Accueil | Entretien par Pablo Pillaud-Vivien | 22 septembre 2020

Louis Boyard : « On sait tous que les facs vont être fermées avant la fin du premier semestre »

En France, on compte près de 20% d’étudiants qui vivent sous le seuil de pauvreté. Avec la crise, ce chiffre pourrait doubler mais les étudiants préfèrent souvent abandonner leurs études. Louis Boyard, président du Mouvement des Solidarités Etudiantes, veut créer une association nationale pour lutter contre la précarité étudiante. Il est l’invité de #LaMidinale.

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UNE MIDINALE À VOIR...

 

ET À LIRE...

 Sur le mouvement des solidarités étudiantes 
« On essaie de fédérer les associations de solidarité étudiante en se fixant trois objectifs : le premier c’est la lutte contre la précarité étudiante en distribuant des denrées alimentaires, des produits vestimentaires et des produits d’hygiène. Le deuxième objectif c’est de dénoncer l’inaction de l’Etat (…). Enfin, le troisième objectif c’est de construire une association nationale de lutte contre la précarité étudiante - en gros, les resto du coeur étudiants. »
« Il y a 20% des étudiants qui vivent sous le seuil de pauvreté et il n’est pas normal qu’il n’y ait pas d’association nationale qui lutte contre ça. »
« La gauche a abandonné le milieu étudiant. »

 Sur les solidarités entre étudiants  
« Je distingue la solidarité de la charité. »
« Quand on parle de solidarité c’est des personnes qui sont dans la même situation, la même aide, et qui se disent que collectivement ils peuvent tous se tirer vers le haut. »
« L’idée c’est d’avoir une organisation collective qui permette à tout le monde la fois de réussir ses études, à la fois de répondre aux impératifs de la vie et en même temps de s’entre-aider. »

 Sur les jobs étudiants  
« Cette crise économique démontre l’absurdité du système social dans lequel se trouvent les étudiants. »
« Il n’y a plus de taf et du coup les étudiants sont en galère à la fin du mois. »
« À cause de la crise, sans moyens, les étudiants vont finir par déserter les facs. »
« On travaille sur l’idée d’un revenu étudiant. Il n’y a pas d’autonomie pendant ses études sans autonomie financière. »

 Sur l’université en temps de crise sanitaire 
« C’est pas bien organisé. C’est aux universités de gérer au cas par cas. »
« On n’a pas tous des masques. Les masques coutent cher. »
« On sait tous que les facs vont être fermées avant la fin du premier semestre. »

 Sur la hausse des inscriptions à l’université  
« Il faut beaucoup plus de places à l’université que les 30000 qui ont été annoncées par la ministre Frédérique Vidal. »
« On a besoin de 100000 places dans l’enseignement supérieur. »
« On a aucune prévision de long terme sur l’ouverture de places qu’on doit avoir pour compenser ce qui n’a pas été fait ces trente dernières années et pour prévoir les entrées qu’il va y avoir dans l’enseignement supérieur. »

 Sur Parcoursup 
« J’ai fait deux fois l’expérience de Parcoursup et ça s’est très mal passé. »
« Il y a des embouteillages énormes qui sont faits sur des critères méritocraties, qui sont des critères sociaux. »
« Parcousup c’est un tri social : un élève du lycée Henry IV aura forcément plus de chance d’accéder à l’université qu’un élève qui vient d’un lycée de quartier populaire. »
« Etudier est un droit. Parcoursup, en faisant du tri social, bafoue ce droit. »

 Sur les jeunes face au Covid-19 
« Il faut toujours un coupable. Pour une fois, ça n’est pas les musulmans. »
« Dans la jeunesse, certains font des conneries en ne portant pas le masque. Mais la plupart respecte les règles imposées. »
« Vis-à-vis de la jeunesse, pas grand chose n’a été fait. J’aimerais que madame Vidal annonce des masques gratuits pour tous les jeunes. »

 Sur Maryam Pougetoux, vice-présidente de l’UNEF 
« Cette séquence m’a révolté. Et ça m’a fait pense à ce qui s’était passé quelques jours auparavant avec Imane qui avait juste fait une vidéo pour parler de ses recettes cuisines destinées aux étudiants précaires. Parce que cette femme portait un voile, on l’a assimilé au terrorisme. Même chose avec Maryam Pougetoux, auditionnée à l’assemblée nationale, qui a été assimilée à l’islam politique. »
« Les représentants syndicaux ont le droit de porter les signes religieux qu’ils veulent. »
« Ce qui est insupportable c’est qu’on n’écoute pas les personnes concernées. Et c’est d’autant plus violent pour Maryam Pougetoux qui avait donné une interview à France 3 pour parler de Parcoursup et Charlie Hebdo avait fait une Une sur elle uniquement parce qu’elle portait un voile. Là, elle vient à l’assemblée nationale pour parler des étudiants précaires et on ne parle d’elle que parce qu’elle porte un voile. Qu’est-ce qui se passe dans ce pays ? Les femmes voilées n’ont pas le droit de parler ? »
« Il y a une ultra-discrimination des musulmans dans notre pays. »

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