était celle de l’accueil des plus démunis -, et l’absence de courage politique qui a fait qu’on a laissé subsister la possibilité de filières parallèles pour la bourgeoisie. »
« Il n’y a pas eu ce courage politique de gauche de dire que la bourgeoisie doit se plier aux mêmes règles que les enfants des catégories populaires. »
« On a laissé la bourgeoisie faire tranquillement et dans le même temps, on a traqué les enfants des catégories populaires qui n’allaient pas à l’école. Donc d’emblée il y a quelque chose qui ne va pas avec une mise sous surveillance de la pauvreté et une absence de mise sous surveillance de la bourgeoisie. »
« Il ne peut pas y avoir de service public si ça n’est pas l’ensemble des enfants qui sont sous protection de l’institution publique. »
Sur les inégalités scolaires
« Aucun homme politique ne dira qu’il est pour les inégalités scolaires. »
« Ce discours sur la résolution des inégalités scolaires, lorsqu’il est porté par la droite, gomme complètement le caractère social des inégalités scolaires (…). A aucun moment pour eux il n’est question de la redistribution des richesses. »
« On ne lutte pas contre les inégalités sociales sans redistribution des richesses. »
« Dans les pratiques, la question des inégalités est évacuée au profit de croyances neuro-béates ou de sciences cognitives dévoyées. »
Sur les impensés et trahisons de la gauche
« Il y a une responsabilité importante de deux types de gauche dans le sabotage de l’école publique : la première gauche, c’est la gauche chevènementiste, la gauche souverainiste qui arrive au début des années 80. C’est une gauche qui elle aussi à sa manière va gommer la problématique des déterminismes sociaux en essayant de les fondre dans un grand tout souverainiste-républicain-laïcard qui est censé dépasser la question des inégalités sociales. C’est une école qui à travers ses contenus d’enseignements va décréter que tout ce qui permet une réconciliation nationale est beaucoup plus important que le fait de lutter contre les inégalités sociales. »
« Beaucoup de familles bourgeoises cultivées constatent qu’il y a des dysfonctionnements majeurs dans le fonctionnement de l’école publique. Leur réponse qui pourrait être de faire en sorte de militer pour que cessent ces dysfonctionnements est plutôt de dire : sauvons nos progénitures d’abord et avant tout [inscription dans les écoles privées] et ensuite on verra ce qui se passe. »
« Il y a une généralisation d’un idéal de quête du bonheur, d’un idéal très néolibéral - y compris dans la bourgeoisie intellectuelle cultivée qui continue de se prétendre de gauche - qui participe de la construction d’un néolibéralisme désirable. »
« Fuir l’Etat pour créer de l’alternative en se disant qu’on contribue à fabriquer un projet de société différent est une décision politique lourde qui va dans le sens des néolibéraux qui détruisent l’ensemble des services publics. »
« L’une des pistes de l’école publique c’est la prise de conscience que nous sommes toutes et tous responsables des enfants qui ont le plus besoin de nous. »
Sur les logiques de compétition et de concurrence dans l’école
« Je plaide pour que cesse le financement public des écoles privées. »
« Que l’argent public, aujourd’hui, dans une telle situation de crise, continue d’aller de façon aussi massive vers les écoles privées, est un scandale politique. »
« Il faut retrouver une langue de l’école : une langue politique de la transformation sociale. Il y a une fonction performative dans le langage. »
« La puissance d’action du gouvernement par la communication est extrêmement efficace. »
« Il faut en finir avec le système de notation à l’école. C’est une proposition qui me semble fondamentale. Il faut en finir avec le culte de l’évaluation à l’école. C’est une autre proposition qui me semble fondamentale. »
« Il y a une réflexion à mener sur les établissements. Je pense à la Ville de Grenoble - qui n’est pas la seule - qui a réfléchi aux questions de genre dans la cour de récréation. »
« Il faut supprimer les logiques de domination dans les établissements scolaires. »
Sur la crise sanitaire et l’école
« La continuité pédagogique dont a parlé Jean-Michel Blanquer est un premier gros mensonge. »
« Le gouvernement et le ministère de l’Éducation nationale avaient une opportunité pour être franc et assumer l’idée que nous ne savions pas ce qui nous arrivait. »
« Il n’y a pas eu de continuité pédagogique. Personne n’était prêt. »
« Les associations, les syndicats, les collectifs ne sont pas restés les bras croisés : ils ont fait remonter plein de propositions. Ils n’ont jamais été entendus. »
Sur le projet de contre-démocratisation de Jean-Michel Blanquer
« Ma définition de la démocratisation scolaire, c’est le fait de permettre à l’ensemble des enfants d’aborder une trajectoire scolaire qui soit choisie et qui corresponde à leur désir : c’est donc une trajectoire à la fois d’émancipation individuelle et sociale. »
« La contre-démocratisation scolaire, c’est penser une école qui assigne à certains enfants en fonction de leur profil - et notamment de leur profil social - une trajectoire et une classe. »
« Avec Parcoursup, des jeunes gens n’ont pas parfois obtenu la filière dont ils peuvent rêver depuis 10 ans… Qu’est-ce que cela veut dire en termes de maltraitance ? C’est un scandale. »
« On peut remonter plus loin : pourquoi est-ce qu’à la fin de la troisième, sous prétexte qu’un élève va s’appeler Mohammed ou qu’une élève va s’appeler Fatima, on va forcément les envoyer dans un bac pro électro-technique ou un bac pro sanitaire et social, alors qu’à Kévin, alors même qu’il n’a pas foutu grand chose de l’année, on va lui donner une chance d’aller en filière générale ? »
Sur ce qu’il faudrait faire pour rattraper les retards et les inégalités accumulées entre les enfants
« Il faut mettre les moyens, beaucoup de moyens - et pas que dans les CP. »
« Il faut mettre les moyens pour celles et ceux qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire les enfants issus des quartiers populaires. »
« Il faut mettre des moyens dans la formation des enseignants : elle doit articuler une maîtrise scientifique importante des savoirs mais aussi une maîtrise pédagogique. »
« Il faut faire en sorte de redonner ses lettres de noblesse à l’idéal de l’école publique et retravailler le sens de l’intérêt général. »
Sur la place de l’école dans les débats en vue de l’élection présidentielle
« Je suis assez inquiète de la non-place de l’école dans l’année électorale à venir - et notamment à l’intérieur de la gauche. »
« La gauche a un problème avec la question de l’école. »
« La question de l’école est niaisée dans le débat public : sous prétexte qu’elle a trait à des enfants, on fait comme si c’était une question de “petits nenfants” et que ce n’est pas une question politique. »
« Il ne faut pas endoctriner les enfants politiquement : la droite le fait très bien. Mais l’école est une question politique et elle a sa place à jouer dans la réflexion sur l’émancipation et sur la transformation sociale. »
« La radicalité de gauche a tellement de rancœur vis-à-vis de l’école publique - pour des raisons que je peux comprendre - que sa seule manière d’envisager l’école, c’est la rupture avec l’école républicaine… qui est aussi une rupture avec l’école publique ! Et c’est un vrai problème : rompre avec l’école républicaine parce qu’elle a été coloniale ou qu’elle a plein de problème mais il ne faut pas la confondre avec l’idéal d’école publique. »
« La gauche commet une erreur majeure en préférant promouvoir des modèles alternatifs hors service public plutôt que de repenser une service public de l’émancipation et de la transformation sociale. »