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VERBATIM
Sur Sebastián Piñera
« Sebastián Piñera est un chef d’entreprise qui était sénateur dans les années 90. Avec une partie de la droite, il avait voté “non” à Pinochet. »
« Il fait partie des personnalités qui ont imposé un modèle néolibéral depuis les années 80, modèle sur lequel ils se sont enrichis. Et c’est avec ce modèle-là qu’il ne veut pas rompre. »
« La droite au pouvoir n’a que l’ordre pour fantasme. Elle ne croit pas au dialogue social. Piñera ne croit pas au dialogue social. Il invite les forces politiques à dialoguer, il exclut le Parti communiste, il exclut d’autres forces, il n’invite pas les syndicats ou les représentants des mouvements sociaux. »
Sur le contexte économique du Chili
« Au Chili, il y a une vingtaine, de familles qui contrôlent l’économie du pays - une économie basée sur le cuivre qui représente 50 à 60% du PIB. »
« Au Chili, 26,5% du PIB est détenu par 1% de la population. »
« Le Chili est un pays qui est extrêmement polarisé socialement. »
« L’éducation est privée, la santé est privée, les fonds de retraite sont sur les places boursières et les retraites sont misérables. »
Sur le contexte social
« Ce que demande le peuple chilien, c’est de remettre tout le système à plat. »
« Les Chiliens vivent à crédit. Quand vous avez 500€ par mois, qui correspond à peu près au salaire minimum, que vous devez payer l’éducation des enfants, les frais de santé, les loyers - qui atteignent le niveau des loyers européens -, vous ne pouvez plus vivre. »
« Le modèle néolibéral a voulu donner aux Chiliens des cartes de crédit pour que le peuple puisse consommer mais ça n’est plus possible. »
« Dans le même temps, vous avez aussi des cas de corruption dans les instances militaires, qui ont fait perdre jusqu’à 400 millions de dollars au fisc. »
« Il y a des vagues de corruption que le peuple chilien ne peut plus supporter. »
Sur le mouvement social
« Le peuple chilien est en train de prendre la responsabilité d’une transition inachevée il y a trente ans. »
« Avant Sebastián Piñera, il y avait un gouvernement de centre gauche, celui de Michelle Bachelet, qui a essayé d’engager des réformes structurelles. Mais à chaque fois qu’un gouvernement de gauche ou de centre gauche arrive au pouvoir, ses projets sont au Parlement sont renégociés pour ne pas qu’il y ait d’effets sur le refondement du système néolibéral qui est issu d’une Constitution elle-même issue de la dictature de Pinochet. »
Sur la répression et le déploiement de l’armée
« Je vous parle d’un pays dont le président et son gouvernement ont perdu la raison et leurs responsabilités. »
« Ils ont abandonné leurs responsabilités politiques en mettant l’armée dans la rue. »
« L’Institut national des droits de l’homme est en train d’établir des chiffres : on parle d’une vingtaine de morts. Il y a des viols commis par les forces armées. Et la question c’est : où est la communauté internationale ? »
« Jean-Yves Le Drian a déclaré hier : “nous avons des regrets”. On ne fait pas de la diplomatie avec des regrets. Il nous faut des actes. »
Sur la communauté internationale
« S’ils ne veulent pas suspendre la COP25, Paris pourrait au moins demander le retrait des forces armées dans les rues de Santiago. »
« Cette crise n’est pas surprenante. On s’y attendait et les Nations Unies aussi avec les chiffres des inégalités, les tensions qui existent. Les familles n’en peuvent plus. »
Sur les mesures sociales annoncées
« Ces mesures ne vont pas suffire. Ce mouvement social est en train de prendre la responsabilité d’une transition inachevée. »
« La majorité du mouvement demande la démission du gouvernement. Il y a du sang qui coule dans les rues du pays. »
« Il faut changer de politique et installer un nouveau cadre politique qui passe nécessairement par un changement de Constitution qui est issue de la dictature Pinochet. »
Sur l’Amérique latine et l’échec de la gauche
« Les peuples d’Amérique latine sont en train de se réveiller. »
« Il y a eu des avancées sur la réduction de la pauvreté, sur les droits sociaux, les droits politiques et civils mais il reste beaucoup à faire. »
« Les gouvernements de centre gauche sont confrontés aux pouvoirs économiques et financiers. »
« La société demande des effets et des résultats plus rapides mais ça ne remet pas en question les actions de Michelle Bachelet ou de Dilma Rousseff. »