UNE MIDINALE À VOIR...
...ET A LIRE
Sur la probable forte abstention aux scrutins régionaux et départementaux de dimanche
« Les élections régionales et départementales n’ont jamais beaucoup mobilisé. »
« Il y a une tendance à la baisse de la participation aux élections locales, notamment quand on regarde d’élections municipales en élections municipales. »
« En France, il n’y a pratiquement plus que les élections présidentielles qui mobilisent le corps électoral - autour de 80%. Toute l’attention démocratique électoral est polarisée sur ces élections. »
« Le problème principal de l’abstention, ce n’est pas la crise sanitaire. »
« Le malaise démocratique est plus profond que simplement le contexte de la crise sanitaire. »
« Cette abstention est très inquiétante car les maires ont été élus avec des taux de participation extraordinairement faibles. Et il va en être de même avec les élus départementaux et régionaux. Alors même que ce sont des élites importantes et qui vont mener des politiques publiques. »
« J’ai peur que le constat de l’abstention très importante se banalise, avec fatalité. »
« Personne ne comprend plus rien : le même jour, il y a les élections régionales et départementales. Avec de grandes régions que les électeurs ne comprennent pas. Et des binômes dans des cantons qui viennent d’être redécoupés en 2015. Tout est fait pour que les gens ne participent pas. »
Sur la faiblesse électorale de la gauche
« On est entré dans un scénario de l’effacement de la gauche. »
« On est à un étiage électoral que la gauche n’a jamais connu. »
« Dans les Hauts-de-France, cas unique en France, Karima Delli est à la tête d’une union de la gauche. Elle est donnée à moins de 20% dans une terre historiquement de gauche… Il y a unité mais il n’y a pas de dynamique. »
« Même quand il y a une dynamique unitaire, il n’y a pas forcément une dynamique électorale. »
« Sur les marchés, dans les Hauts-de-France, il y a des gens qui distribuent des tracts pour Karima Delli et, juste à côté, les mêmes qui distribuent des tracts pour des binômes différents pour les élections départementales. »
« Le débat public est dominé par les thématiques de droite et la gauche est inaudible. »
« Quand on voit que la gauche, sauf la France insoumise, va soutenir les syndicats policiers : Yannick Jadot (EELV), Fabien Roussel (PCF), Olivier Faure (PS). La gauche participe d’une confusion politique dont elle paie le prix aux élections régionales. »
« On n’a jamais vu ça aux élections régionales : on parle de sécurité qui n’est pas une compétence des conseils régionaux ! »
« La gauche n’a pas de pouvoir d’incarnation mais elle n’arrive pas à peser sur l’agenda - ce qui est un énorme problème car c’est structurel. »
« La gauche a très peu de percussions politiques : elle subit l’agenda et le tempo de la droite. Et même plus : elle entretient le manque de repères idéologiques. »
« La gauche n’arrive pas à défendre un espace politique propre et autonome. »
« Tout cela est très paradoxal avec le fait que l’opinion publique est globalement plutôt à gauche, notamment sur le partage des richesses, sur les injustices sociales, sur le rapport aux inégalités. »
« Sur la question de l’islam et de l’immigration, il y a une droitisation de la gauche. »
Sur les incarnations de la gauche
« Les élections régionales se jouent rarement sur des questions de popularité : la notoriété des personnalités RN est faible - Sébastien Chenu, personne ne le connaît dans les Hauts-de-France. »
« La notoriété, ça marche pour les élus sortants. »
« Est-ce que la gauche n’est pas en train de s’effacer au niveau national parce qu’elle a un problème de leadership ? Oui, certainement. Il y a un problème de dispositif humain. »
« Jean-Luc Mélenchon souffre d’une forme de discrédit. »
« Aujourd’hui, dans notre système hyper-présidentialisé, sans locomotive, c’est-à-dire un candidat qui incarne et porte, c’est difficile d’être percutant. »
Sur le rapport des élections régionales à la présidentielle 2022
« Ces élections régionales pour la gauche comme pour les autres partis sont parasitées par l’élection présidentielle. »
« La République En Marche n’utilise les élections régionales que pour fractionner la droite, voire la gauche aussi en Bretagne. »
« A gauche, la situation est kafkaïenne : la France insoumise fait alliance avec Matthieu Orphelin (ex-LREM) dans les Pays de Loire, avec le NPA en Nouvelle Aquitaine, union de la gauche dans les Hauts-de-France… Le PS est dans un situation très confuse… On n’y comprend rien ! »
« Les partis politiques de gauche jouent le jeu d’avoir des élus et de maintenir des appareils. »
« Il y a une pulvérisation des appareils politiques : il n’y a jamais eu de partis à gauche ! Génération.s, GRS : parfois, à gauche, il y a 10 sigles partisans sur les affiches. »
« Il y a aussi des logiques présidentielles : les élections régionales ont une vraie légitimité dans leur tradition politique pour EELV mais ils veulent jouer le leadership pour préparer leur primaire de septembre. La France insoumise quant à elle n’aime pas les élections locales et a très envie de passer à autre chose… »
« En Ile-de-France, j’espère qu’il n’y aura pas de catastrophe - c’est-à-dire que les 3 listes fassent moins de 10%. Celui ou celle qui sera en premier va s’imposer aux autres et ça ne va pas être simple à négocier. C’est une sorte de primaire à 3 listes ! »
« Ce qui pèse sur ces élections régionales, ce sont les appareils partisans complètement délétères pour la gauche. »
Sur les effets des mauvais scores de la gauche
« Les électrochocs, cela fait 20 ans qu’on les attend à gauche. »
« Il n’y a pas beaucoup d’options sur la table et il y a donc une sorte de fatalisme. »
« Qu’est-ce que ce serait des électrochocs ? Jean-Luc Mélenchon sera de toutes les façons candidat à l’élection présidentielle. Et il aura un autre candidat de gauche face à lui, commune PS-écolo… La question, c’est comment elle va être produite ? »
Les Français sont-ils de droite ?
« L’opinion publique est plus à gauche qu’on ne le croit sur beaucoup de sujets. »
« Il faut travailler les leviers de mobilisation à gauche. »
« Le projet et les idées de la gauche existent mais elle n’arrive pas à les faire entendre et à y faire croire. »
« L’idée de la gauche a été très fortement abimée par l’exercice du pouvoir. »
« On a l’impression que la parole de la gauche tourne à vide parce que, lorsqu’elle a été portée au pouvoir, elle a été trahie et désavouée. »
« On ne parle plus d’un changement écologiste de notre modèle de développement. »
« Je reste optimiste : l’aspiration que porte la gauche dans une société qui est fondamentalement injuste et inégalitaire ne va pas disparaître. »