UNE MIDINALE À VOIR...
ET À LIRE...
Sur l’état de notre démocratie
« Beaucoup de personnes critiquent une forme autoritaire de notre pays mais peu d’entre eux maîtrisent les outils et les manifestations de cette dérive autoritaire. Ce livre est un outil de réflexion à travers des exemples concrets. »
« Notre droit est en train de devenir un droit d’exception. »
Sur le conseil de défense
« Depuis plusieurs années, et ça avait débuté dès 2015 avec l’État d’urgence post attentat du 13 novembre, on s’est habitués à des législations qui ne relèvent plus du droit commun. »
« On s’est habitués à ce que ce soit le pouvoir administratif qui prenne les décisions à la place du parlement et l’expression d’une volonté collective. »
« On fait exclusivement confiance à la parole qui émane du gouvernement. »
« Il y a un caractère extrêmement vertical dans la manière dont les mesures sont prises et décidées, sans dialogue possible. Il y a aujourd’hui peu de contre-pouvoirs qui sont en capacité de contester ces décisions. »
Sur la justice politique
« On a construit un système qui donne une part extrêmement large au pouvoir exécutif. »
« Ces dernières années, il y a une incarnation de plus en plus personnelle du pouvoir. On attend presque systématiquement la figure du sauveur, du leader (…). On l’a vu à travers les différents quinquennats : c’est une dérive qui s’est accrue. »
« On est dans une impasse démocratique totale. »
« Depuis le début des années 2010, on observe une accélération dans le calendrier procédural contre des figures politiques concernées par des affaires judiciaires : on prend plus au sérieux les affaires d’anti-corruption et ça a été rendu possible notamment par le Parquet National Financier (PBF). »
« L’émergence du PNF est la conviction aujourd’hui que les hommes et les femmes politiques sont des justiciables comme les autres. »
« On l’a vu avec ce qu’il s’est passé avec monsieur Balkany ou d’autres : on a le sentiment que la justice peine parfois à être une justice qui s’applique de manière parfaitement égale. »
« Il y a aujourd’hui une forme de banalisation des mises en examen et des condamnations. »
Sur la société sécuritaire
« Il y a un effet de sidération face à la menace sanitaire : le sentiment qu’il y a un enracinement de la Covid-19 qu’on en a marre collectivement. Et parce qu’on en à marre, on pense que c’est le pouvoir exécutif qui peut nécessairement avoir les réponses. »
« Sur les aspects sécuritaires, on est presque biberonnés de façon permanente par certains médias, par des images d’insécurité qui nourrissent un sentiment d’insécurité - qui parfois est complètement fictif. Ce caractère fictif tranche avec l’importance qu’on y attache dans le débat public. Tout ça permet et favorise des législations sécuritaires qui donnent une priorité à une véritable militarisation de l’ordre public et de l’espace public. »
« Il y a un contraste saisissant entre les effectifs policiers et les 70€ qu’on consacre par citoyen à la justice. »
Sur la criminalisation du militantisme
« Il y a une question de la dépendance du procureur de la République vis-à-vis du Garde des Sceaux qui s’est peut-être jamais autant posée que ces dernières années. Ça peut avoir des avantages, on y voit surtout ses inconvénients parce que quand vous êtes le relai d’une politique pénale, vous avez une politisation de la justice. »
« La politisation de la justice se voit dans la manière dont sont conduites les enquêtes. »
« Il y a un outil judiciaire qui est utilisé contre cette mobilisation sociale. »
« Il y a des instructions qui sont données au Parquet pour faire preuve de fermeté et pour pouvoir endiguer certains mouvements sociaux. Il faut que chacun en ait bien conscience. »
« On a construit un droit d’exception qui amène une timidité des juges dans le contrôle. »
« Il y a une difficulté à pouvoir appréhender le fait militant autrement que sous un aspect pénal. »
« Il y a une hétérogénéité des décisions qui sont rendues. »
« Certains magistrats sont totalement fermés aux mobiles militants et à l’idée même d’écouter les revendications des personnes comme s’ils faisaient un cloisonnement entre ce qui relève du droit pénal et ce qui relève de la motivation des personnes que les magistrats ont devant eux. En raisonnant comme ça, ça ne peut amener qu’à un discrédit des juges et de la justice qui a aussi une fonction sociale et une fonction d’écoute. »
Sur la société du fichage
« De façon assez curieuse, il y a encore quelques dizaines d’années, le domicile était un lieu complètement inviolable. On attachait une importance au domicile parce que c’était l’endroit de la vie privée. La personnalisation de la vie privée. Une enceinte à préserver. »
« On voit qu’aujourd’hui le domicile est encore un endroit important mais la vie privée est presque une vie privée qui est essentiellement virtuelle - là où se trouvent nos données. »
« Le regard qu’on portait sur notre domicile n’est pas le même que celui qu’on porte sur notre domicile virtuel. Il y a une banalisation des atteintes et ingérences qui sont portées de la part de l’Etat ou des GAFAM, comme si on avait accepté qu’on pouvait s’introduire dans notre vie privée. »
« Il faut mesurer les dangers qu’il y a à ne plus être maître de sa vie privée. »
« On est en train de voir la manière dont se manifeste l’introduction de ces outils dans notre vie privée. Demain, qu’est-ce que ça va être ? Nos comportements vont être répertoriés et feront l’objet d’algorithmes : on va deviner les produits de consommation dont vous avez besoin - ça l’est déjà mais ça le sera davantage demain -. On va deviner vos intentions politiques et la manière dont vous votez. »
« On fait de l’individu - qui avant était un citoyen politique - juste une bête à consommer. »
« Il y a une banalisation des entraves à la vie privée et des atteintes qui lui sont portées. »
« Les moyens de la CNIL sont extrêmement limités (…). Il y a aussi une faiblesse des pouvoirs étatiques face aux structures économiques [GAFAM]. »
« Les Etats sont un peu pris en otages par cette mondialisation outrancière. »
« Il n’est pas trop tard : on est toujours en état de pouvoir limiter le pouvoir d’influence des GAFAM. »
Sur les signaux faibles
« La politique du signal faible est en train de gagner le droit commun. »
« On en est plus simplement au fait que le droit d’exception a gagné sur le droit commun. On est là aux conséquences psychologiques que ça peut entraîner collectivement. »
Sur le "numérique" comme "projet de gestion numérique"
« Il faut une prise de conscience collective. »
« Notre société tend vers une société de surveillance généralisée et Etat de plus en plus autoritaire. Mais surtout un désintérêt de la population qui est sidérant. »
« Il y a un individualisme qui devient dominant et les considérations collectives n’intéressent presque plus personne. Chacun plaide pour sa propre paroisse en protégeant son pré-carré. »
« Les droits de l’Homme ne sont pas si absolus et c’est ce caractère absolu qui est en train d’être fragilisé et de disparaître. »
« La simple candidature d’Eric Zemmour était quelque chose qui était impensable il y a quelques années et on lui offre une place médiatique qui était tout aussi impensable. C’est une responsabilité collective. »
« Il y a un lien direct entre toutes ces législations ultra sécuritaires que nous avons adoptées ces dernières années et une part grandissante des prérogatives données au pouvoir exécutif, pour se dire que ça profite à des personnalités comme celles de Zemmour. »