« Nous vous informons que nous sommes amenés à envisager à votre égard une éventuelle sanction disciplinaire pouvant aller jusqu’au licenciement. » Voilà le courrier reçu cette semaine par les grévistes de Smovengo, la société qui a succédé à Cyclocity, filiale de JCDecaux pour gérer Vélib’2. On leur promettait un médiateur, on leur fait entrevoir la porte. Quelle violence. Si Vélib’2 est une galère pour les usagers, c’est pire qu’un calvaire pour les salariés. Je suis allée les soutenir dès le début de leur grève.
Les absences au travail des grévistes seraient injustifiées pour l’employeur ! Quel cynisme. Leur grève a débuté mi-avril. Leurs motifs ? Ils sont trois fois moins nombreux que sous l’ancien gestionnaire pour un périmètre plus vaste. Ils se retrouvent à travailler de nuit avec seulement 10% de majorations salariales et zéro sur les dimanches et jours fériés travaillés… À l’issue des premières réunions de négociations, l’employeur n’a proposé que 27 centimes d’augmentation du panier repas quotidien de 5,73€ quand celui-ci était à 12€ sous JCDecaux !
C’est précisément grâce à un dumping social que la start-up de Montpellier a remporté le marché. Le prix comptait pour 40% dans le choix final ! Le moins disant social, la règle au coeur de toute mise en concurrence ! Et cet atterrissage était préparé : c’est Nicolas Mercat, le frère du patron et porte parole de la PME Smoove qui dépend de Smovengo qui a été chargé de participer à la rédaction de l’appel d’offre... Pas joli-joli tout ça !
En attendant, c’est mission impossible pour décrocher un vélib. Et ne cherchez pas un vélo à assistance électrique, Smovengo abandonne déjà son engagement d’en mettre 30% à disposition. Bon mais quand même, vous vous dites qu’au moins la ville va récupérer plein de sous des pénalités pour dysfonctionnement ? Elles seraient de 4 à 15 millions d’euros sur un trimestre. Et bien même pas ! Smovengo laisse entendre qu’elle ne payera pas les pénalités.
Parce que Smovengo serait une toute petite petite start-up sans fonds propres suffisants ? Oui et non… C’est en réalité un consortium composé de la PME de Montpellier Smoove et de grands groupes : Indigo ex Vinci Park, Mobivia qui dépend du géant Mulliez, et de Moventia. C’était la super garantie financière qui rassurait les élu-e-s du syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole au moment du choix du marché.
Sauf que dans ce monde là, on sait jouer les rapaces, on ne sait même faire que ça. Le contenu du contrat, selon le journal l’Opinion, stipulerait que seule la PME Smoove serait signataire et non les grosses entreprises du consortium Smovengo qui ne seraient pas solidaires ! Résultat, ces pénalités provoqueraient la faillite de l’entreprise Smoove et la ville se retrouverait sans vélib...
Mais la ville prétend que le contrat a bien été signé avec l’ensemble du consortium. Comment être sûre de cela ? Et bien en ayant accès au contrat, pardi ! Mais pour l’instant il n’est pas adressé aux conseillers de Paris malgré des demandes insistantes en séance auprès de l’adjoint EELV M. Christophe Najdovski. J’ai donc écrit ma jolie lettre à la Présidente de Autolib’ Vélib’ Métropole, la maire PS du 12e, Mme Catherine Baratti-Elbaz. Je ferai les recours auprès de la commission d’accès aux documents administratifs si nécessaire....
En attendant, les grévistes angoissent : seront-ils licenciés pour fait de grève ?! L’entreprise semble prête à tout. Après le premier mois de grève, elle avait déjà assigné les grévistes au tribunal en guise de “dialogue social”. Le tribunal avait estimé alors que Vélib’ étant un service public, il aurait fallu 5 jours de préavis avant de se mettre en grève. Il avait également rappelé que le respect du droit de grève interdisait à l’employeur d’avoir recours à des intérimaires pour remplacer les grévistes comme cela s’était produit, rappelant l’entreprise à ses obligations, mais n’avait pas considéré la grève comme illégale. Elle s’est donc poursuivie et se poursuit...
Si Vélib’ avait été géré par une régie directe, on n’en serait pas là, à ce fiasco total mêlant incompétence, mépris social, malhonnêteté et opacité. Alors, on attend quoi ? Il est plus que temps de rompre unilatéralement le contrat et de leur faire payer plein pot de fortes pénalités pour toutes leurs fautes ! Et après ? Municipalisons !
Il faut dégager les macronistes de gauche de la mairie de Paris aux prochaines municipales !
Répondre