Accueil | Entretien par Pablo Pillaud-Vivien | 9 juillet 2021

Sam Bourcier : « On assiste à la dislocation de la différence sexuelle »

Ça fait trente ans que l’Etat et la Ville de Paris promettent la création d’un centre d’archives de l’histoire LGBTQI+. Une pétition circule pour que cette promesse voit enfin le jour. Sam Bourcier, sociologue, l’un des initiateurs de cette pétition est l’invité de #LaMidinale.

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UNE MIDINALE À VOIR...

 

ET À LIRE...

 Sur les archives LGBTQIA+ 
« L’urgence de l’archive s’ancre dans le sida. »
« Un centre d’archives LGBTQI+ est un centre d’archives minoritaires qui portent sur les identités sexuelles et de genres mais pas seulement. »
« Nous sommes désactivés depuis le début du 19è siècle par la police ou les institutions psychiatriques. C’est d’ailleurs un peu le discours des archives nationales. »
« En France, on a tendance à voir les archives comme quelque chose de poussiéreux mais parmi nos archives et au-delà des livres il y a des banderoles, des cornes de brume, des robes. »
« L’usage des archives, ce n’est pas seulement les historiens ou les universitaires. »
« Les archives, c’est une pratique. »
« Nous on est à la fois sur la création d’un centre d’archives LGBTQI comme il en existe partout dans le monde et qui soit géré par la communauté et il y a aussi l’utilisation de l’archive comme pratique parce qu’il n’y a pas que la recherche (…) raison pour laquelle on fait des podcast. »
« Aujourd’hui, les gens ont des archives dans les oreilles, grâce à nos Podcast, mais on n’a toujours pas de lieux. »

 Sur les obstacles institutionnels 
« L’Etat et la mairie de Paris ont une conception de l’archive assez anti-communautaire. »
« Le premier voeu pour la création d’un centre d’archives à Paris, c’est Clémentine Autain qui l’a déposé en 2003 [lorsqu’elle était adjointe au Maire de Paris en 2003]. » 
« Il y aura un autre voeu en octobre au Conseil de Paris. »
« On veut créer un centre d’archives mais qui sera bien plus que ça : ça sera un lieu culturel avec des expositions, des résidences. »
« Il faut que les gens comprennent qu’ils peuvent faire de l’archive eux-même et pour ça, on va faire de l’auto-formation. »
« L’archive, c’est des histoires, c’est des récits qui circulent pour faire de la politique, pour se construire et pour se connaitre, pour le futur et pas simplement pour la connaissance du passé. »

 Sur l’hétérogénéité des cultures LGBTQIA+ 
« Ce qui est génial avec l’archive, c’est qu’il n’y a pas de périmètre. L’archive est performative. »
« Ce qui est important, c’est qu’on est assez articulé sur les politiques mémorielles. »
« On n’est pas sur les droits à la mémoire ou devoir de mémoire, on est sur les politiques mémorielles publiques et d’ailleurs c’est un dialogue qu’on aimerait bien avoir avec l’adjointe au patrimoine de la mairie de paris qui refuse de nous recevoir. »
« Il n’est pas sûr que les politiques mémorielles publiques doivent se réduire à mettre des plaques LGBT en ville. C’est beaucoup plus compliqué que ça. Ça doit être des politiques publiques. »
« Il faut associer mémoire et archives. »
« Il faut ajouter des lettres dans la soupe alphabétique : le R de racisé, le P de pute, le H de handicapé. »
« On est au bout des identités en matière d’affirmation. »
« On est en train d’être traités comme des populations depuis qu’on fait des enfants et qu’on se marie. »
« La population n’est pas un sujet politique. »

 Sur l’égalité des droits 
« Je ne comprends pas ce que ça veut dire ‘égalité des droits’. »
« Les droits ne marchent pas depuis qu’on dit qu’on dit que tout le monde a des droits, depuis la révolution. »
« Depuis dix ans, on a habitué LGBT à penser que l’alpha et l’oméga de la politique c’est l’égalité des droits - ce que les Q ne pensent pas. »
« Le sujet de la politique ne doit pas être corporatiste. »
« C’est des enfants gâtés les LGBT qui se plaignent en permanence. »
« Le sujet qu’on doit construire, c’est les corps. »

 Sur la notion de fierté 
« On est arrivé à un moment où il faut arrêter avec cette histoire de fierté. »
« On ne parle plus de cul, on ne parle plus de sexualités : la grande force des mouvements LGBT c’est d’inventer des trucs sexuels qui peuvent profiter à pas mal de gens. »
« Il y a beaucoup de gens qui ne savent pas s’enculer en France. »

 Sur les questions de genre 
« La défonce de la différence sexuelle est au coeur du projet Queer depuis le départ. »
« On assiste à la dislocation de la différence sexuelle, binaire, antagoniste avec sexe et genre alignés : il n’y a pas deux sexes et deux genres. »
« Le couple hétérosexualité/hétérosexualité doit disparaître. »
« Je n’ai jamais été homosexuel et je ne le serai jamais. »
« On ne peut pas se définir hétérosexuel ou homosexuel, ça ne marche pas. »

 Sur les manifestations LGBTQI+ dites radicales  
« Je n’ai pas besoin d’être radical pour faire ce que j’ai à faire. »
« Cette année, la marche radicale LGBTQI+ a accouché de quatorze pages de normes sécuritaires. »
« On a un gros problème avec les politiques de la violence. »
« On a besoin de présence dans les médias et dans l’espace public. »

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