Mercredi 13 juin, jour du « pognon de dingue », expression désormais célèbre du président de la République pour commenter les aides sociales, Le Canard enchaîné dévoilait la note plutôt salée de l’Elysée pour 1.200 pièces de vaisselle commandées à la manufacture de Sèvres : 500.000 euros.
Une information « imprécise », avait alors commenté l’Elysée, évoquant la modique somme de 50.000 euros. « 900 assiettes de présentation et 300 assiettes à pain », précisait de son côté le JDD, le 10 mai dernier. Le chiffre de 240.000 euros est également cité. Précisons que ce n’est pas l’Elysée qui paiera directement l’addition, mais qu’elle sera « répartie entre l’établissement public de la Manufacture de Sèvres et le ministère de la Culture », comme l’écrivait le JDD.
Si l’on ne connaît pas le montant exact, l’affaire fait grand bruit. D’autant qu’elle détonne comparée à la politique menée par Emmanuel Macron vis-à-vis des plus démunis.
Voilà pourquoi, ce mardi 19 juin, lors de questions au gouvernement, François Ruffin a interpellé l’exécutif. Le député LFI raconte, non sans ironie :
« Je m’en félicite, même si j’ignore pour ma part à quoi ressemble des assiettes à pain et des assiettes de présentation. Ce ne sont pas, à coups sûrs, de vulgaires écuelles. Il en coûterait en effet plus de 500.000 euros. […] Ça n’est rien un demi-million d’euros pourvu que nos majestés se restaurent en toute dignité. […] Pour que les Français comprennent ce principe Macron-économique : quand on donne aux pauvres, c’est du gâchis, quand on donne aux riches, c’est de l’investissement. […] Alors ma question : quelles nouvelles mesures comptez-vous prendre pour que tous nos amis fortunés puissent changer leur faïencerie ? »
Remplacement de la vaisselle de l'Elysée : "Quelles nouvelles mesures comptez-vous prendre pour que tous nos amis fortunés puissent changer leur faïencerie ?", ironise @Francois_Ruffin.#DirectAN #QAG pic.twitter.com/9Sk2liwdIv
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La question a beau avoir été posée au Premier ministre Edouard Philippe, c’est Benjamin Griveaux qui y répond. Avec un ton des plus méprisants, le porte-parole du gouvernement lance :
« Je ne suis pas certain d’avoir saisi le sens profond de votre question. Mais décidément, vous avez du mal à ne pas faire, ici, votre cinéma. [Il est applaudi, NDLR] Vous évoquez dans votre question un savoir-faire auquel je le sais, chacun sur ces bancs est profondément attaché : celui des artisans de la manufacture de Sèvres, qui font la réputation des tables françaises […] Le président de la République procède à une commande publique qui permet de recevoir à la hauteur des personnalités qui défilent à l’Elysée […] Une commande a été faite pour changer le service dans sa totalité, cela n’avait pas été fait depuis le président René Coty. »
.@BGriveaux justifie le renouvellement de la vaisselle de l'Élysée : "Une commande a été faite pour la changer dans sa totalité, cela n'avait pas été fait depuis le président René Coty."#directAN #QAG pic.twitter.com/aoXOReeWXi
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À noter que Jacques Chirac avait lui aussi eu droit à son service complet en son temps. Sauf erreur de notre part, il a été locataire de l’Elysée après René Coty.
« C’est insupportable ! », peut-on lire sur les lèvres d’Eric Coquerel. Le couple présidentiel pour donc festoyer dans des assiettes à « 400 euros pièces les plus simples et à partir de 500 euros pour les modèles contemporains », écrit l’hebdomadaire satirique. Pendant ce temps, « ceux qui tombent pauvres, ils restent pauvres ».
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